En Tunisie, les observateurs locaux ne manquent pas de souligner la coïncidence des mouvements de protestations sociales avec l'anniversaire de la révolution du 14 janvier 2011, qui avait éveillé les aspirations à «la dignité», à la «justice sociale» et au développement local. À en croire certains commentateurs, les autorités tunisiennes s'attendaient à la résurgence de la contestation sociale en cette période, des ministres ayant confié que le Chef de gouvernement Youssef Chahed «se préparait déjà à absorber la colère à coups de mesures et de visites sur le terrain». En effet, M. Youssef entreprend, actuellement, une visite dans le gouvernorat de Jendouba, secoué en début du mois par des émeutes nocturnes et d'affrontements avec les forces de l'ordre.
À partir de cette région très proche de l'Algérie, il a reconnu «la légitimité» des revendications de développement des populations de Ben Guerdane, dans l'extrême-sud du pays à la frontière libyenne, en proie à des manifestations parfois violentes. Les populations de Ben Guerdane, dont l'écrasante majorité vit de la contrebande, demandent le rétablissement des échanges commerciaux avec la Libye au niveau du poste frontalier de Ras Jedir, qui constituait la mère nourricière de l'activité économique dans la région. Dans le centre du pays, Meknassi, une localité proche de Sidi Bouzid est paralysée par une grève générale, menée par la section locale de l'Union générale tunisienne du travail. Le 4 janvier dernier, de violentes émeutes étaient venues déstabiliser la ville de Kasserine, non loin de la frontière algérienne.