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Le bonheur des Marocains à la loupe

Avec l’augmentation des risques liés au stress et au burn-out, les entreprises marocaines ne pourront plus faire autrement que garantir le bien-être physique, psychologique et social des salariés. Qu’entend-on par bonheur au travail ? Quelles sont les sources de satisfaction et d’insatisfaction des salariés ? Quels sont les facteurs qui influent sur le bien-être ?... La première Enquête nationale initiée par l’OMB et réalisée par le cabinet Opinionway fait le tour de la question.

Le bonheur des Marocains à la loupe

Promouvoir la satisfaction individuelle et collective, le bien-être, la qualité de vie des salariés, en un mot le bonheur au travail, est devenu un élément central pour la pérennité des organisations. Au Maroc, comme à l’international, les enquêtes traitant de cette thématique se sont multipliées au cours des dernières années. La dernière en date est l’Étude nationale sur le bien-être au travail initiée par l’Observatoire marocain du bonheur (OMB) et dont les résultats ont été rendus publics la semaine dernière. Le but affiché est «d'apporter des réponses claires aux questions suivantes : comment les Marocains imaginent-ils le bonheur au travail ? Quelles sont les sources de satisfaction et d’insatisfaction ? Quels sont les facteurs qui influent sur le bien-être ?» Des réponses qui peuvent servir de base et même aider les différentes parties prenantes à identifier les zones d’ombre dans la définition du concept du bonheur.

En clair, l’idée est de sensibiliser les étudiants, les professionnels, mais aussi les décideurs aux pistes à explorer pour développer une culture de bien-être et d’engagement professionnel. Mais, avant de se lancer dans l’analyse des résultats (voir encadré), il est pertinent de se demander si la quête du bonheur constitue une fin universelle ou si cette notion varie selon les cultures. Pour Fatima Zahra Bensalah, présidente de l’Observatoire marocain du bonheur, «la volonté d’être heureux est universelle, mais chaque personne définit le bonheur en fonction d’un certain nombre d’éléments qui lui sont propres comme la culture, les traditions, l’activité professionnelle… la religion et les croyances».

C'est en tout cas ce qu'affirme Philippe Laurent, coach et spécialiste du bonheur au travail cité par l’experte. «Selon lui, la nouvelle génération a modifié – en bien – les rapports hiérarchiques au sein de l’entreprise». Pour appuyer ses propos, Mme Bensalah a donné l’exemple de l’Enquête nationale sur les sources du bonheur des Marocains menée par Atlanta Assurances en 2015. «Les Marocains avec une même identité et une même culture ont des sources de bonheur différentes. Ceci étant, de grandes tendances ressortent pour identifier les sources du bonheur et les facteurs qui y participent chez les Marocains», indique-t-elle. C’est en quelque sorte l’idée qui se dégage de l’enquête de l’OMB. «La tranquillité d’esprit “Rahat Albal” est le premier facteur qui détermine le bonheur chez les Marocains. Selon les résultats de l’enquête, 36% des personnes interrogées y accordent une importance capitale. Viennent ensuite la stabilité (15%) et l’argent (14%). D’autres éléments ont été également cités, mais dans une moindre mesure, comme le travail (7%) et le mariage (6%)», confie Bensalah. Ces résultats démontrent, poursuit-elle, que le bonheur chez les Marocains, comme dans toutes les définitions universelles, reste fortement lié à la quête de soi-même. Beaucoup d’ailleurs l’ont bien compris : Pour atteindre le bonheur, il est important d’être à l’écoute de soi-même, de s’interroger sur : «Qu’est-ce qui peut vraiment me rendre heureux ? Suis-je satisfait de mon travail ? Est-ce que mon travail me motive ?...»

Les réponses à ces questions auront sans doute un impact positif sur la santé mentale et l'engagement du personnel. Selon le directeur du Pôle stratégie, organisation et capital humain à Promamec, Mohamed Benouarrek, «faire des tâches non désirées ou inadéquates ne mène certainement pas sur la voie du sens au travail et de l’enchantement». Positionner les collaborateurs au sein de la galaxie de l’entreprise est un must pour les aider à donner du sens à leur travail et à donner le meilleur d'eux-mêmes, recommande-t-il.

