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Les judokas de l’élite marocains se prennent les pieds dans le tapis au Marrakech Grand Prix

Asmaa Niang (-70 kg), Imad Bassou (-66 kg) et Ahmed El Meziati (-73 kg) n’ont pas brillé au Marrakech Grand Prix de judo qui s’est déroulé du 8 au 10 mars à la ville ocre avec la participation de plus de 500 judokas représentants 73 pays. Malgré l’émergence d’une nouvelle génération de jeunes loups qui a réussi à atteindre le deuxième tour, force est de constater que le bilan n’est pas positif, dixit le directeur technique national, Christian Chaumont, qui a retenu, en revanche, le bon état d’esprit de la nouvelle vague de judo marocain.

Les judokas de l’élite marocains se prennent  les pieds dans le tapis au Marrakech Grand Prix
Reportage photos Aissa Saouri

Tête de série numéro 1 de toute la compétition et neuvième mondiale, Asmaa Niang s’est pris samedi les pieds dans le tapis au Marrakech Grand Prix de judo. La Marocaine a chuté dès le second tour face à l’Allemande Sara Maeklburg. Un scénario qui était impensable avant le début du combat. À égalité durant le temps réglementaire, les deux athlètes ont recours au golden score. Et c’est lors de cet extra time que la Marocaine s’est fait piéger en se faisant éliminer par ippon. Le directeur technique Cbristian Chaumont a tenté de trouver une explication à cette défaite en assurant au «Matin» que : «l’interruption du match pendant un moment en raison des saignements de l’Allemande a déconcentré Asmaa qui est complètement sorti de son match. Après la reprise, elle faisait n’importe quoi», nous a-t-il expliqué. Certes, la défaite de Niang n’a aucun effet sur son classement en vue de la qualification pour les JO Tokyo 2020, mais ce revers risque de peser lourd sur son mental. À elle de se relever le plus vite et poursuivre sa quête aux points dans d’autres grandes manifestations.

Imad Bassou et Ahmed El Meziati, par ici la sortie
Considéré comme une chance de podium, étant donné son classement mondial (24e) et son expérience, et vu qu’il a disputé les JO de Rio 2016, Imad Bassou a été sorti dès son entrée en lice par l’Ouzbek Shakhram Akhodov. «Imad a perdu parce qu’il n’a pas fait ce qu’il fallait pendant le combat. Si on ne fait pas ce qu’il faut faire, ça ne paye pas», a analysé pour le «Matin» Christian Chaumont. L’autre chance de médaille, Ahmed El Meziati, a subi à son tour la loi de l’Italien Leonardo Casaglia par ippon. Seul Issam Bassou, le frère cadet de Imad, a réussi à se hisser jusqu’au quart de finale. Un exploit pour le jeune judoka marocain qui peut rêver de lendemains enchanteurs. 


Convention et infrastructure

Introduction du judo dans des écoles  et construction d’un centre de formation à Marrakech

Deux conventions de partenariat ont été signées samedi en marge du Grand Prix de judo à Marrakech. La première concerne l’introduction du judo dans les écoles et la seconde la construction d’un Centre de formation international de judo à Marrakech.

Au-delà de l’aspect sportif, le Grand Prix de Marrakech laissera un héritage pour le judo marocain. En effet, deux conventions ont été signées samedi en marge de cet événement d’envergure. La première est relative à l’introduction du judo dans des écoles. Elle a été signée par le ministère de la Jeunesse et des sports, le ministère de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, la Fédération internationale de judo (FIJ) et la Fédération Royale marocaine de judo. La seconde convention, qui a trait à la création d’un Centre international de judo, a été signée par le ministère de la Jeunesse et des sports, la Fédération internationale de judo et la Fédération Royale marocaine de judo.
Dans son allocution à la cérémonie d’ouverture, le ministre de la Jeunesse et des sports, Rachid Talbi Alami, a déclaré : «Je suis ravi que nous ayons convenu avec la Fédération internationale de judo d’organiser cinq compétitions au Maroc, dont ce Grand Prix de Marrakech. Nous avons signé deux conventions avec la FIJ. La première concerne la construction d’un Centre de formation international de judo à Marrakech qui devra abriter également le siège de l’Union africaine de la discipline. La seconde concerne l’introduction du judo dans des écoles. Ce programme démarrera dans 44 écoles du Royaume, notamment à Dakhla, Laâyoune, Guelmim, des écoles de l’Oriental, de Fès et Béni Mellal, entre autres», a-t-il assuré. De son côté, M. Maius L. Viser, président de la FIJ, s’est félicité de la bonne organisation du GP de Marrakech. Il a, en outre, assuré que le Maroc ouvre la voie au développement du judo africain. 


