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Le mensonge pousse Marion Jones en prison

L'ex-sprinteuse américaine Marion Jones, déchue pour s'être dopée notamment au moment des JO-2000 de Sydney, a été condamnée vendredi par la justice américaine à six mois de prison pour parjure.

Marion Jones s'éloigne après avoir donné une brève déclaration à la presse après qu'elle laisse tribunal à White Plains, New York. (Photos : AFP)

12 Janvier 2008 À 13:20

Jones, aujourd'hui âgée de 32 ans, est la première athlète de niveau mondial -tous sports confondus- à se retrouver derrière les barreaux pour une affaire liée au dopage.

L'ancienne sprinteuse était jugée pour avoir menti aux enquêteurs fédéraux à trois reprises. D'abord en novembre 2003 dans le cadre de l'affaire Balco, du nom du laboratoire californien qui a fourni des produits dopants à nombre d'athlètes, puis en août et novembre 2006 au sujet de l'affaire de fraudes bancaires impliquant notamment le père de son fils, et lui-même ancien sprinteur, Tim Montgomery.

"Les faits ici sont sérieux. Ils impliquent tous des mensonges réitérés à trois ans d'écart, a justifié le juge Kenneth Karas. (Elle) n'a pas commis une seule faute... mais une série de fautes dans le but de tromper la loi."

"Personne n'est au-dessus de l'obligation de dire la vérité. Et je reconnais qu'il s'agit d'un jour triste pour vous et votre famille", a-t-il ajouté en s'adressant à l'athlète, également condamnée à deux ans de liberté surveillée et 400 heures de travaux communautaires.

"Le lait de la tendresse humaine"

Après des années de déni, l'ex-championne avait reconnu début octobre s'être dopée. Ces aveux lui avaient valu de perdre ses cinq médailles, dont trois en or, remportées en Australie et d'être rayée des annales olympiques.

"Je respecte cette décision du juge et j'espère sincèrement que les gens vont apprendre de mes erreurs", a déclaré peu après l'annonce de sa sentence, qui l'avait mise en pleurs sur l'épaule de son second mari, l'ex-sprinteur des Barbades, Obadele Thompson.

A son arrivée au tribunal, vendredi en fin de matinée, Jones, tout de noir vêtue et coiffée d'une queue de cheval, avait expliqué qu'elle avait "peur" et était "nerveuse" dans l'attente du jugement, avant de fondre en larmes comme elle l'avait fait lors de ses aveux en octobre, sur les marches de ce même tribunal où elle venait de plaider coupable.

"Oui, j'ai fait une erreur en mentant. J'ai admis tout cela trop tard mais j'espère que ce ne sera pas trop tard pour obtenir de vous le lait de la tendresse humaine", a-t-elle déclaré reprenant les paroles de Macbeth, écrites par Shakespeare.

Avant cette sentence, pour laquelle elle avait préalablement accepté de ne pas faire appel et qui ne pourra pas être réduite, même pour bonne conduite, le ministère public avait indiqué jeudi qu'il se satisferait de cette peine de six mois de prison.

Le juge Karas, non lié par ce réquisitoire, avait pour sa part fait savoir qu'il pourrait condamner l'athlète à une double peine.

Le 5 octobre, la sprinteuse, mère d'un fils né en 2003, avait reconnu s'être dopée à la THG (stéroïde de synthèse fabriqué par le laboratoire Balco) entre septembre 2000, date des Jeux de Sydney, et juillet 2001. "C'est avec une grande honte que (...) je vous dis que j'ai trahi votre confiance. Je quitte l'athlétisme que j'ai adoré profondément", avait-elle alors affirmé, en pleurs.

Des années de soupçons

Dans la foulée, elle avait annoncé sa retraite et rendu les cinq médailles de Sydney au Comité olympique américain, avant que la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) n'annule tous ses résultats postérieurs à septembre 2000 et que le Comité international olympique (CIO) ne la destitue officiellement des trois titres remportés à Sydney sans pour autant redistribuer ses médailles.

Depuis des années, l'image de Marion Jones avait été écornée par des soupçons de dopage.

Elle avait d'abord été mise en cause par son premier mari, CJ Hunter, lanceur de poids lui-même contrôlé positif aux JO-2000. Ensuite Victor Conte, le patron du laboratoire Balco, avait fait des révélations sur la sprinteuse, qui avait tenté de l'attaquer en diffamation.

Enfin, un échantillon A analysé après les Championnats des Etats-Unis en juin 2006 avait révélé la présence d'EPO. Mais Jones avait été innocentée par l'échantillon B négatif.
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