Le président Ahmadinejad s'en est pris lundi aux "traîtres" fournissant selon lui des informations secrètes aux ennemis et poussant ces derniers à adopter des résolutions encore plus dures contre l'Iran pour l'obliger à suspendre son programme d'enrichis sement d'uranium.
Malgré deux résolutions du Conseil de sécurité et la menace de nouvelles sanctions économiques contre l'Iran, le président Ahmadinejad a exclu catégoriquement que l'Iran suspende son programme d'enrichissement d'uranium.
"Si vous ne cessez pas vos pressions, vous serez considérés comme des traîtres et on dévoilera vos noms au peuple", a-t-il dit. Il a aussi dénoncé la "mafia économique" qui tente de perturber son programme économique et "les anciens révolutionnaires qui se sont rempli les poches".
Une attaque indirecte contre M. Rafsandjani, un révolutionnaire historique proche des milieux économiques et financiers. Ces déclarations sans précédent interviennent alors que les critiques se sont multipliées contre le président
Ahmadinejad.
"La situation mondiale est telle que les Etats-Unis ont dépêché leurs troupes (...) un peu partout. Nous n'avons pas d'informations précises sur leurs intentions et nous ne savons pas ce qui est en train de se produire (...) mais le danger existe et il est très sérieux", a déclaré M. Rafsandjani.
Ce dernier, qui dirige aujourd'hui deux institutions clés du pouvoir, le Conseil de discernement, un organe d'arbitrage, et l'Assemblée des experts, chargée de nommer, surveiller et éventuellement démettre le guide suprême, a dénoncé "les damnés" qui cherchent toujours la guerre et loué les "bienheureux qui veulent la paix". "Rafsandjani est réellement inquiet. Il a été l'un de ceux qui ont créé ce régime et comme il a été chargé de diriger la guerre (pendant le conflit Iran-Irak), il sait ce que veut dire la guerre et le prix que les gens doivent payer", a dit Mohammad Atrianfar, ancien responsable du grand quotidien modéré Shargh, fermé par la justice, et considéré comme un proche de l'ancien président. "Ahmadinejad n'a pas de véritable perception de la réalité.
Il n'a pas le sens de la peur. Il croit que s'il prend des positions radicales, ses adversaires vont reculer", a-t-il ajouté. Il a prédit que les critiques mutuelles "vont redoubler encore à l'approche des élections législatives" du 14 mars 2008, selon lui.
Réformateurs et conservateurs modérés espèrent que les difficultés économiques et la menace de sanctions et de conflit armé joueront en
leur faveur lors du prochain scrutin. "Les sanctions financières commencent vraiment à avoir des effets.
En plus, il ne faut pas sous-estimer les dangers de frappes militaires.
La situation peut échapper à tout contrôle", a dit à l'AFP Mostapha Tadjzadeh, un important dirigeant réformateur.
"Le président fait comme si tout allait bien, mais la situation économique ne cesse
d'empirer.
L'économie iranienne est entrée dans une phase de stagnation et les sanctions bancaires et financières perturbent le fonctionnement de nombreuses sociétés", ajoute un ancien responsable modéré.Selon les derniers chiffres de la banque centrale, l'inflation a encore progressé, atteignant en novembre 16,2% sur les douze dernier mois. La semaine dernière, une prise de bec avait déjà opposé l'ancien président réformateur Khatami au président Ahmadinejad. M. Khatami avait évoqué les "graves menaces" contre l'Iran et affirmé qu'il y avait de "l'ignorance et un manque d'expertise" dans la gestion du pays, en faisant allusion au Président.Ce dernier avait réagi en accusant ses détracteurs d'avoir une "intelligence inférieure à celle d'une chèvre".
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