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L’IRES analyse l’impact sur les mouvements migratoires

Si l’adhésion du Maroc à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) vient à se concrétiser, elle impliquera de nouveaux engagements au niveau migratoire. Un rapport de l’Institut Royal des études stratégiques (IRES) a examiné les différents changements qu’une telle adhésion pourrait sous-tendre.

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Les perspectives migratoires changent selon que le Maroc soit admis ou non à la Cédéao. C’est ce qu’affirme un nouveau rapport de l’Institut Royal des études stratégiques (IRES). Réalisé par le chercheur El Arabi Mrabet, le document portant sur la migration africaine a consacré une part importante à l’adhésion du Maroc à l’organisation régionale africaine et son impact sur les politiques migratoires adoptées par le pays.
Examinant les différents scénarios relatifs à l’adhésion, ou pas, du Maroc à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, le rapport souligne que dans l’hypothèse où il ne serait pas admis dans la Communauté, le Royaume gardera toute sa liberté de réguler l’immigration sur son territoire, compte tenu de l’évolution de sa démographie et de son économie relativement au marché de l’emploi, de l’émigration de ses ressortissants, sous réserve du respect de ses engagements internationaux actuels et à venir, et sans revenir sur les droits acquis dans le cadre de la Stratégie nationale d’immigration et d’asile et la nouvelle politique marocaine d’immigration. L’immigration continuera probablement comme avant, vu les constatations faites plus haut.
Dans le cas où le Royaume deviendrait membre de la Communauté, le rapport souligne que le Maroc va devoir mettre en application les Protocoles relatifs à la libre circulation, laquelle application connaît des obstacles. L’IRES soulève à cet égard deux points :
• Étudier la possibilité d’introduire le principe de réciprocité qui n’est prévu ni dans le traité constitutif ni dans les Protocoles sur la libre circulation de la Communauté. En matière de migration comme dans d’autres domaines, il n’est pas logique que cette dernière soit appliquée dans les faits par un seul État. Des clauses dites de sauvegarde sont généralement prévues.
• Examiner les dispositions relatives à cette même question, prévues et appliquées dans le cadre de l’Accord d’association conclu entre la Communauté et la Mauritanie, passage terrestre entre la Communauté et le Royaume, qui serait associé à son voisin du sud aussi ? Les flux migratoires sont plus ou moins infléchis par la politique mauritanienne et celle de l’Algérie en matière de contrôle.
Par ailleurs, analysant les tendances et perspectives migratoires continentales, y compris ouest-africaines, le rapport mis en ligne il y a quelques jours formule plusieurs recommandations aux gouvernements africains au sujet de la migration. Dans ce sens, le document de 284 pages plaide en faveur de la mise en place de politiques courageuses qui devraient permettre aussi bien de remédier aux causes profondes de cette migration que gérer efficacement ses flux, prévenir et endiguer les risques et menaces qui lui sont liés.
Selon les recommandations du rapport, les États devraient mettre en place un modèle de développement humain et social durable tenant compte des impératifs de l’intégration sous-régionale et continentale. Ils devraient également adopter un cadre juridique et administratif plus approprié à la libre circulation et mettre en place des organismes chargés des problèmes de la migration aux niveaux informationnel, des analyses et décisionnel. «Ils devraient aussi mettre en vigueur un arsenal de mesures nationales et coordonnées entre États et institutions, aux fins de prévenir et traiter les risques grandissants induits par la croissance et la diversification des formes de criminalité transnationale sur le continent et ses conséquences sur la migration», précise le rapport.
S’agissant des Communautés économiques régionales, ils devraient mettre en place des politiques de régulation démographique concertées, sinon une politique commune, souligne le rapport. Dans le même sens, ces Organisations devraient penser leur intégration en relation étroite avec l’intégration du continent dans une optique complémentaire afin d’éviter les concurrences préjudiciables au développement de tous. «Elles devraient aussi mettre en place des mécanismes adéquats de prévention des migrations forcées de certains groupes humains, par exemple des organes proactifs de prévention et de gestion pacifique des conflits entre groupes socio-ethniques et entre eux et les pouvoirs publics», préconise le rapport.
Des mesures sont également à prévoir dans le cadre de l’Union africaine. Il s’agit, selon la même source, de l’élaboration d’une vision stratégique continentale claire d'un développement humain et social durable et autonome et qui devrait être déclinée à l’horizon (2030-2035). De même, une réforme concertée des systèmes éducatifs africains devrait être mise en place conformément à cette vision et d’un dénominateur commun, ou programme minimum obligatoire, d’enseignement de disciplines fondamentales et d’éducation à l’africanité, transcendant le clivage actuel pays anglophones, francophones et lusophones et réconciliant l’Afrique avec elle-même, conclut le rapport.

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