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Mieux préparer les compétences de demain, un défi collectif

L’approche compétences et adéquation avec les besoins du marché de l’emploi sont le leitmotiv de tout établissement d’enseignement supérieur. Les programmes de ces institutions reposent essentiellement sur la règle d’or : adéquation Formation/Emploi. Mais, au vu de la réalité du marché de l’emploi au Maroc, ces universités et ces écoles supérieures arrivent-elles à relever le défi ? «Le Matin» est allé à la rencontre de certains responsables pour essayer de jeter la lumière sur leurs efforts. Objectif : relever le challenge des compétences qui s’intègrent facilement dans le marché du travail.

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Une chose est sure, nul n’ignore aujourd’hui l’importance de la qualité de la formation pour avoir des profils alliant compétences techniques et comportementales, et nul n’ignore que les entreprises ne s’aventurent pas à recruter des jeunes qui manquent de compétences professionnelles et managériales. L’un des plus grands défis qui reste donc à relever par l’enseignement supérieur est sans doute de mieux adapter l’offre de formation au marché de l’emploi afin d’améliorer l’employabilité des diplômés. Les établissements d’enseignement supérieur doivent dépasser les logiques de formation strictement liées à des métiers. 

Le problème de qualité de formation est bien plus complexe, il commence au stade même de l’accès aux études supérieures. Longtemps taxées par une formation plutôt théorique, les universités marocaines ont du mal à agir en profondeur pour mettre à jour leurs programmes. Tous les responsables nous diront qu’ils sont conscients de cette nécessité, mais il reste de la mettre en pratique. Certains établissements estiment que ce changement devrait également venir des étudiants ! Or un étudiant qui se retrouve dans une faculté, juste parce qu’il n’a pas eu le choix d’aller ailleurs, peut difficilement adhérer à toute stratégie de changement par manque de motivation et malheureusement aussi, par négligence ou par ignorance. D’ailleurs, les statistiques sont là justement pour traduire cette réalité. En effet, selon le Haut Commissariat au Plan (HCP), la situation empire pour l’employabilité des jeunes diplômés des Facultés. De 24,1% en 2014 puis 24,4% en 2015, le taux de chômage parmi cette population est monté à 25,3% en 2016. «Le système scolaire n’arrive pas toujours à suivre le rythme des transitions économiques. Le passage d’une économie industrielle à une économie numérique a fait que les étudiants fraîchement diplômés ne sont pas toujours en phase avec les attentes des entreprises de plus en plus concurrencées et devant faire preuve d’ingéniosité et de créativité», explique Ismaïl Belabbess, consultant RH, associé MCBI Conseil.

Il indique également que ces jeunes diplômés se sentent discriminés par rapport à leurs camarades lauréats du privé et développent un déficit de confiance en leurs capacités et un manque d'estime pour soi. De plus, le système éducatif ne leur apprend pas comment «bien vendre leurs compétences». Pour leur part, les autres établissements à accès limité et les écoles de l’enseignement privé ont déjà ce privilège d’avoir les conditions adéquates pour faire adhérer les étudiants au changement orienté vers des systèmes éducatifs plus modernes et qui donnent la priorité au développement des compétences managériales des étudiants, en plus des compétences techniques permettant ainsi une meilleure intégration dans le marché de l’emploi. Les efforts sont bien là, et plusieurs écoles et établissements de l’enseignement supérieur travaillent d’arrache-pied pour mettre à jour leurs systèmes éducatifs et adapter les filières de formation aux besoins du marché du travail et des nouvelles orientations économiques du Royaume. Les responsables contactés par «Le Matin» l’ont clairement exprimé : Le Maroc doit relever le défi d’un enseignement de qualité qui veille à respecter l’adéquation Formation/Compétence et besoins du marché de travail. Voici un tour d’horizon des avis des acteurs de l’enseignement supérieur public et privé.


Saaïd Amzazi, président de l’Université  Mohammed V

«Nous travaillons au sein de l’UM5 en étroite collaboration avec l’Anapec (Agence nationale pour la promotion de l'emploi et des compétences), qui a implanté d’ailleurs une agence au sein de notre campus. Nous mettons en place actuellement un système de suivi des lauréats à 6, 12, 18 et 24 mois après l’obtention de leur diplôme. Ces données nous seront extrêmement utiles par exemple pour l’évaluation de nos filières au moment de leur ré-accréditation : une filière dont les lauréats peinent à s’insérer dans le marché du travail devra dès lors se mettre à jour et s’actualiser ou être fermée. Nous ne pouvons plus nous payer le luxe de former pour former».

