Le décret migratoire de Donald Trump controversé, qui bannit l'entrée des États-Unis aux ressortissants de six pays musulmans, devait être appliqué à partir de mercredi à minuit. À quelques heures seulement de l'entrée en vigueur du nouveau texte qui avait pourtant été expurgé de ses éléments les plus contestés, le magistrat de Hawaï, Derrick Watson, a estimé dans son jugement que la suspension temporaire du décret éviterait un «préjudice irréparable». Tenant une réunion publique à Nashville (Sud), le Président américain a dénoncé la décision «erronée» d'une justice qui, selon lui, commet ainsi «un abus de pouvoir sans précédent». Il a promis d'aller jusqu'à la Cour suprême. «La loi, selon la Constitution, a donné au Président le pouvoir de suspendre l'immigration quand il estime qu'il y va de l'intérêt national de notre pays», a-t-il dit.
Pour expliquer sa décision, le juge Watson s'est appuyé notamment sur plusieurs déclarations de Donald Trump à l'égard des musulmans pour conclure que le décret comporte «des preuves significatives et irréfutables d'animosité religieuse». Sa décision fait référence à des propos de campagne de Donald Trump, lorsqu'il s'était prononcé pour une interdiction d'entrée des musulmans sur le territoire américain. Quelques heures après le juge de Hawaï, un juge fédéral de Seattle, dans l'État de Washington (Nord-Ouest), a accepté une demande de «suspension provisoire de 14 jours» par les États de Washington et de l'Oregon, en citant là aussi les «préjudices irréparables» que causerait le décret. Un troisième juge fédéral devait aussi se pencher sur ce décret migratoire, à Greenbelt, dans le Maryland (Est), à la demande d'une coalition d'organisations de défense des libertés et des réfugiés, dont la puissante American Civil Liberties Union. Selon ses détracteurs, le nouveau texte aurait eu des conséquences très négatives sur les secteurs de l'éducation et des affaires, notamment pour les sociétés des nouvelles technologies.
Le dispositif, qui ne concerne plus l'Irak et exempte les détenteurs de visas et de «cartes vertes», sésames des résidents permanents, était pourtant atténué par rapport au premier décret adopté le 27 janvier.
Le second décret, désormais bloqué, prévoyait de fermer temporairement les frontières américaines aux réfugiés du monde entier et de suspendre l'octroi de visas durant 90 jours pour les ressortissants d'Iran, de
Libye, de Syrie, de Somalie, du Soudan et du Yémen.