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Un vent de révolte souffle sur l’ANC

Le Président sud-africain, Jacob Zuma, fait face, depuis son remaniement ministériel controversé de la semaine dernière, à une révolte qui ne cesse de prendre de l’ampleur, menaçant de mettre fin à son mandat à la tête du pays.

Un vent de révolte souffle sur l’ANC
Zuma, conscient de son isolement, a opéré le remaniement de la semaine dernière pour se débarrasser de ses opposants au sein du gouvernement.

Plus que jamais isolé au sein de son parti au pouvoir, l’ANC (Congrès national africain), Zuma a, lui-même, reconnu, lors d’un déplacement vendredi au Cap oriental, que la situation dans le pays était «mauvaise». Jamais le Président n’a été aussi contesté, estiment les analystes, soulignant que le limogeage de l’influent et très respecté ministre des Finances, Pravin Gordhan, devra unir l’opposition et des factions au sein de l’ANC contre Zuma. En effet, les appels au départ de ce dernier ont fusé de toutes parts, y compris de l’ANC, où la mobilisation se renforce pour amorcer un changement à la tête du parti avant le congrès de décembre prochain, durant lequel un nouveau leader devra être élu. Une cérémonie organisée samedi pour rendre hommage à Ahmed Mohamed Kathrada, un leader de la lutte contre le régime de l’apartheid décédé la semaine dernière, s’est transformée en un véritable forum anti-Zuma.
Au sein de l’ANC, trois des six principaux leaders du parti, notamment le vice-Président Cyril Ramaphosa et le secrétaire général du parti Gwede Mantashe, se sont prononcés contre le remaniement, qui a envoyé des ondes de choc à travers l’économie, avec des pertes énormes à la Bourse de Johannesburg, estimées à plus de 90 milliards de rands. L’Alliance démocratique et l’Economic Freedom Fighters, les deux principaux partis de l’opposition, soutenus par des députés de l’ANC, entendent soumettre une motion de censure au Parlement contre Zuma. Le soutien à une telle motion au sein de l’ANC sera une première qui traduit l’ampleur de la grogne contre Zuma, estiment les analystes, relevant que le clan Zuma table sur le temps pour voir cette grogne s’affaiblir, d’autant plus que le Parlement ne reprendra ses activités qu’au début du mois de mai.

Au sein de la direction de l’ANC, on reproche à Zuma d’avoir pris la décision d’opérer le remaniement ministériel sans consultation avec les hauts responsables du parti. «Plusieurs camarades au sein de l’ANC ne sont pas contents de la situation», a dit Ramaphosa, candidat à la succession de Zuma. Loin de se limiter à l’ANC, la contestation a aussi gagné ses alliés historiques, dont le Parti communiste (SACP), qui a fustigé la politique de Zuma, soulignant que les jours de ce dernier à la tête de l’État sont comptés.

Les analystes argumentent que l’ANC fait face à sa situation la plus chaotique depuis son arrivée au pouvoir au lendemain de la fin du régime de l’apartheid en 1994. «Zuma est devenu un facteur de division», indique Mari Harris, analyste politique au sein du cabinet Ipsos Afrique du Sud, soulignant que Zuma, conscient de son isolement, a opéré le remaniement de la semaine dernière pour se débarrasser de ses opposants au sein du gouvernement. D’autres analystes comme Mzukisi Qob relèvent que le limogeage du ministre des Finances devra accentuer les divisions au sein de l’ANC. Ces divisions continueront de s’accentuer et risquent d’affaiblir davantage la cote de popularité de l’ANC, indique-t-il.

Habitué à des victoires confortables dans toutes les élections qui se sont déroulées en Afrique du Sud depuis 1994, l’ANC a essuyé d’importantes défaites lors du scrutin communal de 2016 en raison de la désaffection engendrée essentiellement par les scandales financiers et politiques dans lesquels le Président Zuma s’est embourbé. Les analystes estiment qu’en cas d’échec à amorcer un changement radical au sein de ses structures dirigeantes, l’ANC pourrait perdre sa majorité absolue lors des élections générales de 2019. Un scénario encore inimaginable il y a peu. 

Abdelghani Aouifia - MAP

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