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Les plus anciens homo sapiens marocains font reculer la datation de 100.000 ans

La découverte de restes d’homo sapiens primitifs associés à des outillages de pierre et de restes de faunes à Jebel Irhoud 1 (province de Youssoufia) place le Royaume au-devant de la scène internationale.

Les plus anciens homo sapiens marocains font reculer la datation de 100.000 ans
L'équipe du Dr Jean-Jacques-Hublin a trouvé des ossements d'homo sapiens vieux de 300 000 ans au Maroc.

Cet exploit scientifique est le fruit des recherches assidues menées par l’équipe internationale qui fut codirigée par les professeurs Abdelouahed Ben-Ncer de l’Institut national d’archéologie et du patrimoine (ministère de la Culture et de la communication) et Jean-Jacques Hublin de l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutionnaire (Leipzig, Allemagne) et du Collège de France (Chaire de paléoanthropologie). Considérée comme une révolution dans le domaine archéologique, cette découverte a donné lieu à des fossiles datés d’environ 300.000 ans, par la méthode de thermoluminescence, notamment des restes d’homo sapiens qui représentent les plus anciennes traces de l’espèce humaine connues à ce jour.

Leur âge est de 100.000 ans supérieur à celui des plus anciens homo sapiens découverts jusqu’à présent. Ces découvertes ont fait l’objet de deux articles dans le numéro du 8 juin 2017 de la revue «Nature». Soulignant que ces fouilles entreprises dans le site à partir de 2004, après celles des années 1960, ont donné lieu à de nouveaux fossiles d’homo sapiens, dont le nombre est passé de 6 à 22, faisant de Jbel Irhoud le plus ancien et le plus riche gisement africain du «Middle Stone Age» qui documente la première phase évolutive de l’espèce humaine. Le directeur du Patrimoine au ministère de la Culture et de la communication, Abdellah Alaoui, nous donne de plus amples éclaircissements quant à l’importance de ces fouilles. 


Questions à Abdellah Alaoui, directeur du Patrimoine au ministère de la Culture et de la communication

«Cette découverte va faire de notre pays une sorte de Mecque pour les chercheurs»

Le Matin : Que signifie cette découverte d’homo sapiens pour le Maroc ?
Abdellah Alaoui : Beaucoup de choses, du moment que cette trouvaille place le Maroc au-devant de la scène internationale pour tout ce qui est berceau de l’humanité et des découvertes en relation avec l’évolution humaine.
D’ailleurs, comme vous le savez, l’Afrique est connue pour être le berceau de l’humanité. Et ce, à travers les trois régions qui ont déjà livré d’anciens restes humains, notamment l’Afrique australe, l’Afrique du Sud et celle de l’Est en Éthiopie. Et maintenant, c’est l’Afrique du Nord, par le biais du Maroc, où la datation a reculé de 100.000 ans.
Ce qui est vraiment énorme. Ceci va faire de notre pays une sorte de Mecque où vont affluer tous les chercheurs du monde, du moment qu’il y a ces gisements qui renferment des ossements très importants dans la chaine de l’évolution de l’espèce humaine, notamment l’homo sapiens, considéré comme l’espèce la plus archaïque dont nous sommes issus et qui remonte jusqu’à 315.000 ans.

Est-ce que cette trouvaille permet de placer nos chercheurs parmi les plus avancés en matière de fouilles en paléontologie humaine ?
D’abord, il faut savoir que la recherche ne se fait pas à huis clos. L’avantage que nous avons par rapport à d’autres pays, comme l’Égypte ou la Grèce, au Maroc, on travaille toujours en équipe mixte dans le cadre de programmes internationaux avec les Américains, les Allemands, les Espagnols, les Italiens, les Espagnols…, parce que c’est très importants pour nos chercheurs qu’il y ait cet échange de connaissances avec des chercheurs de haut niveau, connus mondialement pour les recherches paléontologiques humaines. Au Maroc, on peut se targuer du fait que nos chercheurs ont atteint un certain niveau et ont plus d’expérience par rapport à des pays d'Afrique et du monde arabe. Ce qui leur permet de collaborer avec des pays de très haut niveau.

Après cette découverte importante, y a-t-il un intérêt pour les programmes à venir ?
Bien sûr, il y a de l’intérêt au niveau mondial. Pour les bailleurs de fonds internationaux, quand un pays livre des découvertes de ce genre, il y a plus de fonds pour continuer la recherche. Car le financement est très important pour ce genre d’opérations. Dans certains pays, il est de 1 jusqu’à 3% du PIB. Malheureusement, pour le Maroc, on n’a pas encore atteint ce niveau. Mais, nous sommes sur la bonne voie, car l’intérêt est là. D’ailleurs les géologues et les paléontologues ont toujours considéré le Maroc comme une sorte de paradis pour ces recherches.

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