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Un vibrant hommage au philosophe marocain Mohammed Sabila

Un vibrant hommage a été rendu, dimanche à Assilah, au philosophe marocain Mohammed Sabila, en reconnaissance de sa contribution à l'enrichissement des champs éducatif, philosophique et intellectuel, avec la participation d'une pléiade de penseurs, d'académiciens et d'étudiants chercheurs.

Un vibrant hommage au philosophe marocain Mohammed Sabila
L'hommage au philosophe marocain Mohammed Sabila constitue une marque de reconnaissance à toute une génération de penseurs brillants qui ont fondé le Maroc contemporain.

Cet hommage appuyé, qui s'inscrit dans le cadre du séminaire «La leçon philosophique et la question de la modernité», organisé dans le sillage de l'Espace de créativité (Khaïmatou Al-Ibdae) à l'occasion de la 32e session de l'Université d’été Al-Mouatamid Ibn Abbad, constitue une marque de reconnaissance à toute une génération de penseurs brillants qui, grâce à leurs nobles idéaux, ont fondé le Maroc contemporain et contribué par leurs œuvres intellectuelles à défendre les constantes nationales et à examiner les perspectives de modernité, a indiqué Charaf-Eddine Majdouline, professeur à l'Institut national des beaux-arts de Tétouan. «Évoquer l'écrivain et penseur marocain Mohammed Sabila revient à méditer sur le parcours de la culture marocaine dans sa globalité, avec ses ambitions et aspirations, pour exprimer la volonté d’une société et d’un État et se rapprocher de la conscience historique de s’ancrer dans le présent», a-t-il noté.

Pour sa part, le secrétaire général de la Fondation du Forum d'Assilah, Mohammed Benaïssa, a mis en avant les réalisations intellectuelles de Mohammed Sabila, notant que cet hommage est un signe de reconnaissance à la leçon et la recherche philosophique au Maroc, eu égard aux efforts déployés par de nombreux chercheurs pour ancrer la pensée philosophique dans la sphère culturelle et intellectuelle du Royaume, se remémorant le doyen de la philosophie, le défunt Mohamed Aziz Lahbabi, qui misait sur plusieurs de ses étudiants brillants, dont Mohammed Sabila.

Dans sa présentation intitulée «La modernité et la question de postmodernité», le penseur et auteur marocain Abdessalam Ben Abdelali, a débattu de la question de la détermination temporelle de la modernité dans la pensée occidentale, francophone et anglo-saxonne, en concluant que «la modernité est une modernisation continue et un mouvement historique insatisfait de sa situation et en quête de contrarier les autres courants et de s'en séparer».

Pour sa part, le professeur de philosophie moderne et d'esthétique à l'Université Mohammed V de Rabat, Mohammed Noureddine Affaya, a assuré que Mohammed Sabila est à la fois un spécialiste dans le domaine d'enseignement, un acteur politique chevronné, un intellectuel doué et un traducteur de haut calibre, notant qu'il s'intéressait depuis les années 1960 à la position de la pensée dans les pratiques culturelles.

Dans son intervention placée sous le signe «La problématique de la modernité et l'imitation dans la pensée de Mohammed Sabila», Mohamed Ech-Cheikh, penseur et enseignant chercheur en philosophie contemporaine à l'Université Hassan II de Casablanca, a précisé que M. Sabila adopte les concepts de «structure» et de «système» pour déterminer les pôles d'imitation et de modernité et celui de la «dynamique» pour expliquer la réalité de chacun des deux pôles, passant en revue les mécanismes de rivalité entre eux et leurs stratégies.

