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Les leçons d'une épopée historique

Vendredi 24 mars 2006 reste une date gravée dans la mémoire des habitants de la région de Laâyoune-Boujdour-Sakia Al Hamra

«L'homme semble oublier qu'il peut, par une simple marche pacifique, aboutir à plus de résultats que n'en obtiendrait

Les leçons d'une épopée historique
S.M. le Roi Mohammed VI à Laâyoune lors de la mise en place du Conseil Royal consultatif pour les affaires sahariennes
En effet, quelques jours après la confirmation, le 16 octobre 1975, par la Cour internationale de Justice de La Haye de l'existence de liens d'allégeance entre les tribus sahariennes et le Sultan du Maroc, feu S.M. Hassan II annonçait l'organisation de la Marche Verte.

Dans un discours historique prononcé d'Agadir pour l'occasion, le regretté Souverain avait indiqué: «Le droit a prévalu sur l'injustice et la Cour internationale de justice de la Haye a reconnu que le Sahara n'a jamais été une terre sans maître et confirmé qu'entre le Sahara et le Royaume du Maroc il existait, en effet, des liens juridiques et d'allégeance». Feu S.M. Hassan II avait également ajouté: «Le monde entier a reconnu que le Sahara était le nôtre depuis très longtemps, le monde entier a reconnu qu'il existait des liens entre le Maroc et le Sahara qui n'ont été altérés que par le colonisateur».

«Il ne nous reste donc qu'à entreprendre une marche pacifique du Nord au Sud (…) pour nous rendre au Sahara et renouer avec nos frères», avait souligné le regretté Souverain.

Pas moins de 350.000 volontaires, dont 10% de femmes, ont répondu à l'appel royal de rejoindre et de récupérer nos provinces du Sud.
Dans son livre "Un demi-siècle dans les arcanes de la politique", le professeur Abdelhadi Boutaleb témoigne: "Le chiffre de 350.000 personnes a été avancé. Or, je sais que les marcheurs étaient au nombre de 524.000. Quand, au départ, on avait ouvert la voie aux volontaires, leur nombre avait atteint 3 millions.

Ensuite, il a été envisagé de le ramener à un million et, enfin, il a été fixé à 524.000. Le Roi Hassan II a ordonné que toutes les couches de la population marocaine, des différentes villes et villages, y participent". De même, on a ouvert la voie à la participation de délégations venues de pays frères et amis. Il y avait des volontaires d'Arabie Saoudite, d'Irak, du Qatar, du Koweït, de la Jordanie, du Liban, du Soudan, du Sultanat d'Oman et du Gabon.

D'autres sont venus même des Etats-Unis pour représenter une organisation non gouvernementale. Ils étaient contre le colonialisme et soutenaient la libération du Sahara.

Chacun hissait le drapeau de son pays.
Les marcheurs portaient le Coran comme gage de paix, pour montrer que le Maroc ne partait pas pour une quelconque conquête. 500.000 exemplaires du Livre Saint ont été imprimés et distribués. Sur le plan logistique, 12.000 camions et 113 trains ont été mobilisés pour transporter les volontaires de leurs régions à Marrakech. De là à Tarfaya, le transport s'est effectué par camions.

Grâce à cette grande épopée, le Maroc est bien chez lui dans ses provinces du Sud, appuyé en cela sur un droit historique, une identité marocaine et des liens remontant à plus de 12 siècles.
Ces liens ont été constamment renouvelés à l'occasion des périples royaux dans la région. La visite, que S.M. le Roi Mohammed VI avait effectué, l'année dernière, dans les provinces du Sud revêt un caractère particulier. Un périple historique et spirituel, porteur de bienfaits et qui consacre la communion et les liens affectifs existant entre le Souverain et son peuple fidèle. Vendredi 24 mars 2006 reste une date gravée dans la mémoire des habitants de la région de Laâyoune-Boujdour-Sakia Al Hamra.

Ce jour-là, le Souverain a appelé les fils des provinces du Sud à «engager une réflexion sereine et approfondie, et voir comment ils conçoivent le projet d'autonomie dans le cadre de la souveraineté du Royaume, de son unité nationale et de son intégrité territoriale». L'adhésion de ces derniers à l'Initiative Royale ne s'est pas faite attendre. D'où la mise en place du Conseil Royal consultatif des affaires sahariennes.

Composée de représentants des tribus appartenant aux provinces du Sud, cette institution répond parfaitement aux vœux de S.M. le Roi, exprimés à l'occasion du trentenaire de la Marche Verte. Le Souverain avait alors annoncé: «Au même titre que les partis politiques, les populations et les élus de la région, notamment les chefs de tribus, connus pour leurs expériences et leur sagesse, seront consultés à leur tour pour recueillir leurs vues sur le projet de mise en œuvre d'une régionalisation avancée et adaptée aux spécificités de cette région». Il s'agit d'une régionalisation qui permettra aux Sahraouis de gérer eux-mêmes démocratiquement leurs affaires.

