«En ville, nous ne voulons pas des camions qui sont mal vus, car considérés comme nuisibles à la qualité de vie. Mais, en même temps, nous exigeons d’être livrés à temps pour pouvoir consommer.» Ces propos de Younes Tazi, directeur général de l'Agence marocaine de développement de la logistique, illustrent bien la problématique du dernier kilomètre, sujet des «Tangier Logistics Days» le 9 mars au Port de Tanger Med. Cette situation est appelée à se poser avec davantage d’acuité avec l’essor que connaît le e-commerce dont le chiffre d’affaires est, selon Fouad Brini, président du Conseil de surveillance de l'Agence spéciale Tanger-Méditerranée, de 1.600 milliards de dollars et connait une croissance entre 15 et 25% annuellement.
Avant que le commerce en ligne ne prenne de l'importance, les grandes métropoles avaient fait sortir la logistique des villes, car jugée encombrante. Mais le e-commerce, qui exige que le client soit livré à domicile, a changé la donne. Face à cette croissance exponentielle, Raimund Paetzman, ancien directeur immobilier des opérations chez le géant Amazon, s’est montré persuadé que les drones prendront le relai «bien avant qu'on le pense». Mais avant d’en arriver aux livreurs automatisés, l'Agence marocaine de développement de la logistique a établi un diagnostic notamment à Casablanca et à Tanger.
«Le dernier kilomètre est primordial quelle que soit la filière. À Casablanca, un camion passe en moyenne une heure et demie, en une journée, à chercher une place de stationnement. Dans 90% des cas le stationnement se fait dans un endroit interdit», a indiqué Younes Tazi.
Selon ce dernier, les surcoûts générés par cette perte de temps et la nuisance à la qualité de l’environnement urbain prennent toute leur importance quand on sait qu’au Maroc il y a deux millions de livraisons par camion chaque année. De plus, 95% des capacités de stockage se trouvent dans les villes, ce qui engendre «une grosse logistique en milieu urbain». Younes Tazi, qui regrette l’absence de camions optimisés, a fait savoir qu’un programme national est en cours de réalisation pour instaurer un contrat routier en milieu urbain et qu’un guide national de la logistique en ville sera bientôt disponible. «Toute logistique professionnelle est par essence écologique», a-t-il conclu.