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L’Institut français de Marrakech et la Fondation Mohammed Arkoun pour la paix entre les cultures ont organisé, le 2 mars à la Maison Denise Masson, une rencontre-hommage au grand philosophe et historien de la pensée islamique Mohammed Arkoun, autour du livre «Lectures du Coran», réédité à titre posthume aux Éditions «La Croisée des chemins». Lors de cet événement, se sont relayés pour rendre hommage à cette grande figure de l’islamologie contemporaine, décédé le 14 septembre 2010 à l’âge de 82 ans, Naïla Sellini, spécialiste de l’exégèse coranique et professeure à l’Université de Sousse en Tunisie, le Pr François L’Yvonnet, philosophe, éditeur et secrétaire général de l’Académie de la Latinité de Rio de Janeiro au Brésil, Abdelkader Retnani, directeur la Maison d’édition marocaine «La Croisée des Chemins», et Touria Yacoubi Arkoun, épouse du défunt et présidente de la Fondation Mohammed Arkoun. Édité une première fois en 1982 en France puis une seconde fois en Tunisie, «Lectures du Coran» a été publié une troisième fois en 2016 chez «Albin Michel».
«C’est un livre testament, très riche et très précieux qui est la matrice du travail de Mohammed Arkoun qu'il ne cessait d’enrichir depuis 1982», a confié Mme Arkoun au journal «Le Matin». L’ouvrage est «une mine de pistes ouvertes pour les chercheurs désireux d’aller plus loin dans l’étude des textes religieux, du jihad, de la condition de la femme et de la métaphore», a-t-elle ajouté, faisant observer que la décision de coéditer le livre a été dictée par le souci de le rendre accessible aux ménages marocains. Elle a également fait savoir que cette parution à titre posthume intervient dans un contexte particulier où l’esprit et l’intelligence de nos jeunes sont affectés par «toutes sortes de poisons véhiculés par des imams complètement ignares» et où la parole de Mohammed Arkoun et son travail de plus de 50 ans sont mis de côté.
En effet, à la lumière de son immense érudition et de la vigueur exceptionnelle de son questionnement, le défunt a été l'un des rares intellectuels musulmans à avoir su produire, sur la question sensible d'une réforme de l'Islam, le double effort de critique et de reconstruction qu'elle réclame. Depuis sa fameuse «Critique de la raison islamique» (1984) jusqu'à son récent «Humanisme et Islam» (2005), ses analyses sur la situation morale, sociale, politique et spirituelle de l'Islam reposaient sur une argumentation particulièrement approfondie.
