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Un échange des plus subtils entre l’art malien et la tradition marocaine

Abdoulaye Konaté a initié un échange fructueux avec des artisans tisserands de Fès, très réputés pour leur caractère perfectionniste et leur dextérité.

Un échange des plus subtils entre l’art malien  et la tradition marocaine
L’artiste malien Abdoulaye Konaté.

Une exposition inédite qui met en relief le dialogue de deux cultures et deux traditions. Un échange des plus fructueux qu’a initié Abdoulaye Konaté avec des artisans tisserands de Fès, très réputés pour leur caractère perfectionniste et leur dextérité. C’est ce qui a donné lieu à cette «Étoffe de songes» à travers laquelle Abdoulaye a revisité la soie, le brocart, les broderies ou encore le tissage de la pure tradition de Fès, fruit d’une recherche continue de l’artiste aux côtés des artisans.

La directrice de la Fondation CDG, Dina Naciri, ne manque pas de souligner, à cet effet, que cette artiste de la matière, figure de renom de la scène contemporaine internationale, «a fait du tissu son matériau de prédilection, utilisant pour ses sculptures et installations le basin, tissu traditionnel malien teinté avec des pigments, dont il joue sur les nuances pour orchestrer une véritable symphonie de couleurs».
Pour cette avant-première au Maroc, le travail réalisé est un vrai chef-d’œuvre, grâce à une rencontre féconde avec le dernier maître du brocart traditionnel de Fès, El Haj Abdelkader Ouazzani, ayant permis cet échange artistique entre deux pays qui partagent un riche patrimoine. Abdoulaye ne cache pas son émotion devant le travail de Ouazzani, dont la maîtrise d’une technique ancestrale parfaite et la rare qualité le fascinent et le motivent à travailler à ses côtés. Soulignons qu’Abdoulaye est un artisan de la matière qui compose avec un héritage traditionnel malien et africain, mais surtout universel. Dès son adolescence, il s’intéresse aux techniques traditionnelles des artisans et côtoie les tisserands. Entamant sa carrière avec la peinture, il se lance dans les années 1990 dans la découverte du textile qu’il s’approprie pour réaliser des œuvres uniques.

«Le basin, tissu traditionnel malien, est teinté avec des pigments dont il joue des nuances pour orchestrer une véritable symphonie de couleurs. Il compose avec des languettes de basin qui, mises bout à bout et superposées, donneront des œuvres magistrales entre peinture, sculpture et installation», explique-t-on dans sa biographie qui fait état de ses grands exploits artistiques lui valant de nombreuses distinctions et l'acquisition de ses œuvres pour des collections de grandes institutions comme le Musée Smithsonian à Washington DC, le Metropolitan Museum of Art à New York ou encore le Stedelijk Museum (Fondation d'art moderne et d'art contemporain de la ville d’Amsterdam).
Rappelons aussi qu’Abdoulaye s’est produit dans de nombreuses expositions telles qu’Africa Remix, Art Basel, les Biennales de Johannesburg, de La Havane, de Gwungu et Documenta XII. Il est sélectionné parmi les artistes de la prochaine édition de la Biennale de Venise. Depuis 2002, il est Chevalier de l’Ordre des arts et des lettres en France. En 2009, il devient Officier de l’Ordre national du Mali. Aux côtés de cette belle exposition de l’Espace Expressions CDG, Dina Naciri est fière de nous signaler la réalisation de la peinture monumentale Street Art sur le thème de l’Afrique de l’artiste Allemand Hendrik Beikirch, qui orne la façade murale du siège de la CDG. 


Questions à Abdoulaye Konaté, artiste malien

«Si ce rythme continue, le Maroc deviendra le plus grand Musée africain d’art contemporain»

Que vous inspire cet événement organisé dans la capitale du Maroc ?
Nous sentons qu’il y a quelque chose qui bouge au Maroc. C’est vraiment exceptionnel de voir Sa Majesté le Roi Mohammed VI s’intéresser à l’art à ce point et nous avons senti un mouvement pour la première fois, un tel engouement, un tel intérêt pour la culture de la part des autorités. Bien sûr, nous avons vu le cas du Sénégal avec Sengor qui s’est énormément intéressé à la culture. Mais ce qui est en train de se passer au Maroc est extraordinaire. Je suis sûr que si ce rythme continue, le Maroc deviendra le plus grand Musée africain d’art contemporain.

Quel rôle peut jouer la culture dans le développement d’un pays ?
Dans la société, en général, la culture est fondamentale. Je pense qu’elle est la base de toute société. C’est l’ADN des peuples. Un peuple sans culture profonde est appelé à disparaître.

En dehors de sa fonction esthétique, pensez-vous que l’art soit toujours porteur de messages ?
Pas toujours. Par exemple, ce que je viens de réaliser ici au Maroc pour cette exposition est purement artistique. Mais je travaille aussi sur d’autres thématiques où il y a énormément de contenu social. Dernièrement, j’ai travaillé sur Alep où est en train d'être menée une destruction humaine désastreuse. J’aborde, également, dans mes travaux les grandes maladies comme le Sida. J’ai aussi travaillé sur le fléau de l’immigration, les problèmes religieux, la famine et les génocides ethniques. Car l’artiste est un être humain comme les autres. Il sent les mêmes émotions. La seule différence est que l’artiste arrive à les exprimer autrement.

Quelle est la particularité de l’art africain ?
Je pense que l’art est plutôt lié à la personne qui le crée et cette personne est liée à son vécu et son environnement. Donc, forcément, on peut retrouver des styles particuliers dans le continent africain, qui peuvent être différents de ceux qu'on connaît dans d'autres terroirs. Mais ceci est valable pour tous les autres continents, je pense.

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