Outre la quête de sens, d’autres facteurs sont identifiés par Bachir Ainad, DG cabinet Opinionway, lors de sa présentation de l’étude.
Il s’agit de la maîtrise des tâches, l’équilibre entre privée et vie professionnelle, la rémunération et les gratifications, le niveau d’autonomie et de responsabilité, l’ouverture sur l’extérieur, la sécurité et la salubrité de l’environnement de travail, le support de la hiérarchie et l’entraide des pairs, la transparence et la pérennité organisationnelle, possibilité d’avancement et l’expression de son potentiel créatif, la moindre difficulté physique des tâches à accomplir et enfin l’ambiance de travail.Interrogé sur la perception du bonheur chez la nouvelle génération, M. Ainad souligne qu’«a priori les membres de “Geny” sont surreprésentés dans le segment des désengagés. Ils démontrent le plus faible niveau d’engagement dans le travail et envers l’employeur».
Ils affichent aussi, ajoute l’expert, une propension à changer d’emploi significativement plus élevée que la moyenne de l’échantillon. «À la recherche de gratification immédiate, ils font preuve d’impatience, sont en quête de sens et ont du mal à accepter l’autorité et les règles établies.
Ils aspirent à exprimer leur potentiel créatif dans leur travail en évitant les aspects routiniers qui y sont reliés», informe-t-il.

Force est de constater que le style de management est une des clés pour promouvoir la qualité de vie au travail. Aujourd'hui, de plus en plus d'entreprises font appel à des «happiness managers» les managers de bonheur. «Il s’agit d’un nouveau type de poste qui est en train de se développer… C’est un super agent d’ambiance en quelque sorte, censé prévenir les burn-out et coups de blues et entretenir l’esprit d’équipe», fait savoir Leïla Naïm, coach consultante senior et responsable du master RH à ESCA École de Management. Il doit être en mesure, ajoute la chercheuse en communication et comportement, d’apporter des réponses aux besoins des collaborateurs, surtout ceux de la génération Y (1980-1999) (voir notre édition du 18 mai 2017). 


Entretien avec Fatima Zahra Bensalah, présidente de l’OMB

«Le bonheur chez les Marocains reste fortement lié à la quête de soi»

Éco-Emploi : Quelles sont les spécificités marocaines de la perception
du bonheur ?
Fatima Zahra Bensalah : La tranquillité d’esprit «Rahat Albal» est le premier facteur qui détermine le bonheur chez les Marocains. Selon les résultats de l’enquête, 36% des personnes interrogées y accordent une importance capitale. Viennent ensuite la stabilité (15%) et l’argent (14%). D’autres éléments ont été également cités, mais dans une moindre importance comme le travail (7%) et le
mariage (6%).
La majorité des termes utilisés décrivent des facteurs de bonheur dont la finalité ne concerne que soi-même, sans qu’il n’y ait forcément un partage du moment avec une tierce personne : «Bonne santé», «Stabilité», «Tranquillité d’esprit»… Ces résultats démontrent que le bonheur chez les Marocains, comme dans toutes les définitions universelles, reste fortement lié à la quête de soi.
Pour ce qui est des principales sources du bonheur, 96% des personnes interrogées avaient déclaré que la santé est la condition sine qua non pour être heureux. La religion occupe la deuxième position chez 80% des interviewés et la famille la troisième pour 70%.

Faire appel au coaching aiderait, selon vous, à diminuer l’effet du stress au travail et à atteindre le bonheur ?
Aujourd’hui, les spécialistes convergent sur le fait que la psychologie positive propose des interventions pertinentes à la pratique du coaching. Elle offre aux coaches des outils techniques et stratégiques utiles dans le processus d’accompagnement.
Le coaching permet des changements rapides et simples avec des objectifs précis et à court terme.
Donc, oui le coaching pourrait aider à améliorer le niveau du bien-être de manière générale comme, bien évidemment, au travail.
D’ailleurs, les entreprises marocaines en sont conscientes et ont commencé, depuis quelques années déjà, à faire appel à des coaches spécialisés pour travailler sur le développement personnel de leurs ressources humaines.

Quelle analyse faites-vous des résultats de l’enquête ?
Globalement, l’enquête a révélé que 60% des interviewés ressentent un certain niveau de bien-être au travail. Avec ce pourcentage, le taux de bien-être au travail au Maroc se rapproche de celui des pays du bassin méditerranéen et, pour l’anecdote, se positionne de loin
devant le Japon.

Quel impact ces résultats peuvent-ils avoir sur la réflexion économique ?
Aujourd’hui, nous sommes à peine dans le stade de lecture des résultats. L’analyse approfondie des données fera partie d’une deuxième phase.
Il s’agit d’une réflexion globale qui nécessite l’implication de spécialistes tels que des psychologues, des sociologues, des anthropologues et des économistes. Et c’est à l’issue de cette étape que les scientifiques pourraient sortir avec des recommandations. 

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