Entretien avec Habib Sissoko, président de l’Union africaine de judo

«L’Afrique pourrait qualifier plus d’une vingtaine de judokas pour Tokyo 2020»

Présent à Marrakech pour assister au Grand Prix international de judo, Habib Sissoko, président de l’Union africaine de la discipline, a accordé un entretien au «Matin» dans lequel il est revenu bien évidemment sur Marrakech Grand Prix, sur le nombre de judokas que l’Afrique pourrait qualifier aux JO de Tokyo 2020, ainsi que sur l’héritage que peut laisser l’organisation de ce genre de manifestations.

Le Matin : En tant que président de l’Union africaine de judo, vous estimez qualifier combien de judokas africains aux JO de Tokyo ?
Habib Sissoko
: On espère qualifier plus d’une vingtaine de judokas africains pour Tokyo, parce que le système de qualification de la Fédération internationale de judo (FIJ) ne se limite pas uniquement aux qualifications internationales. Il y a aussi le quota que la FIJ octroie à l’Afrique. Je pense que nous pourrions qualifier plus d’une vingtaine de judokas pour Tokyo.

Vous avez dit qu’aucun judoka africain n’est monté sur le podium olympique depuis 2008 à Pékin, qu’est-ce que vous faites à l’Union africaine de la discipline pour mettre fin à ces années de disette ?
Nous avons créé plusieurs compétitions sur le continent. Tout cela pour permettre à nos judokas d’être mieux préparés et de disputer plusieurs compétitions pour qu’ils puissent monter à nouveau sur le podium olympique à Tokyo. Avec Marrakech Grand Prix que nous organisons ici, le Master que nous avons déjà organisé et d’autres compétitions organisées par d’autres pays, je suis persuadé qu’on prépare nos athlètes à être plus performants pour pouvoir monter à nouveau sur les podiums olympiques.

Pour avoir des champions, il faut élargir la base des pratiquants, que fait l’Union africaine dans ce sens ?
Vous savez, cette politique n’appartient pas trop à l’Union africaine de judo. C’est les États qui devront s’impliquer davantage dans les politiques publiques de sport. On essaye de sensibiliser les États dans ce sens. Sans vouloir flatter, je constate que le Maroc s’est lancé dans cette politique depuis 2012. J’ai vu que le Royaume a multiplié les investissements dans le sport. À l’époque, j’ai vu que les autorités marocaines n’étaient pas contentes des résultats de Londres. Quand on voit aujourd’hui les résultats des judokas marocains, on réalise que les choses ont beaucoup changé. Il y a une amélioration visible.

Que pourra apporter un Grand Prix comme celui de Marrakech au judo marocain et africain ?
Je suis persuadé que ce genre de Grand Prix, qui demande beaucoup d’investissements, finira par porter ses fruits. Quand on investit aujourd’hui, c’est demain qu’on récolte les fruits. 


Entretien avec Chafik El Kettani, président de la Fédération Royale marocaine de judo

«Il y a une déception, mais le bilan global est correct»

Le bilan de l’équipe nationale au Grand Prix de judo de Marrakech, la création d’un Centre international de formation africain au Maroc, le judo dans des écoles et le Grand Prix du Maroc 2020 qualificatif pour les Jeux olympiques qui se tiendra à Rabat... Chafik El Kettani dit tout.

