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Le crédit bancaire se tasse, les taux montent

Le coût du crédit se renchérit et le rythme de financement bancaire ralentit. Rien d’inquiétant, toutefois, selon la Banque centrale. La remontée relative des taux est plutôt la bienvenue pour prévenir l’avilissement des conditions d’octroi des crédits et le ralentissement des prêts n’est que provisoire. La reprise sera au rendez-vous dès les prochains mois.

Le crédit bancaire se tasse, les taux montent
Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al-Maghrib, veut éviter ce qu’il qualifie d’«avilissement des conditions d’octroi des crédits».

Les taux d’intérêt se renchérissent et les crédits bancaires marquent partiellement le pas. C’est la situation qui a prévalu au premier trimestre de l’année, mais qui est loin d’inquiéter l’autorité monétaire.
La hausse du coût de l’argent est plutôt bienvenue aux yeux de la Banque centrale qui craint le risque de taux, suite à la nette baisse des taux débiteurs ces dernières années. D’ailleurs, Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al-Maghrib (BAM), préfère parler d’«ajustement à la hausse» et a même évoqué, lors du point de presse faisant suite à la réunion trimestrielle du conseil de BAM, le 20 juin, une «concurrence invraisemblable» notamment dans le crédit à l’habitat à 20 ans ou plus. Le gouverneur de la banque centrale veut éviter ce qu’il qualifie d’«avilissement des conditions d’octroi des crédits».

Le taux débiteur global est, en effet, passé de 6,03% au troisième trimestre 2014, qui a connu la première réduction du taux directeur, à 5,17% au quatrième trimestre 2016 avant de remonter à 5,48% au premier trimestre 2017, soit une hausse trimestrielle de 31 points de base (pdb). En 2016, la baisse a atteint 46 pdb.
Cette évolution reflète un accroissement de 35 points de base des taux appliqués aux prêts à l’équipement à 4,78% en moyenne, de 25 pdb pour les facilités de trésorerie à 5,49% et de 20 pdb pour les prêts immobiliers à 5,35%. Les crédits à la consommation sont facturés à 6,71%, soit 7 pdb de plus comparé au dernier trimestre 2016.

La sérénité affichée par Abdellatif Jouahri face à l’évolution des taux et des crédits au premier trimestre de l’année en cours est due aussi à l’image que lui renvoient les prévisions de la banque. En effet, si la croissance du crédit bancaire au secteur non financier a ralenti à 3% à fin mars, après 3,7% à fin décembre, elle est montée à 3,2% à fin avril et afficherait 4,5% pour toute l’année 2017 et 5% à fin 2018, selon les prévisions de BAM.

S’agissant de l’actuelle décélération, elle traduit un ralentissement de 3,9% à 2,2% du taux d’accroissement des prêts aux entreprises et de 5,3 à 3,8% de celui des concours aux particuliers, selon BAM. Par contre, les crédits aux entrepreneurs individuels ont affiché une hausse de 5% après un recul de 4,1% le trimestre précédent.
Ce ralentissement global qui arrive dans un contexte où les critères d’offre du crédit restent globalement inchangés est attribuable à une demande en stagnation, explique BAM.

Dans le détail, l’évolution du crédit renvoie à une décélération de 2 à 0,9% des concours alloués aux sociétés non financières privées avec une accentuation de la baisse de 0,2 à 4,7% des facilités de trésorerie. Par contre, les prêts à l’équipement se sont améliorés de 2,3% contre 1,8% un trimestre plus tôt et les crédits destinés à la promotion immobilière ont augmenté de 5,7%, «marquant ainsi une rupture de la tendance baissière entamée depuis le deuxième trimestre 2014», note BAM.

Les chiffres de la banque centrale font aussi état d’une nette décélération des crédits accordés aux entreprises publiques qui ont ralenti de 20,5 à 12,6% en liaison notamment avec le tassement de 15,3 à 8,2% des prêts à l’équipement. Par secteur d’activité, les financements destinés à la branche commerce ont décéléré de 9,4 à 2,1% et ceux alloués aux industries extractives et à la branche électricité, gaz et eau ont marqué des baisses respectives de 8,3 et de 1,2% après des hausses de 1,1 et de 2,1%. Concernant les concours destinés au BTP, leur rythme est revenu de 3,7 à 2,4% et ceux destinés aux industries manufacturières ont reculé de 2,2%, contre -1,5% un trimestre auparavant.

En ce qui concerne les prêts aux particuliers, leur hausse est revenue de 5,3 à 3,8%, traduisant le ralentissement aussi bien des crédits à l’habitat de 5,4 à 4,6% que ceux à la consommation de 5,6 à 4,6%.

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