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Accueil next Des soubassements pour l'édifice social

Le gouvernement affiche une confiance inébranlable

Depuis l'annonce par le gouvernement d'un taux de croissance de 6,8% pour l'année 2008, la polémique n'en finit pas.

Le gouvernement affiche une confiance inébranlable
Le débat reste toujours un sujet brûlant d'actualité. Observateurs et partis de l'opposition ne cessent de répéter qu'il ne s'agit que d'un simple souhait qui sera, sans aucun doute, irréalisable.

Lors de son premier exercice au Parlement en tant que ministre de l'Economie et des Finances, Salaheddine Mezouar a dû, à plusieurs reprises, faire face aux remarques acerbes de plusieurs parlementaires doutant de la capacité du gouvernement à réaliser un tel taux après une année 2007 très difficile. En dépit de toutes les remarques, l'argentier du Royaume est resté on ne peut plus optimiste, expliquant les raisons qui ont poussé le pouvoir exécutif à tabler sur 6,8%. On vient de reprendre le même débat au sein de la deuxième Chambre. L'opposition ne baisse pas les bras estimant que le gouvernement doit revoir ses chiffres.

Le même avis est formulé par des observateurs, sceptiques à l'idée de pouvoir réaliser un taux de croissance de 6,8%.
Contacté par Le Matin, l'économiste Larbi Jaidi explique que ce chiffre est sous conditions : «Il est lié à l'évolution de la campagne agricole.

Les prévisions pour 2008 concernent la réalisation d'une récolte céréalière moyenne de 60 millions de quintaux. Il faut au moins que cette hypothèse soit réalisée.» Il indique que le taux de croissance était très bas pour l'année écoulée et qu'il est normal qu'il soit plus élevé en 2008. Mais, il y a «peu de probabilités de réaliser le taux annoncé par le gouvernement vu la conjoncture pluviométrique qui témoigne d'une année agricole en deçà des prévisions. La tendance est de s'éloigner de ce taux de croissance.»

L'économiste Driss Benali partage son point de vue. Sceptique, il annonce qu'il s'avère très difficile d'atteindre l'objectif tracé vu la situation actuelle. Il énumère trois conditions soulignant que beaucoup de variables entrent en jeu : la saison agricole, le prix du carburant et la conjoncture internationale. «C'est beaucoup plus un souhait qu'un chiffre réaliste. L'agriculture est déterminante et représente 16% du PIB alors que l'actuelle saison agricole s'annonce mal.
En outre, il y a le problème de la balance commerciale.

Pour le tourisme, il est toujours fragile même si la situation est aujourd'hui favorable.

Quant aux transferts des MRE, ils sont très volatils et subissent la conjoncture variant selon les circonstances», dit-il. M. Benali signale que le Maroc fait face à de grands défis et qu'il faut mettre en place beaucoup de réformes qui n'ont pas eu lieu. Il estime que le Maroc, plongé en pleine mondialisation, enregistre beaucoup de retards et son économie se heurte à plusieurs obstacles. «Quand on est au gouvernement, il est tout à fait logique d'être optimiste mais il ne faut pas non plus tomber dans la démagogie», tient-il à préciser.

Cependant, selon M. Mezouar, il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Il indique qu'il s'agit d'une prévision «rationnelle» pour plusieurs considérations dont la dynamique continue de l'économie mondiale ainsi que du commerce international. Il explique que le projet de Loi de finances 2008 a été élaboré dans un contexte économique et financier international favorable, caractérisé par des perspectives de croissance de 4,9% (croissance de la zone euro : 2,1% ; croissance des Etats-Unis d'Amérique : 1,9% ; croissance des pays de l'Asie : 8,8 %.) et des échanges commerciaux internationaux qui devraient croître de 7,4%.

L'économiste Driss Benali n'est pas d'accord avec cette explication. Contrairement à l'argentier du Royaume, il affirme, pour sa part, que la conjoncture internationale est défavorable puisqu'elle est marquée par la crise de l'immobilier aux Etats-Unis. Une crise qui se répercute négativement sur le monde entier.

En outre, M. Benali dit que le Maroc ne doit pas prendre en compte le taux de croissance mondial mais plutôt celui de l'Europe notamment la France qui connaît à l'heure actuelle d'énormes difficultés. «La conjoncture internationale est favorable aux pays compétitifs et aux pays pétroliers. Quant au Maroc, il ne doit pas prendre en compte cette conjoncture car il n'est pas compétitif sur le marché international», explique-t-il.

Concernant ce dernier point, le responsable gouvernemental ne cache pas que le Maroc doit faire un effort au niveau des exportations pour rendre son économie plus compétitive qu'à l'heure actuelle sur les marchés internationaux. Le ministre de l'Economie et des Finances indique qu'au niveau des échanges externes, notre pays enregistre un déficit commercial important.

Ainsi, le Maroc est devant un grand défi, celui de soutenir les secteurs destinés à l'export : «Les importations augmentent. Il faut en parallèle être fort au niveau productif pour pouvoir garantir une place au niveau international».
On ambitionne de promouvoir des secteurs prometteurs tels que l'artisanat et l'industrie chimique. La tendance est vers l'amélioration de la compétitivité de l'économie pour lui permettre de profiter des opportunités offertes par l'ouverture des marchés et de se prémunir contre les risques qu'elle comporte.

Malgré les critiques des uns et des autres, M. Mezouar reste confiant dans l'avenir. Il estime que même si on arrive à réaliser 40 millions de quintaux de blé, le taux de croissance ne sera pas inférieur à 6,2%.
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Une évolution tributaire des échanges

Le gouvernement s'est engagé à mettre en place des conditions d'une croissance forte et durable et de renforcer la position du pays en tant que plateforme d'investissement et de production.

Pour que le taux de croissance soit à la hauteur des aspirations, on est unanime à signaler que la promotion des exportations est un facteur déterminant. Ainsi, M. Mezouar annonce une série de mesures :
- développement des instruments de couverture des risques de change et de garanties des exportations;
- renforcement de certains secteurs porteurs pour soutenir leurs capacités d'exportation : artisanat et industries chimiques et para-chimiques ;
- création de zones franches et de plateforme d'exportation et de logistique;
- poursuite du processus de libéralisation du compte capital et création des conditions nécessaires pour la mise en place d'un régime de change plus flexible ;
- développement des relations de partenariat avec les entreprises de renommée internationale : Renault-Nissan ;
- OCP : stratégie d'investissement et partenariat préservant sa place de leader dans la production et l'exportation : 30 MMDH d'investissement pour la période 2008-2015.
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