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Otages marocains en Irak : loin des yeux, proches du cœur

L'information est tombée comme un coup de massue. Il a fallu du temps pour digérer le choc. Deux Marocains, employés de l'ambassade du Royaume à Bagdad, ont été enlevés, le jeudi 20 octobre 2005, par la branche irakienne de la nébuleuse Al-Qaïda, qui a me

Otages marocains en Irak : loin des yeux, proches du cœur
Quel crime ont-ils commis ? Comment ose-t-on réserver un tel sort à des innocents ? Les Marocains n'ont-ils pas manifesté par centaines de milliers pour défendre le droit des Irakiens à la vie et à la paix ? Les questionnements et interrogations formulés au début de cette crise humanitaire allaient vite trouver réponse.

Quand il s'est avéré que c'est le groupe Al-Qaïda en Mésopotamie du tristement célèbre Abou Moussab Al-Zarqaoui qui est derrière le rapt, le mystère s'est complètement dissipé. Face à des gens qui n'ont aucune logique et qui se battent pour une cause dont on ne connaît ni les véritables motifs ni la finalité, il faut s'attendre au pire, voire au tragique.

Ce fâcheux incident est venu réveiller les blessures qu'on croyait renfermées. Le spectre du 16 mai a rejailli brusquement, pour rappeler aux Marocains que le terrorisme aveugle peut frapper à tout moment et à n'importe quel endroit du monde. Mais, le temps n'était pas à l'abattement ou au découragement. Qu'ils soient «petits» ou «hauts» fonctionnaires, la question ne s'est jamais posée en ces termes. Il s'agit tout simplement de deux ressortissants marocains. Sans plus.

L'enlèvement de Bouâlem, chauffeur de l'ambassade, et de Mouhafidi, agent d'entretien, a enclenché un élan de mobilisation populaire et de solidarité, digne des grands moments de l'histoire nationale. La machine diplomatique s'est vite mise en branle. Trois diplomates ont été dépêchés à Amman en vue de mener les contacts nécessaires et contribuer aux efforts de recherche des deux employés de l'ambassade. Au plan officiel, l'affaire des otages a bénéficié d'un intérêt à la mesure du drame qui a frappé la Nation. «Avant de t'adresser (cher peuple) le discours prévu à l'occasion du trentième anniversaire de la Marche Verte, Nous exprimons Notre ferme condamnation de l'enlèvement méprisable par des bandes terroristes en Irak, des deux citoyens marocains employés de l'ambassade du Royaume à Bagdad», avait dit S.M. le Roi Mohammed VI, le 6 novembre dernier.

Alternant fermeté et appels à la raison, le gouvernement marocain a joué la carte de la pondération dans la gestion de cette crise, laissant la porte ouverte à une issue heureuse, sans pour autant céder au chantage. Dans ce terrain miné, la mission du gouvernement semblait délicate, puisque la vie de deux citoyens était en jeu.

En tant qu'autorité spirituelle et morale, les Oulémas sont montés au créneau. Ils se sont élevés contre les thèses des takfiristes et leurs interprétations erronées, comme ils ont maudit «leurs tribunaux et les verdicts qu'ils ont prononcés à l'encontre des deux Marocains enlevés injustement et arbitrairement sans avoir commis de péché ni perpétré de crime». Le jour de la célébration du trentenaire de la Marche Verte, ce fut "l'union sacrée" à Casablanca.

Représentée par toutes ses sensibilités, sans exclusivité, la société marocaine a organisé une gigantesque manifestation pour témoigner sa solidarité avec les otages de la Mésopotamie et demander leur libération, au nom de l'Islam et des valeurs humaines. La diaspora marocaine n'a pas été en reste. Partout où il y a forte concentration de la communauté marocaine, des meetings de solidarité ont été organisés. Tout un chacun voulait exprimer sa solidarité et sa compassion avec les otages et leurs familles.

Campagnes de sensibilisation dans les pays d'accueil et sites Internet dédiés à la cause ont été également à l'ordre du jour.
Malgré leurs appels à la clémence, les familles des deux agents marocains, installés en Irak depuis plus d'une vingtaine d'années, n'ont reçu aucun signe positif de la part des ravisseurs. Les proches de Bouâlem et Mouhafidi n'ont plus que l'espoir et les prières pour le salut des otages.

Dans cette pénible épreuve, les Marocains ont su encore une fois se montrer unanimes et ont démontré qu'ils sont prêts à laisser de côté les divergences de leurs points de vue pour une cause nationale.

Par ailleurs, le silence de la presse occidentale est resté en travers de la gorge d'un grand nombre de Marocains. Cette attitude a créé un sentiment de frustration et de déception. Tout compte fait, ce sont des êtres humains comme le reste des mortels, sans discrimination de race ou de couleur.
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