Menu
Search
Samedi 20 Avril 2024
S'abonner
close
Samedi 20 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Salon international de l'agriculture de Meknès

Le grand déraillement de l'ONCF

Multiplicité des référentiels régissant le rail, retard dans la généralisation de la gestion informatisée, parc de matériel roulant ancien et hétérogène, processus de maintenance et d’entretien inefficace, dysfonctionnements dans le dispositif d’achat du matériel… Les magistrats de la Cour des comptes ont mis à nu le processus d’exploitation et de gestion du rail au Maroc, qui transporte annuellement plus de 40 millions de personnes.

Le grand déraillement de l'ONCF
Au moment de l’achat, l’ONCF ne procède pas lors de la sélection des offres à une évaluation du coût complet de possession des matériels, incluant le prix immédiat d’acquisition et les coûts prévisionnels de maintenance.

Véritable coup de massue ! La Cour des comptes a lourdement chargé l’Office national des chemins de fer (ONCF) sur la gestion et l’exploitation de son infrastructure ferroviaire. Multiplicité des référentiels régissant l’infrastructure, non-généralisation de la gestion informatisée, planification encore manuelle de la maintenance et insuffisance de la traçabilité des contrôles de proximité… autant de dysfonctionnements qui entachent la gestion du rail. «L’Office a procédé depuis avril 2013 à la refonte de Data infra mise en place en 2008. À fin avril 2015, la nouvelle solution “Infrasys” développée par un prestataire externe n’est pas encore déployée, sachant que l’ancienne application n’est pas non plus alimentée», dénonce la juridiction financière du Royaume dans son rapport annuel 2015 (www.lematin.ma).

Côté maintenance des linéaires, l’Office dirigé par Rabie khlie cumule les tares. Concrètement, les magistrats de la Cour révèlent que la qualité et l’efficacité des travaux exécutés ne peuvent être vérifiées que par des contrôles techniques réguliers. Or la traçabilité des contrôles de proximité devant être effectués par les structures régionales reste insuffisante puisque, de 2010 à 2014, 86 rapports de contrôle ont été communiqués à la Cour des comptes et ne concernent que les districts voie et ligne caténaire-sous-stations. Autre révélation et pas des moindres : la faible utilisation de certains engins de maintenance. En effet, l’analyse de la production du parc montre que le rendement de certains engins demeure médiocre comparativement au matériel de la même catégorie. Et pour cause ! le vieillissement de ces engins. C’est le cas notamment des bourreuses et régaleuses.
Le rapport fait également état d'une prise en charge tardive de la maintenance des ouvrages d’art. En fait, l’Office a confié en 2010 au Laboratoire public des expérimentations et des essais (LPEE) une mission de vérification exhaustive et d’évaluation détaillée de la qualité de l’ensemble des 478 ponts de portée supérieure à 5 mètres. Résultats des courses : l’état de pas moins de 11 ouvrages a été qualifié d’alarmant par le laboratoire, et ce, depuis le 3 juin 2011. Apparemment, il n’y avait pas le feu ! L’Office a, en effet, attendu jusqu’à fin mars 2015 pour définir les actions à entreprendre pour restaurer ces ouvrages.

Il semblerait, par ailleurs, que le confort du rail ne préoccupe pas outre mesure l’ONCF. Selon la Cour, le linéaire nécessitant une amélioration a nettement augmenté. Depuis 2010, l’Office a confié à un prestataire externe l'évaluation du confort offert par l’infrastructure. Bien que 80% du linéaire objet de mesures vibratoires aient été jugés en 2014 plutôt confortables, voire très confortables, ce prestataire a recommandé que des actions soient entreprises sur certains tronçons afin d’en améliorer le confort vibratoire. Aussi, la part des tronçons à améliorer dans le trajet effectué a augmenté entre 2012 et 2014 passant ainsi de 17 à 26%. De même, le linéaire des tronçons inconfortables a connu un accroissement de 34% en 2012 à 36% en 2014. Le spécialiste du rail a beau justifier les retards de ses trains, la Cour des comptes juge la situation anormale. Selon la juridiction financière, le nombre d’incidents sur voie a enregistré un pic en 2011 avec 102 incidents dus à une forte augmentation des ruptures de soudures et cassure de rail (plus de 150%). Ces derniers ont légèrement augmenté de 2013 à 2014 et ont baissé à 58 en 2015. Conséquence : un impact important sur la régularité des trains. En effet, la moyenne annuelle des retards enregistrés sur la période 2010-2015 est de 19.646 minutes pour les trains voyageurs contre 6.457 pour les trains fret. Et ce n’est pas tout.

Le rapport de la Cour a révélé un dysfonctionnement notoire dans la gestion des matières utilisées dans la maintenance des voies ferrées. Les prévisions ne sont pas suffisamment maitrisées. Exemple, 47% des articles consommés n’ont pas été prévus en 2012. Un taux qui est monté à 52% en 2014. Ces turbulences en termes de prévisions génèrent des contraintes d’ordre budgétaires pour couvrir des dépenses non prévues et posent surtout des problèmes dans la préparation à l’avance des commandes afin de satisfaire les besoins des
entités en matières dans de bonnes conditions. 

Lisez nos e-Papers