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La feuille de route de Saâd Eddine El Othmani ne convainc pas les syndicats

Le programme gouvernemental de Saâd Eddine El Othmani est loin de convaincre les syndicats, représentés à la Chambre des conseillers. Pour ces derniers, le programme gouvernemental est une grande déception. Les conseillers de l’Union marocaine du travail (UMT) et ceux de la Confédération démocratique du travail (CDT) n’y sont pas allés par quatre chemins, mardi dernier à la Chambre des conseillers, pour pointer ce qui, à leur sens, constitue les faiblesses de la feuille de route de M. El Othmani.

La feuille de route de Saâd Eddine El Othmani ne convainc pas les syndicats
La poursuite de la réforme de la Caisse de compensation figure également parmi les points qui déplaisent aux syndicats. Ph. Archives

Selon l’UMT, «le programme gouvernemental s’apparente plus à une déclaration d’intentions et à un recueil d’idées, au lieu de comporter des engagements clairs et réalisables». L’UMT et la CDT ont déploré l’absence d’une vision stratégique et globale autour des dossiers prioritaires pour le pays et les citoyens, notamment la classe ouvrière. De leur point de vue, le programme gouvernemental s’inscrit dans la continuité du gouvernement précédent et n’apporte rien de nouveau. L’actuel gouvernement a fait du neuf avec du vieux, soulignent de leur côté les députés du Parti authenticité et modernité (PAM).

Ainsi, les syndicats n’ont pas manqué d’afficher leur mécontentement des mesures prévues dans le programme du gouvernement. L’UMT a décoché ses flèches contre les mesures relatives aux finances publiques. «Le gouvernement, à travers son programme, s’est montré incapable de présenter un modèle économique de développement de nature à libérer les finances publiques de l’endettement», précisent les conseillers de l’UMT. L’absence de mesures de renforcement de la justice fiscale a été également soulevée par la centrale syndicale. Elle a mis l’accent sur l’impôt sur le revenu, qui, selon elle, «devient insupportable pour la classe ouvrière et l’ensemble des salariés». Et d’ajouter que les mesures contenues dans le programme gouvernemental continueront à toucher, négativement, la classe moyenne et ouvrière, qui sont de véritables moteurs de création de richesse. L’UMT a également remis en cause le taux de croissance de 4,5 à 5,5% envisagé par le gouvernement. Ce taux, jugé faible, se heurte, d’une part, à la volonté du Royaume d’intégrer le cercle des pays émergents. Il est, d’autre part, insuffisant pour répondre aux demandeurs d’emploi dont le nombre se situe entre 350 et 400.000 annuellement. Dans la même lignée, l’UMT a fortement critiqué l’absence d’une prévision chiffrée des postes d’emploi à créer.

La faiblesse de la dimension sociale est également montrée de doigt. Les représentants des syndicats sont unanimes à souligner l’absence de mesures sociales concrètes dans le programme de M. El Othmani. «Le gouvernement n’a rien apporté de nouveau en ce qui concerne le renforcement du respect des lois sociales», ont-ils indiqué. L’UMT a également déploré l’absence d’une stratégie visant la couverture sociale et médicale en faveur des personnes opérant dans le secteur informel. Selon les estimations de l’UMT, il s’agit de 10 millions de personnes. La poursuite de la réforme de la Caisse de compensation, prévue dans le programme gouvernemental, figure également parmi les points qui déplaisent aux syndicats, compte tenu de son impact sur le pouvoir d’achat de la classe ouvrière.

Toujours sur le chapitre social, la CDT, tout comme l'UMT d'ailleurs, s’est dite inquiète de l’engagement du gouvernement afférent à la révision du Code du travail. Pour ces syndicats, «la révision du Code du travail portera atteinte aux droits et acquis de la classe ouvrière et témoigne de la volonté du gouvernement de satisfaire le patronat». De l’avis du représentant de l’UMT, «la flexibilité du travail, une fois instituée, permettra aux employeurs de faire comme bon leur semble, notamment en matière de licenciement, de diminution des heures de travail et de recours aux entreprises sous-traitantes». Parmi les critiques les plus virulentes, on trouve celles concernant l’absence de mesures relatives au dialogue social, aux travailleurs domestiques et à la réforme des retraites. L’UMT a également déploré le fait que M. El Othmani veuille faire adopter la loi organique sur la grève en dehors de tout dialogue et l’appelle à retirer le texte du Parlement pour le discuter dans la cadre du dialogue social. S’agissant du volet politique, les intervenants ont soulevé la période d'attentisme qu’a connue le Maroc à cause du retard pris dans la formation du gouvernement.

Abdelaziz Benazzouz, chef de groupe du PAM à la Chambre des conseillers et membre de l’Organisation démocratique du travail (ODT), n’a pas fait dans la dentelle. Il a interpellé Saâd Eddine El Othmani sur plusieurs points, notamment le coût financier du blocage, la coalition gouvernementale, la répartition des portefeuilles ministériels et la préparation du programme gouvernementale, menée en une semaine, alors qu’il a fallu six mois pour former le gouvernement, selon lui. M. Benazzouz a également pointé du doigt la position de l’actuel exécutif sur le dossier de la réforme de la compensation. «La vision du gouvernement est ambigüe sur cette question, surtout après les déclarations contradictoires du ministre de l’Intérieur et de celui en charge des Affaires générales, au lendemain de la présentation du programme», a-t-il dit. Pour lui, le volet social du programme gouvernemental est loin d’être réel. En tout cas, le chef du groupe du PAM considère ce programme comme un simple cahier revendicatif.

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