L'approche marocaine a été jugée très positive par plusieurs capitales visitées par les différentes missions dépêchées par Sa Majesté le Roi Mohammed VI auprès des pays membres permanents et non permanents du Conseil de sécurité.

Tous ont été unanimes à déclarer que le projet d'autonomie des provinces du sud du Maroc, proposé par le Royaume, est «un espoir pour la paix dans la région, comme il est de nature à faire avancer le dossier du Sahara».

Trente deux ans après la Marche Verte, le Souverain a prononcé un discours, le vendredi 12 octobre, à l'ouverture de la première session de la première année de la huitième législature, réaffirmant que «la préservation de l'unanimité autour de notre intégrité territoriale constitue, en effet, la première des causes vitales de la patrie et de la nation, d'où la nécessité de poursuivre les efforts pour mobiliser davantage de soutien en faveur de l'initiative audacieuse et crédible que Nous avons lancée au sujet de l'autonomie, dans l'espoir de parvenir à un règlement international définitif du contentieux artificiel suscité au sujet de la marocanité de notre Sahara».

C'est grâce à cette implication que les provinces du sud du Royaume ont connu, depuis leur récupération en 1975, un développement soutenu dans divers domaines. Plusieurs projets ont été réalisés et d'autres en cours, dans le cadre de l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH) pour la période 2006-2010.

Des initiatives qui reflètent la volonté de notre pays de tout mettre en œuvre pour un meilleur développement de cette région et d'assurer le bien-être et la quiétude à nos compatriotes sahraouis qui ont longtemps souffert de la domination coloniale.

Et c'est l'Etat qui a, en premier lieu, relevé le défi en construisant des routes, des ports, des aéroports, des écoles, des hôpitaux et des villes entières au milieu des sables, dans des conditions particulièrement difficiles.

Pendant ce temps, la diplomatie algérienne se heurte au retrait par plusieurs pays de leur reconnaissance de la fantomatique entité qui a élu domicile sur son propre sol. Ces pays et autres ONG ne cessent de dénoncer les conditions déplorables dans lesquelles vivent les populations des camps de Tindouf et le traitement inhumain qui leur est infligé par les forces de sécurité du «polisario». Ils expliquent que le polisario en pleine crise constitue une menace pour la paix, la sécurité et la démocratie, non seulement au Maghreb, mais également dans le reste du monde.

Tout le monde sait que de nombreuses et graves violations sont commises par le polisario contre les populations retenues contre leur gré dans les camps de Tindouf, où il n'existe pratiquement pas de liberté de circuler et où la torture est monnaie courante. Là-bas, de jeunes enfants sahraouis sont séparés de leurs familles et déportés par centaines à Cuba.

Aussi, plusieurs rapports onusiens notent que dans ces camps de la honte, la situation alimentaire demeure précaire, alors que les chefs séparatistes continuent de détourner à leur profit l'aide humanitaire internationale destinée aux populations civiles.

Déroulement d'une grande opération

Le 3 novembre, coup de théâtre à Agadir: le président de la Jemaâ sahraouie, Haj Khatri Ould Saïd Joumani, présidant une délégation venant de Laâyoune, renouvelait l'allégeance à S.M. Hassan II. Devant le regretté Souverain, il aura ces paroles qui veulent dire : «Je suis venu, au nom de tous les habitants et des tribus du Sahara, rendre à Votre Majesté l'allégeance de nos ancêtres à vos aïeux.

Je suis venu par patriotisme, car le Sahara est partie intégrante du Maroc ; nous n'avons jamais cessé d'être Marocains». La venue au Maroc du président de la jemaâ était tout un symbole. L'allégeance venait renverser toutes les données du problème. « Accomplis donc la Marche bénie…»
Mardi 4 novembre, S.M. le Roi donne l'ordre de départ de la Marche dans un discours prononcé à Agadir : «Accomplis donc la marche bénie et remercie Dieu de Nous avoir guidé sur le droit chemin». Et alors que le Conseil de sécurité se réunissait à huis clos pendant 90 minutes, le monde assistait à un véritable acte de foi unissant un Roi et un peuple en une résolution inébranlable qui avait mené à une modification radicale de la position espagnole. Kurt Waldheim, secrétaire général de l'ONU, déclarait croire en la possibilité d'un compromis.

Mercredi 5 novembre à 10h30, les premiers volontaires franchissaient la frontière et s'arrêtaient un moment à Tah pour prier et y hisser le drapeau national. La marche s'étirait sur plusieurs kilomètres. Les messages de soutien affluaient au Cabinet Royal.

Les choses, dès lors, s'accélèrent. En ce 6 novembre, les volontaires poursuivaient leur Marche ; le Conseil de sécurité se réunissait à nouveau.

Le Souverain adressait un message au président de ce Conseil dans lequel Sa Majesté réaffirmait que «cette Marche ne se départira, à aucun instant, du caractère pacifique qui en a inspiré l'initiative et qui sera maintenu pendant son déroulement».
Le 7 novembre, une deuxième colonne de 100.000 volontaires franchissait l'ex-frontière.
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