Dans son témoignage intitulé «Trois noms possibles pour un destin unique», l'écrivain et chercheur en philosophie moderne Adel Hadjami, a affirmé que Mohammed Sabila fait partie d'une génération de grands politiciens ayant pour ambition de s'imposer face au colonialisme, mettant en avant ses nobles qualités humaines et intellectuelles. «Mohammed Sabila, toujours debout», a estimé Ahmed Cherrak, professeur de sociologie à la Faculté des lettres Dar El Mehraz de Fès, dans une intervention dans laquelle il a souligné le sentiment d'estime et de respect qu'éprouvaient les étudiants à l'égard de leur professeur Mohammed Sabila, un intellectuel qui ne cédait pas à la foule et encore moins au front politique étroit, un homme ouvert et pacifique. Quant au professeur de philosophie moderne Abdelmajid El Jihad, il a débattu de «L'intellectuel et la question de modernité chez Mohammed Sabila», en analysant le concept de l'intellectuel et son rôle, la fin de l'«intellectuel prédicateur» et la naissance de «l'intellectuel critique», ainsi que la relation entre l'intellectuel, le pouvoir et la société, notant que ce qui nous manque aujourd'hui c'est l'invention de nouveaux outils conceptuels et pratiques intellectuelles, devant favoriser la gestion des idées de manière à les rendre plus «réalistes» et «efficaces», selon le penseur arabe Ali Harb.Pour l'écrivain tunisien Hassouna Mosbahi, la stagnation dont pâtit le monde arabe est due à l'échec de toutes les tentatives d'illumination et leur incapacité à éliminer l'obscurité accumulée depuis des siècles de décadence et d'arriération, avec la naissance d'une modernité «hybride» et «endommagée», selon la conception de Mohammed Sabila. «Mohammed Sabila fait preuve d'une étonnante maturité et constitue de nos jours une école et non pas seulement une simple référence indispensable dans le domaine de la modernité, ses courants et ses dimensions», a estimé le romancier Mobarak Rabii. Dans son intervention intitulée «Mohammed Sabila, pour une prise de conscience philosophique de la modernité», Abdelali Maazouz, enseignant chercheur de philosophie moderne à l'Université Hassan II, a mis en avant le souci de Mohammed Sabila de maîtriser les différents piliers philosophiques du phénomène de la modernité et de débattre de la question de l'idéologie, en tant que clé pour la compréhension de la modernité, la réalité et la société. Pour ce qui est de l'académicien Abdessalam Tawil, il a mis en avant l'ouverture de Mohammed Sabila aux sciences humaines et son souci de la modernisation politique, intellectuelle et politique, notant que plusieurs de ses œuvres s'articulent autour de trois axes, à savoir l'idéologie, la modernité et la mondialisation.

Mhamed Dahi, professeur de communication à l'Université Hassan II, a souligné dans son exposé intitulé «La rhétorique dans les écrits de Mohammed Sabila» que malgré les difficultés liées à la naissance de la modernité, M. Sabila la considère comme une fatalité inévitable si on veut avoir une place au monde, précisant que ce grand homme œuvre à harmoniser la pensée philosophique avec le rythme de vie, en alliant profondeur d'analyse et simplicité, de manière à s'adresser à un large public.

Réagissant à cet hommage appuyé, Mohammed Sabila a souligné qu'il appartient à l'école philosophique moderne marocaine, une extension de la pensée du mouvement national, qui était en quête de l'émancipation et du progrès, notant qu'elle constitue de nos jours la plus grande école dans le monde arabe à côté de celle tunisienne. Dans ce cadre, il a assuré que le processus de modernité au Maroc n'est ni clair ni simple, mais constitue une opération complexe en rivalité permanente avec l'imitation, notant que la modernité est unique et s'inscrit dans le cadre d'une rationalisation globale du monde, malgré ses niveaux multidimensionnels.
Placée sous le Haut Patronage de S.M. le Roi Mohammed VI, la 39e édition du Moussem culturel international d'Assilah prévoit, par ailleurs, la célébration du 20e anniversaire de la revue londonienne «Banipal», un magazine dédié à la traduction de la littérature contemporaine arabe en anglais, ainsi que l'organisation d'une série d'activités culturelles et artistiques. 

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