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Le Continent n'est pas à l'abri de la crise financière mondiale

Malgré leur faible connexion au système financier international, les économies des pays africains ne sont pas à l'abri des répercussions de la crise financière mondiale qui sévit actuellement dans les pays développés, ont convenu à souligner, lundi à Tanger, les participants à une conférence panafricaine sur la gouvernance des institutions financières.

Le Continent n'est pas à l'abri de la crise financière mondiale
Faire une analyse critique de la crise financière actuelle et des éventuelles retombées sur les économies des pays africains.
Plusieurs intervenants à la rencontre de Tanger organisée par le Centre Africaine de formation et de recherches administratives pour le développement (CAFRAD), ont reconnu que la récession qui se confirme dans les pays développés comme conséquence directe de la crise financière ne manquera pas de se traduire par une baisse sensible de la croissance des économies africaines.

Les experts et responsables d'institutions financières participant à cette rencontre, ont expliqué que la récession dans les marchés du Nord affectera nécessairement les échanges commerciaux avec une baisse du volume des exportations du sud à destination de ces marchés.

Et d'estimer aussi que la crise actuelle se traduira également par un tarissement de l'aide au développement accordées aux pays du continent noir.

La présidente de la direction financière et de l'analyse à la banque centrale des Iles Maurice, Mme Margueri Hera Bambousa a évoqué des chiffres et des statistiques du Fonds Monétaire International qui mettent en évidence la nette régression de la croissance des grandes économies mondiales, avec en tête les Etats-Unis, la Grande Bretagne et la zone euro.

Une telle performance à la baisse de ces économies induira logiquement une baisse de la demande sur les matières premières et le pétrole qui représentent l'essentiel des exportations des pays africains, a affirmé Mme Hera Bambousa.

Les retombées économiques de la crise financière vont également impacter les virements en devises des immigrés africains établis dans les pays occidentaux et le secteur du tourisme en raison de l'amenuisement du pouvoir d'achat dans les pays émetteurs, a-t-elle dit, ajoutant que la régression de l'activité touristique dans certains pays du continent entraînera un effet évident sur le secteur de l'immobilier, tiré à la hausse durant ces dernières années par les grands projets touristiques.

Pour atténuer l'impact de cette crise sur les économies africaines, l'expert auprès de la Banque Africaine de Développement (BAD), Hee-Sik Kim conseille une panoplie de mesures. Il a notamment recommandé la stabilisation des marchés à travers des incitations financières, des avantages fiscaux, la baisse des taux d'intérêt des crédits, en plus de mesures d'aide et de soutien aux entreprises en difficulté.

L'expert préconise, en outre, de renforcer l'épargne en vue d'assurer la liquidité nécessaire au financement des projets et d'exhorter les banques à soutenir le capital risque, à faciliter le financement des PME, ainsi qu'à prendre des mesures préventives contre la fuite des capitaux vers l'étranger.

M. Kim a rappelé à cette occasion les recommandations issues de la récente réunion des ministres des pays africains à Tunis. Il a notamment mis l'accent sur les mesures visant à réformer et à restructurer les institutions financières africaines, la révision des systèmes financiers et fiscaux, en plus d'une attention particulière au développement des économies régionales.

Pour sa part, Mme Mariama Khan, principale économiste au ministère gambien de l'Economie et des finances, a conseillé des mesures en vue de valoriser les matières premières et s'orienter vers l'exportation de produits travaillés et façonnés pour une meilleure plus value et des recettes plus importantes.

L'approche purement économique ne suffit pas à faire face et à gérer les retombées de la crise économique, estime-elle. La situation sociale en Afrique qui se caractérise par 200 millions de personnes qui survivent avec moins d'un dollar par jour, requiert une action collective pour promouvoir les valeurs de solidarité et d'entraide afin de réduire le coût social en Afrique de cette crise planétaire.

La rencontre de Tanger qui connaît la participation de représentants des ministères africains des Finances et de l'économie, des secrétariats au Trésor et des Banques centrales et commerciales de différents pays du continent, s'assigne pour objectif de faire une analyse critique de la crise financière actuelle et des éventuelles retombées sur les économies des pays africains.

Il s'agit de réfléchir sur les mécanismes susceptibles de renforcer une bonne gouvernance institutionnelle en Afrique afin d'améliorer l'économie et la prestation des services publics, en plus d'une discussion sur les stratégies qui sont en mesure de relever les défis de la crise financière et maîtriser ses effets, expliquent les organisateurs.

La rencontre de Tanger sera également l'occasion d'examiner les moyens de réguler les institutions financières et les marchés pour parvenir à une stabilité économique et la maîtrise de la transformation requise des systèmes de gouvernance dans les Etats africains.

La manifestation offrira aussi l'opportunité d'actualiser les connaissances à travers la présentation de succès stories et des exemples concrets d'échecs et de problèmes relatifs à la crise financière universelle. L'objectif étant d'envisager la manière pour l'Afrique d'établir des mécanismes préventifs pour se prémunir des aléas de l'économie globalisée.
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