Menu
Search
Jeudi 28 Mars 2024
S'abonner
close
Accueil next Économie

Régime de change flexible : Le terrain est balisé

Les conditions sont réunies et le timing est approprié pour entamer une transition graduelle vers un régime de change plus flexible, affirme Bank Al-Maghrib. Une transition qui permettra au Maroc d’accéder notamment à l’épargne mondiale et de développer les industries exportatrices.

Régime de change flexible : Le terrain est balisé
Les mutations de l’économie nationale nécessitent la réforme du régime de change à même de consolider la compétitivité et la résilience de notre économie, a souligné Abderrahim Bouazza, DG de Bank Al-Maghrib.

Le Maroc est plus que jamais prêt pour réformer son régime de change. Tel est le principal message de la deuxième édition des Journées internationales de macroéconomie et de finance, organisée les 15 et 16 mai à Marrakech. L’événement, initié par Bank Al-Maghrib, le laboratoire de recherche INREDD de l'Université Cadi Ayyad à Marrakech et le centre BCE de l'Université de Bâle a retenu pour thème «La flexibilisation du régime de change, le ciblage de l’inflation et la libéralisation du compte capital».

Le choix du thème est majeur dans la mesure où la transition du régime de change marocain implique une véritable maîtrise de l’inflation. Pour Ales Bulir, chef adjoint de l’Institut du Fonds monétaire international (IMF Institute), plusieurs options s’offraient au Maroc pour le changement de son régime de change. Le retour d’expériences de pays ayant choisi différentes options après la Deuxième Guerre mondiale était très important pour le choix du Maroc d’un taux de régime flottant avec ciblage de l’inflation. «Le Maroc est l’un des premiers pays émergents à pouvoir poser les bases de cette réforme depuis plusieurs années. Les réformes déjà engagées sur les plans monétaire, fiscal, économique et réglementaire font du royaume un cas d’école. Les risques induits par un changement vers un régime de change flottant et flexible avec ciblage de l’inflation seront maitrisés par le Maroc selon nos prévisions», déclare Ales Bulir aux 200 participants à l’évènement.

Des risques liés notamment à l’exposition à des risques macro-économiques, comme ce fut le cas lors du choc pétrolier, la crise des subprimes ou encore la volatilité des cours des matières premières. «Le taux d’ouverture de l’économie marocaine intégrant biens et services s’est inscrit en nette progression ces 15 dernières années en passant de 60% du produit intérieur brut (PIB) à environ 80%. Certes, le régime de change fixe actuel a ses bienfaits et a contribué à l’inflation modérée que connaît le Maroc. Toutefois, la dernière crise financière a mis en exergue certaines vulnérabilités liées à ce régime», estime, pour sa part, Abderrahim Bouazza, DG de Bank Al-Maghrib. Selon ce dernier, le Maroc a tiré les leçons des expériences passées comme le plan d’ajustement structurel et la dévaluation du dirham. «Les mutations de l’économie nationale nécessitent la réforme du régime de change à même de consolider la compétitivité et la résilience de notre économie.

Aujourd’hui, les conditions sont réunies et le timing est approprié pour entamer une transition graduelle vers un régime de change plus flexible», affirme Bouazza. Cette transition permettra ainsi au Maroc d’accéder à l’épargne mondiale et de développer les industries exportatrices entre autres. Elle se fera donc de manière graduelle tout en prenant en compte plusieurs aspects politiques et économiques. La fiscalité et le secteur bancaire devront ainsi faire l’objet d’autres réformes, sans oublier la libéralisation du compte capital et la mise en place de nouveaux instruments de la politique monétaire. Dans cette nouvelle configuration, le gouvernement doit être un catalyseur tout en clarifiant davantage les interventions de Bank Al-Maghrib qui seront nécessaires pour maîtriser l’inflation, recommande pour sa part David Vavra, fondateur d’OGResearch. 


Questions à Aleksander Berentsen, doyen de la Faculté d’économie à l’Université de Bâle

«Il sera plus facile au Maroc d’attirer les capitaux et les investissements»

Le Matin-Éco : Pourquoi une flexibilisation du régime de change aujourd’hui ?
Aleksander Berentsen : Il faut savoir que le Maroc n’est pas obligé de changer son régime de change. Face aux multiples avantages que cela procure, le pays a décidé cette ouverture et le moment est idéal pour une telle réforme. Le pays est en position de force et dispose des prérequis indispensables pour mener à bien cette réforme. De même, l’économie marocaine est très diversifiée, si l’agriculture est en mauvaise passe par exemple, il y a les industries, le tourisme, les phosphates.

Quels sont les principaux avantages d’un régime de change flexible ?
Avec un régime flexible, il sera plus facile au Maroc d’attirer les capitaux et les investissements, ce qui aura un impact positif sur la croissance. Ceci sans oublier les transferts des Marocains résidant à l'étranger qui devraient croître.

Qu’en est-il de la maîtrise des risques ?
Je pense que les risques seront maîtrisés. Le Maroc a bien préparé le terrain pour cette réforme. Le Fonds monétaire international confirme d’ailleurs qu’il n’a pas observé, de par le monde, un pays qui est aussi bien préparé que le Maroc pour entamer cette transition.

DNES à Marrakech Mohamed Amine Hafidi

Lisez nos e-Papers