Saïd Chitour, fixeur et collaborateur algérien de médias anglophones dont la BBC et le Washington Post, a été arrêté le 5 juin à l'aéroport d'Alger par les services de renseignements et immédiatement déféré devant un juge qui l'a placé en détention. Son incarcération n'a été connue que début juillet. Des sources au sein des services de renseignements ont indiqué à l'AFP que M. Chitour est accusé d'avoir remis des documents confidentiels à des diplomates étrangers. «Je me demande comment un journaliste-fixeur aurait eu accès à ces documents», a déclaré à l'AFP l'avocat de M. Chitour, Me Khaled Bourayou. Reporters sans frontières «appelle la justice algérienne à libérer Saïd Chitour», dont «la détention préventive est injustifiée et son prolongement depuis plus d'un mois excessif».
Le Comité de protection des journalistes, basé à New York, avait demandé début juillet la libération de Saïd Chitour. À la mi-juin, RSF avait dénoncé le «harcèlement», les «menaces» et «pressions» à l'encontre des journalistes en Algérie, pays qui figure à la 134e place (sur 180) en 2017 au classement mondial de la liberté de la presse établi par l'organisation. En décembre 2016, un journaliste, Mohamed Tamalt, est décédé après trois mois de grève de la faim en prison, où il purgeait une peine de deux ans pour «offense au Président de la République». Fin 2016, Hassan Bouras a, lui, été condamné à un an de prison ferme pour «complicité d'outrage», après avoir publié une série d'entretiens avec des Algériens accusant de hauts responsables de leur ville de corruption.