Ahmed Laaroussi, directeur de l’École supérieure des métiers de l’architecture et du bâtiment à l’UPF

«Il est évident pour les chefs d’entreprises que les jeunes diplômés nécessitent encore des formations adaptées à leurs entreprises. Pour cela, ils ont besoin de jeunes diplômés capables d’adaptation, mais aussi conscients que l’évolution de leur carrière doit se conquérir au travers de l’expression de leurs compétences et de leur engagement.
C’est en ce sens qu’à l’UPF nous accompagnons nos étudiants par des formations sur le comportement, la prise de parole… et par l’abandon de quelques complexes mal placés, afin qu’ils puissent convaincre les employeurs de leurs qualités».

Kamal Daissaoui, président du Groupe EMSI

«Les filières que propose l’EMSI sont scrupuleusement choisies, nous veillons à ce que l’offre de formation soit adaptée aux besoins du secteur de l’emploi et aux besoins économiques et avancés technologiques afin d’améliorer l’employabilité de nos étudiants et ainsi notre attractivité. Toutes les filières enseignées à l’EMSI sont très demandées par le marché du travail. D’autre part, nous essayons de mettre en avant les compétences qui permettent aux étudiants de répondre au mieux aux nouveaux besoins du marché. Nous essayons de dépasser les logiques de formation strictement liées à des métiers, nous nous inscrivons dans une dynamique de création, d’invention et d’exploration de nouveaux horizons, afin de brasser leur idée, les cultiver dans une démarche collaborative et collective».

Abdellatif Miraoui, président de l’UCAM

«Les filières ouvertes sont globalement en adéquation avec les besoins en compétences identifiés par les grands programmes nationaux de développement. La carte de formation de l’UCAM a exploré de nouveaux horizons à travers la création de nouvelles filières à fort potentiel de recrutement. Il s’agit de Licences et Masters en langues étrangères appliquées, de Master en ingénierie des centrales solaires, Masters en économie sociale et solidaire, DUT, Licence professionnelle et Masters en énergie renouvelable et efficacité énergétique, Sciences des données, Ingénierie territoriale, Ingénierie de tourisme, Agent de développement social et Ressources humaines».

Mohamed Derrabi, directeur de TBS Casablanca

«Notre offre de formation au Maroc a été étudiée par rapport aux besoins des entreprises et nous la renforçons pour cette rentrée avec de nouveaux programmes, notamment avec le Bachelor en Management qui formera des middle managers pour lesquels les besoins sont énormes dans notre pays. Nous mettons les entreprises au cœur de notre dispositif à plusieurs niveaux  : visites dans leurs locaux, proposition d’interventions en cours, participation aux membres du jury de sélection et de soutenances de mémoires ou de thèses, invitation à nos forums de recrutement, participation à nos conférences thématiques mensuelles, échanges réguliers avec son réseau d’Alumni».

 Thami Ghorfi, président de ESCA

«Notre formation se caractérise par la multi-culturalité dans l’ensemble de nos programmes. Notre modèle pédagogique repose également sur des méthodes novatrices notamment l’approche par compétences qui permet à nos étudiants de se doter des compétences recherchées par l’entreprise, le travail en équipe, le développement personnel et l’actualisation des connaissances et contenus pédagogiques à travers la recherche scientifique produite par notre corps enseignant. Nos étudiants bénéficient d’un environnement d’études stimulant leur permettant de se former à travers des projets réels tout en assurant leur épanouissement».

Mohamed Knidiri, président de l'UPM

«Nos programmes doivent répondre aux besoins des entreprises. Nous croyons que notre mission va au-delà de la simple délivrance du diplôme et nous l’estimons totalement réussie lorsque le lauréat est en situation d’emploi. Cela passe également par le modèle pédagogique que nous avons développé et qui repose sur le développement des autres formes de savoirs, en l’occurrence, savoir-faire et savoir-être».

Gregory Gueneau, PDG d'Adalia School of Business

«On adoptant une pédagogie misant sur le développement de compétences et capacités professionnelles, aujourd'hui l’école s’ouvre à l'apprentissage à travers le numérique, soit dans les cours, soit dans l’utilisation de schoology (plateforme collaborative dédiée aux étudiants et aux professeurs). Aussi, les conférences réinventées qui mettent les étudiants au cœur du réseau professionnel et de l’écosystème de l’entrepreneuriat et l’innovation pour s'exercer à la prospective à savoir les Innodays qui cette année a eu l’égide du ministère de l’Industrie… Sans surprise, la transformation digitale dans la plupart des secteurs d'activité se décline dans les programmes d’Adalia School of Business qui se dote d’un positionnement fort en management de l’innovation et marketing digital de la licence au master».

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