Le Président américain, Donald Trump, se dit conforté par le témoignage-fleuve de l'ancien patron du FBI, James Comey. «Malgré tant de faux témoignages et de mensonges, confirmation totale et complète... Comey est une balance !», a-t-il écrit sur Twitter, un réseau social dont il est familier. L'ancien directeur, 56 ans, a blâmé le Président pour lui avoir intimé d'abandonner un volet de l'enquête russe sur un proche, Michael Flynn. Il a accusé l'administration Trump de diffamation et de «mensonges». Et sous-entendu que le Président lui-même était un menteur. À l'issue de l'audition devant la commission du Renseignement suivie en direct par tous les grands médias américains, l'opposition démocrate a estimé que les soupçons d'entrave à la justice visant le dirigeant républicain étaient confortés par les réponses de M. Comey, limogé le 9 mai. L'entrave à la justice est un délit majeur qui a conduit au lancement par le Congrès de procédures de destitution contre Richard Nixon et Bill Clinton.
L'ex-patron du FBI a raconté en détail sa gêne lors de conversations privées avec le locataire de la Maison-Blanche, minutieusement décrites dans un texte publié la veille et basé sur des notes soigneusement prises après chacune des conversations. Il a refusé d'émettre un avis juridique, s'en remettant au procureur spécial Robert Mueller, comme lui ancien patron très respecté du FBI et qui a repris l'enquête sur la Russie. Comey a confirmé que Trump lui avait demandé sa «loyauté», alors même qu'il supervisait les investigations sur une éventuelle collusion entre des membres de l'équipe de campagne du républicain et Moscou. «Mon bon sens me disait qu'il voulait quelque chose en échange de m'accorder ma demande de rester à mon poste», a-t-il estimé, alors que son mandat courait jusqu'en 2023. Paul Ryan, le Président républicain de la Chambre des représentants, a quant à lui laissé le bénéfice du doute au Président : «Il est nouveau pour ce qui est de gouverner, donc il n'était probablement pas au fait des protocoles existant depuis longtemps établissant les relations entre le département de la Justice, le FBI et la Maison Blanche».
Le délit d'entrave est difficile à prouver et requiert beaucoup d'informations sur «l'intention de la personne», a expliqué à l'AFP Mark Tushnet, professeur de droit à Harvard. C'est ce que les enquêtes parlementaires chercheront à établir. James Comey a détaillé la demande de M. Trump d'«abandonner» un volet de l'enquête visant le général Michael Flynn, ex-conseiller à la sécurité nationale.