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Les sites de voyages dégriffés se disputent les hôtels de luxe

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Une nuit dans un hôtel de luxe à -70% ? Devant le succès des sites de voyages dégriffés, la tentation est grande pour les hôteliers de remplir leurs chambres vides, mais risquée pour leur image de marque. Aux côtés des pionniers comme Groupon, Voyage Privé ou vente-privée.com, une multitude d'acteurs s'est fait une place au soleil sur un créneau qui séduit de plus en plus de Français, une tendance que ne peuvent plus ignorer les hôteliers «classiques», dont certains étaient présents sur le Salon mondial du tourisme de Paris (16-19 mars). «Il y a un vrai besoin structurel dans l'hôtellerie où grosso modo, 35% des chambres sont vides chaque jour. Donc notre métier en tant que “discounter” continue à être utile pour les hôteliers», estime Nicolas Clair, co-fondateur de VeryChic. Ce site propose uniquement des hôtels 4 et 5 étoiles dont la qualité est scrutée en permanence : «à partir de 2 ou 3 avis clients négatifs se plaignant de la même chose, on ne remettra pas l'hôtel en ligne si on n'est pas retournés nous-mêmes pour vérifier. Et on limite volontairement le nombre d'établissements entre 200 et 250», indique à l'AFP M. Clair. «Cela contraint notre croissance, mais on n'a pas les moyens d'avoir une mauvaise réputation», souligne-t-il, ajoutant qu'«une nuit dans un 4 étoiles "discounté" en Europe vaudra quand même encore entre 130 et 150 euros par nuit». Mais cette rigueur paie : «sur les 13.000 réservations faites en janvier, la moitié émanait de gens ayant déjà voyagé avec nous», se réjouit le responsable de VeryChic. «Il faut être bon sur la sélection, en allant sur le terrain ou en ayant des représentants locaux fiables» pour démarcher les hôteliers, renchérit Frédéric Savoyen, co-fondateur d'Idiliz.

Le site joue sur sa double casquette de tour-opérateur faisant des ventes privées sur ses propres produits, «contrairement à la majorité des acteurs qui ne font que déstocker les produits des autres».
«Ne pas banaliser l'offre»
«Nos clients trouvent donc à la fois de bonnes affaires et une offre catalogue, on les fidélise alors que c'est censé être des achats d'opportunité», relève le dirigeant de la plateforme. «S'il y a beaucoup de concurrence, c'est bon signe et ça montre que le marché est intéressant», résume M. Savoyen. Dernier acteur de poids arrivé sur le marché hexagonal il y a moins d'un an, Évasions Secrètes, filiale du groupe Secret Escapes présent dans une vingtaine de pays. «Avec 37 millions de membres dans le monde, nous pouvons négocier les meilleurs prix pour nos clients», souligne la directrice France Jennifer Lang, dont le site revendique des prix allant jusqu'à -70% des tarifs du marché. Évasions Secrètes met aussi en avant le fait de beaucoup travailler avec des 4 et 5 étoiles et donc «de proposer un environnement de luxe, ce qui permet à ces hôtels de préserver leur image de marque sur un site adapté». Pour les hôteliers, le risque existe de brouiller leur image.

Un séjour dégriffé, s'il est proposé «dans le cadre d'une promotion exceptionnelle et dans des périodes creuses, affectera moins l'image de marque d'un hôtel de luxe et ne banalisera pas son offre», résume Laurent Duc, président de la branche Hôtellerie de l'Umih, principale organisation professionnelle du secteur. «Car si un hôtel est dégriffé chaque semaine sur un site, les clients habituels se disent que le vrai prix est en fait ce prix dégriffé, et ils ne réserveront plus», ajoute-t-il. Mais il admet que «très clairement, la période post-attentats et la chute de fréquentation touristique étrangère ont complètement favorisé ce type de pratique, car il a fallu compenser avec une clientèle plus domestique». Une nuit à prix «cassé» n'est cependant pas très lucrative pour l'hôtelier, indique le responsable de l'Umih : «il vend sa chambre à zéro, et il va donc miser sur le petit déjeuner, les consommations ou le spa pour lui rapporter de l'argent». 

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