Le Matin : Comment évaluez-vous la performance de l’équipe nationale au Marrakech Grand Prix de judo après deux journées de compétition ?
Chafik El Kettani
: On est au deuxième jour. Il reste encore une journée de compétition. Je ne dirais pas qu’il y a une déception, mais on s’attendait à des résultats meilleurs, notamment au niveau des moins 60 kg par Issam Bassou qui a perdu en quart de finale et aujourd’hui (NDLR samedi 9 mars) avec Asmaa Niang qui était tête de série et qui devait normalement arriver facilement au carré final, ainsi qu’Ahmed El Meziati chez les moins 73 kg qui était un des favoris, mais malheureusement ça n’a pas marché pour lui aujourd’hui. À côté, on a beaucoup d’athlètes qui sont parvenus au deuxième tour. Dans un Grand Prix, un deuxième tour, c’est énorme. Pour arriver en quart ou en demi-finale, il faut faire un deuxième tour. Il y a une déception, mais le bilan global est correct. Il est dans la logique de la progression de notre discipline et de l’équipe nationale. Elle se fait par paliers progressifs.

Au-delà des résultats, deux conventions ont été signées ce samedi. La première concerne la construction d’un centre de formation africain de judo et une autre relative au développement du judo dans des écoles. Parlez-nous en détail de ces deux conventions ?
Concernant la convention judo dans les écoles, c’est un programme de la Fédération internationale qui l’a déjà installé dans plusieurs pays africains, en Roumanie et dans plusieurs pays asiatiques. Maintenant, c’est au niveau du Maroc. C’est un projet de grande ampleur. La Fédération internationale va s’occuper de l’installation des écoles de judo dans une quarantaine d’écoles réparties sur l’ensemble du territoire national, notamment à Dakhla, Laâyoune, les régions d’Oujda et de Béni Mellal. Pour nous, ce programme va servir à introduire le judo dans les écoles, élargir la base des pratiquants et véhiculer les valeurs éducatives pour les enfants. La Fédération internationale de judo va s’occuper du projet pendant deux ans. J’espère que nous allons prendre le relais nous-mêmes, la Fédération, les ministères de l’Éducation et de la Jeunesse et des sports pour pérenniser cette initiative. Le deuxième projet n’est pas nouveau. Cela fait deux ans et demi qu’on discute de la création de ce Centre de formation africain au Maroc. Il y avait un problème de ville et d’attractivité. Et après deux grandes manifestations à Marrakech, La Fédération internationale a préféré que le Centre soit à Marrakech parce que c’est une ville attractive et connue. Il n’y aura pas dans ce Centre que des équipes africaines. Les équipes européennes et asiatiques pourront aussi venir dans ce Centre international. En plus, ce centre va abriter le projet sport-études pour le judo.

Après Marrakech Grand Prix, Rabat va abriter, début 2020, une grande manifestation qualificative pour les JO de Tokyo, parlez-nous de cette manifestation ?
Dans le contrat qu’a signé le gouvernement du Maroc avec la Fédération internationale de judo, il s’agit de permettre au Maroc d’abriter durant cette olympiade trois Grands Prix. Le premier était à Agadir l’année dernière. Le second, c’est ce Marrakech Grand Prix. Le troisième est le Grand Prix du Maroc qui sera organisé l’année prochaine, trois ou quatre semaines avant la fin des éliminatoires aux JO. Tous les athlètes vont venir, même ceux qui sont déjà qualifiés. Pour être qualifié aux JO, il faut être classé dans les 16 premiers mondiaux dans chaque catégorie. Même ceux qui sont déjà dans les 16 premiers voudront venir pour ne pas perdre leurs points. Ils voudront s’assurer qu’ils resteront dans les 16 premiers. Il y aura tout le monde. Il y aura ceux qui sont classés entre les 17e et 30e place et qui espèrent toujours rentrer dans les 16 premiers. Les 16 premiers, s’ils n’ont pas une avance très confortable en points, seront obligés de venir pour maintenir leur position et participer aux Jeux olympiques. La Fédération internationale et nous-mêmes attendons une participation record. Ça peut atteindre facilement 800 athlètes. Et vu le nombre de tatami qu’on doit organiser, il vaut mieux organiser cet événement à la salle couverte du complexe sportif Prince Moulay Abdellah de Rabat. 

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