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Ce n'est pas que des dépenses

Synonyme de chhiouate et boulfaf pour les uns, de «sounna» ou d'énorme trou dans le budget pour les autres, Aïd Al Adha représente également une occasion pour certains de gagner de l'argent.

Ce n'est pas que des dépenses
En effet, période de consommation à outrance, la grande fête ne fait pas que des souffrants de troubles digestifs ou des mécontents de la cherté des moutons. Certains, plus malins et plus débrouillards, profitent bien de cette période où l'objectif suprême pour les petites bourses reste de se débrouiller le prix de la bête.

Les petits métiers et les commerces de fortune foisonnent de toutes parts. Tout le monde fait du tout et du n'importe quoi. Plusieurs s'improvisent bouchers, intermédiaires (chennaqa) ou aiguiseurs de couteaux. D'autres travaillent comme porteurs de moutons, vendeurs d'aliments pour bétail, de charbon ou de braseros.
Ahmed, chômeur pour le reste de l'année, attend cette occasion avec impatience.

Touche à tout, il ne manque pas d'idées pour se faire de l'argent pendant cette période. Dix jours avant l'Aïd, il troque ses chemises et ses pantalons propres contre un vieux jeans, une blouse et de gros souliers. Mission: servir de guide pour tous ses voisins désireux d'acheter leur sacrifice. «Pour le prix de mon mouton, je ne me fais pas de soucis. Je sais que, durant cette période, je gagnerai assez d'argent pour l'acheter», souligne Ahmed.

Sa commission, Ahmed ne la négocie jamais. «Elle varie de 50 à 100 DH, selon la tête du client. Durant les cinq jours qui précèdent le jour de la fête, je peux me faire dans les 500 DH/jour». Le travail d'Ahmed ne se limite pas à cela. Le jour J, muni de ses couteaux de différentes tailles, il se reconvertit en boucher. Entre 100 et 150 DH le mouton égorgé et dépecé, sa recette dépasse souvent 1.000 DH. Qui dit mieux ?

Le jour de la fête, d'autres petits métiers foisonnent. Certains jeunes, en quête d'argent de poche, grillent les têtes et les pattes des moutons. Les clients dont les habitations sont étroites ou qui veulent éviter cette corvée, sont de plus en plus nombreux à se payer ce service.

A chaque coin de rue, travaillant en duo ou en groupe, ces «amateurs grilleurs» installent de grands bûchers qu'ils alimentent avec de vieux morceaux de bois. Le service coûte entre 15 et 20 DH la pièce.

En fin de journée, les poches pleines d'argent, ces petits malins dégustent le repas du soir, souvent du couscous ou une épaule cuite à la vapeur, avec plus d'appétit. Attention quand même aux saletés laissées après leur départ.
D'autres petits futés se livrent à un autre commerce le jour de la fête.

Ils achètent les peaux et les cornes des moutons à des prix dérisoires (20 DH) pour les revendre à des grossistes avec des bénéfices considérables. Les peaux sont travaillées et utilisées dans la fabrication des tambours, taarej et autres bendirs. Quant aux cornes, ils servent à la fabrication des peignes traditionnels.
D'autres collectent les peaux de mouton pour en faire de belles toisons que les gens utilisent en guise de petits tapis de prière.

A environ 70 DH la pièce, ces artisans réalisent l'essentiel de leur chiffre d'affaires à l'occasion de l'Aïd. Le reste de l'année, ils se contentent des peaux des moutons égorgés pour les fêtes de baptême, de fiançailles ou de pèlerinage.
Parmi les petites innovations qui ont vu le jour ces dernières années figure l'hébergement des bêtes.

En effet, à l'écoute de la demande des clients qui n'ont plus assez d'espace pour loger un mouton dans leurs appartements, certaines personnes, disposant d'un garage, proposent une prise en charge totale de la bête. Contre 20 DH/j, l'animal est logé nourri. Il est même transporté jusqu'à sa destination finale la veille de l'Aïd ou très tôt le jour même. «Cela me fait assez d'argent pour acheter la bête et tout ce qu'il faut pour passer une très bonne fête.

Surtout que le garage appartient à la famille et demeure inutilisable pour le reste de l'année», souligne un jeune qui se convertit en «hôtelier pour moutons», l'espace d'une dizaine de jours.

D'autres jeunes, plus sportifs, ne reculent devant rien pour avoir leur part du gâteau. Ils font appel à leurs muscles pour bénéficier de cette aubaine, où la folie dépensière s'empare de tout le monde. Ce sont les porteurs de moutons qui investissent les grands souks des moutons. Pour 5 ou 10 DH, ils portent la bête du lieu d'achat jusqu'au moyen de transport prévu par l'acheteur. Pour gagner encore plus d'argent, ils guident l'acheteur vers un transporteur de leur choix. Une démarche sur laquelle ils perçoivent, bien sûr, un petit bonus de la part de ce dernier.

Les transporteurs se frottent également les mains à l'approche de l'Aïd. A l'aide de leurs petits véhicules utilitaires ou de triporteurs, ils réalisent l'une de leurs meilleures recettes de l'année. Entre 30 et 80 DH la pièce selon le trajet, ils veillent toujours à transporter plusieurs bêtes à la fois afin de multiplier leurs gains qui peuvent atteindre, le week-end qui précède la fête, jusqu'à 2.000 DH, selon un transporteur.
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Charognards

Profitant de la fête, période qu'un grand nombre de Marocains désirent passer en famille, certains professionnels peu scrupuleux, augmentent leurs tarifs.

Par exemple, les professionnels du transport périurbain doublent, voire triplent leurs tarifs habituels, souvent au vu et au su des autorités. Il suffit de faire un tour à la gare Ouled Ziane à Casablanca par exemple pour constater les dégâts. Des clients qui passent toute leur journée à attendre vainement un transporteur qui garde le même tarif.

Côté achat du mouton, attention à l'arnaque. Des vendeurs ou chennaqa sans vergogne peuvent vous «fourguer» des bêtes malades ou agonisantes. Parfois, les bêtes sont tout simplement gonflées à l'aide d'eau salée que les fraudeurs leur font ingurgiter, ou carrément à l'aide d'une pompe à gonfler.
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