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Le «M. Brexit» de l'UE demande à Londres de solder ses comptes

Le «M. Brexit» de l'UE demande à Londres de solder  ses comptes
Michel Barnier : «Quand un pays quitte l'Union européenne, il n'y a pas de punition, pas de prix à payer, mais nous devons solder les comptes, ni plus ni moins».

Le Royaume-Uni devra solder ses comptes avant de quitter l'Union européenne (UE), a prévenu le négociateur en chef de l'UE, Michel Barnier, dessinant la feuille de route des négociations à venir, à quelques jours du déclenchement officiel du Brexit. «Quand un pays quitte l'Union européenne, il n'y a pas de punition, pas de prix à payer, mais nous devons solder les comptes, ni plus ni moins», a affirmé M. Barnier à Bruxelles à l'occasion d'un échange avec le Comité des régions, qui regroupe des représentants locaux et régionaux de l'UE.
Mais juste avant de commencer son discours, le Français a pris le temps de dire «un mot de solidarité» envers les autorités et citoyens britanniques, après avoir appris la nouvelle d'une attaque, qualifiée de «terroriste» par la police, près du Parlement à Londres.

«Ferme», mais pas «naïf» : c'est le ton adopté par M. Barnier, désigné par la Commission européenne, pour son premier discours public depuis novembre. Son intervention s'est tenue deux jours après l'annonce par la Première ministre britannique, Theresa May, de la date retenue – le 29 mars – pour déclencher officiellement l'article 50 qui permettra de lancer les négociations.
«Nous ne demanderons pas aux Britanniques de payer un seul euro pour des choses sur lesquelles ils n'ont pas donné leur accord en tant qu'État membre», a assuré M. Barnier.
Mais des engagements ont été pris à 28, et devront être respectés, dans des programmes en cours de financement par le budget européen, soit des centaines de milliards d'euros dédiés à différents Fonds et au grand programme d'investissement voulu par le président de la Commission, le «Plan Juncker».
Aucun chiffre officiel n'a été rendu public, mais, selon un haut responsable européen, la Commission a évalué à entre 55 et 60 milliards d'euros le montant que le Royaume-Uni devra verser pour régler sa facture.
Michel Barnier a précisé mercredi que le Royaume-Uni avait en moyenne une participation de 14% dans l'ensemble des budgets politiques dits de cohésion.
Autre problème à régler en «priorité absolue», celui des 4,5 millions de ressortissants britanniques vivant dans l'UE et de citoyens de l'UE résidant outre-Manche, qu'il s'agisse de l'étudiant polonais venu à Londres ou du retraité anglais installé en Espagne.

Pas de «no-deal»

«Les questions en jeu sont complexes, qu'il s'agisse des droits des résidents, de l'accès au marché du travail, des droits de retraite ou de sécurité sociale, ou de l'accès à l'éducation», a reconnu M. Barnier, qui estime que le travail sur ce point prendra «certainement plusieurs mois».
Enfin, le Français, ancien commissaire responsable du programme «PEACE» pour l'Irlande du Nord, n'a pas oublié la troisième incertitude majeure créée par le Brexit : la question des nouvelles frontières de l'Union, à laquelle l'UE sera «particulièrement attentive», a-t-il promis.

«Nous voulons un accord», a insisté Michel Barnier, écartant le scénario contraire, celui du «no deal» (pas d'accord), en réponse à Theresa May, qui a déclaré préférer cette option plutôt qu'un «mauvais accord». L'absence d'accord aurait «pour tout le monde des conséquences graves», a-t-il averti, avant d'énumérer une liste à faire pâlir Londres : problèmes d'approvisionnement au Royaume-Uni, réintroduction de contrôles douaniers contraignants – donc les files de camions à Douvres qui en découleraient –, graves perturbations du trafic aérien vers et depuis le Royaume-Uni, ou encore suspension de la circulation des matières nucléaires sur le territoire britannique.
Michel Barnier a insisté sur son souhait de «mettre les choses dans l'ordre» : «trouver d'abord un accord sur les principes d'un retrait ordonné du Royaume-Uni, pour discuter ensuite, en confiance, de notre future relation», a-t-il expliqué.

«Ce nouveau partenariat, il n'est pas trop tôt pour en esquisser les contours aujourd'hui, même s'il est trop tôt pour le négocier. Au centre de ce partenariat, il y aura l'accord de libre-échange que nous négocierons, le moment venu, avec le Royaume-Uni», a-t-il précisé, excluant d'emblée une participation «à la carte» au marché unique. 

Marine Laouchez – AFP

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