Mustapha Sehimi : «Le Discours Royal est un appel à la responsabilité et au travail sérieux»

C’est une nouvelle approche que celle adoptée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans son discours prononcé vendredi dernier devant les membres des deux Chambres du Parlement à l'occasion de l'ouverture de la première session de la troisième année législative de la dixième législature. Le Discours Royal marque en effet une forte inflexion : l’appel à la responsabilité et au travail sérieux, érigés en mots d’ordre. C’est en tout cas, la lecture faite par le politologue Mustapha Sehimi qui était l’invité de Rachid Hallaouy dans l’émission «L’Info en face», diffusée sur Matin TV. Celui-ci explique qu’il s’agit bien d’une nouvelle approche puisque le Souverain s’est adressé à deux publics : aux parlementaires, mais aussi à l’ensemble des Marocains. «L’interpellation est forte. C’est un discours de mobilisation qui insiste sur un certain nombre de points : sur le dépassement des positions partisanes des uns et des autres, sur la nécessité de conjuguer les efforts de tous et de faire prévaloir l’intérêt collectif», relève le politologue.
En effet, poursuit l’invité, le rôle des partis politiques est d’assurer une fonction d’accompagnement et de soutien des réformes actuelles, mais aussi de mobilisation. «On ne peut pas dire aujourd’hui que les partis politiques sont mobilisés dans ces chantiers réformateurs. C’est le cas dans leur discours, mais pas dans la pratique», note M. Sehimi.
Au sujet du service militaire obligatoire, M. Sehimi signale que c’est la première fois que le Souverain revient publiquement sur le sujet. «Il y a eu plusieurs interprétations, ambigüités et résistances et le Souverain a tenu à expliquer la finalité de ce service : c’est un levier social, un facteur d’intégration de dizaines de milliers de jeunes dans le corps des Forces Armées Royales et c’est aussi un moyen de formation».
L’appel à la promotion d’une classe moyenne agricole constitue une autre nouveauté apportée par le Discours Royal. «Le Souverain a parlé de petits agriculteurs parce qu’ils n’ont pas de lobby. Ce sont des sans-voix, d’autant que le taux de syndicalisation dans le monde agricole est extrêmement faible», soutient le politologue. Ainsi, pour favoriser l’émergence d’une classe moyenne agricole, il est question d’assainir ce secteur soumis aux spéculations et à la mainmise de la chaîne des intermédiaires. Ceci permettra aux jeunes ruraux d’avoir des opportunités d’emploi supplémentaires et constituera un élément de stabilisation et de cohésion sociale, mais également politique. Pour le volet concernant le nouveau modèle de développement, Mustapha Sehimi indique que le délai de trois mois fixé par le Souverain s’inscrit dans le cadre d’une nouvelle gouvernance. «Il s’agit d’un chantier. Les orientations ne suffisent plus, il faut fixer des délais de réalisation», souligne-t-il.