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Le nouveau warning du FMI sur les risques transfrontaliers

Face à l’expansion rapide des banques panafricaines, le FMI appelle de nouveau les banquiers centraux et superviseurs africains à la vigilance et à la coopération afin de garantir la stabilité et la résilience financière. D'autant plus que l'évolution réglementaire internationale vise à ériger des dispositifs de protection plus robustes face aux crises futures.

Le nouveau warning du FMI sur les risques transfrontaliers
La directrice générale du FMI s’exprimait le 1er février à l'île Maurice, devant les banquiers centraux et superviseurs africains, dont Bank Al-Maghrib, à l’occasion d’une conférence sur les activités bancaires transfrontalières.

Aux yeux du Fonds monétaire international (FMI), la rapide expansion des banques panafricaines est certes salutaire, mais aussi préoccupante. Dix banques africaines sont désormais implantées dans au moins dix pays du continent et l’une d’entre elles est présente dans plus de 30. Cela confronte les banques centrales et les autorités de contrôle bancaire à de nouveaux défis de surveillance transfrontalière, selon Christine Lagarde. La directrice générale du FMI s’exprimait le 1er février à l'île Maurice, devant les banquiers centraux, superviseurs et responsables bancaires africains, dont des représentants de Bank Al-Maghrib, à l’occasion d’une conférence clôturée hier sur les activités bancaires transfrontalières.

Le FMI estime, en effet, que cette expansion a inévitablement donné lieu à une complexité grandissante, compte tenu de la diversité des régimes réglementaires entre pays se trouvant à des stades différents de leur développement financier. Il n’existe pas de normes de comptabilité et d’information harmonisées et les carences statistiques sont nombreuses. Les lois nationales régissant le secret bancaire et les restrictions imposées aux flux d’informations entravent la coopération entre les autorités de supervision des pays d’origine et des pays hôtes. «Il est ainsi capital de veiller à ce que la supervision s’effectue sur une base consolidée», recommande Lagarde, tout en conseillant les superviseurs des pays d’origine de mesurer l’impact de leurs décisions sur les pays hôtes de plus petite taille. Ainsi, la vigilance et la coopération seront nécessaires afin de garantir la stabilité et la résilience, surtout que l’expansion des banques panafricaines intervient dans un contexte d’évolution réglementaire à l’échelle internationale.

Déclenché par la crise de 2008, ce processus de réforme vise à ériger des dispositifs de protection plus robustes face aux crises futures. «Les nouvelles exigences réglementaires nécessitent vos ressources et vos compétences. De plus, il vous est demandé de mettre en œuvre une coopération sans précédent avec les autres autorités de supervision africaines ainsi qu’avec les organismes de réglementation internationaux», lance-t-elle.
Pour le FMI, l’expérience récente aux États-Unis et en Europe est riche d’enseignements. La crise a mis en évidence que les instances de supervision n’avaient pas réussi à appréhender le profil de risque des établissements transfrontaliers. Ces derniers avaient accumulé des positions complexes sur les marchés, fait basculer des activités d’un pays à l’autre, et de par leur taille étaient devenus difficiles à gérer. Pour l’Afrique, cela signifie que les règles prudentielles applicables aux exigences de fonds propres et de liquidités doivent cadrer avec les risques identifiés au sein des groupes bancaires considérés. Cela passe par un plus grand partage d’informations entre superviseurs. Cela suppose également que ceux-ci jouissent des prérogatives et de la confiance nécessaires pour faire correctement leur travail, quitte parfois à s’opposer aux directions des banques.

L’expérience a, par ailleurs, montré qu’à un moment donné, tous les efforts de supervision et de réglementation risquent de se révéler insuffisants. «Afin d’éviter que les contribuables ne soient lourdement sollicités pour venir en aide au système bancaire, comme cela a été le cas durant la crise financière mondiale, il est indispensable de mettre en place des dispositifs robustes de résolution des établissements transfrontaliers qui confèrent aux organes de réglementation le pouvoir de déclarer la fermeture de banques», estime Lagarde. Selon elle, les superviseurs doivent avoir la possibilité de travailler à l’échelle transfrontalière afin d’élaborer des plans de résolution et de redressement concrets. 

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