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L'étau se resserre

Y a-t-il de la corruption dans le tennis? La question qui agite depuis des mois ce petit monde d'habitude très policé a reçu ces derniers jours des éléments de réponse concrets avec une première sanction et des accusations de plus en plus précises.

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Samedi, à la veille du Masters de Shanghaï, l'ATP, organisme qui gère le circuit masculin, a annoncé la suspension pour neuf mois de l'Italien Alessio di Mauro, accusé d'avoir parié sur des matches de tennis, sans aucune preuve cependant que le joueur ait misé de l'argent sur ses propres parties.

Une suspension, agrémentée d'une amende de 60.000 dollars, que Di Mauro a jugé "excessive" pour une "erreur stupide". L'Italien, qui estime être un "bouc émissaire", a souligné que le fait de parier sur des événements sportifs n'était pas synonyme de matches truqués.

Cette première condamnation, même si elle ne relève pas forcément de la corruption, est à ce jour la première dans cette affaire qui a vu les témoignages affluer presque quotidiennement depuis le début de l'automne.

Aujourd'hui, il n'y a plus aucune conférence de presse, aucune interview qui ne voit surgir les inévitables questions: Avez-vous été approché? Que pensez-vous de cette affaire?

Aucune garantie de résultat

Ainsi au Masters où les huit meilleurs joueurs ont tous été interrogés pour la énième fois sur le sujet. Parmi eux, le Russe Nikolay Davydenko, à l'origine de la tempête après qu'un montant inhabituel de mises eut été enregistré sur l'une de ses défaites en juillet à Sopot (Pologne), et dans l'oeil du cyclone depuis.

"A chaque fois qu'il y a une histoire +stupide+ qui touche le tennis, mon nom est le premier sur la liste", a déploré le Russe samedi, alors que son épouse et son frère avaient été interrogés en début de semaine par d'anciens inspecteurs de Scotland Yard mandatés par l'ATP. Sans résultat pour l'instant.

Pour contrer la menace, plusieurs tournois, comme celui de Paris-Bercy récemment ou l'Open d'Australie en janvier 2008 ont mis en place des systèmes de surveillance pour débusquer d'éventuels matches suspects.

Mais face à une partie "louche", encore faut-il pouvoir prouver qu'un joueur ait accepté de "se coucher" moyennant finances. A Shanghaï le patron de l'ATP, Etienne de Villiers a reconnu que c'était très difficile: "On a mis les meilleurs enquêteurs sur ces affaires mais il n'y a aucune garantie de résultat."

Mafia de paris

A moins que des joueurs soient pris en flagrant délit ou expressément identifiés, il est difficile de sévir. Jusque-là on ne connaissait que les noms de joueurs qui ont dit avoir été approchés. Mais depuis dimanche, l'Allemand Philipp Kohlschreiber est accusé de faire "partie d'une mafia des paris" par "un organisateur de paris qui connaît bien le milieu du tennis" et cité dans le quotidien allemand Die Welt.

"Je suis choqué, ces accusations scandaleuses et injustes salissent mon nom et ma réputation de joueur", a répondu Kohlschreiber, 32e mondial. "Quelque trente joueurs constituent le noyau dur de cette mafia : la plupart sont Russes, Italiens et Argentins, mais il y a aussi des Allemands et Philipp Kohlschreiber est le pire", a cependant insisté la source de Die Welt qui précise que deux matches disputés récemment par Kohlschreiber ont fait l'objet d'un volume anormalement élevé de paris.

Ces révélations surviennent deux semaines après celle d'un joueur allemand resté anonyme, qui a accusé lors d'une émission de télévision deux de ses compatriotes, sans les nommer, de participer à des paris truqués. Visiblement, l'étau se resserre. Reste à fournir des preuves.
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