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Un attentat sanglant marque la fin de la trêve avec les Tamouls

Au moins vingt-quatre civils ont été tués mercredi et des dizaines blessés par un attentat à la bombe contre un bus au Sri Lanka le jour de la rupture officielle d'un cessez-le-feu scellé en 2002 entre le gouvernement et les séparatistes tamouls.

Un attentat sanglant marque la fin de la trêve avec les Tamouls
Des victimes au bord de la route d'un attentat à l'explosif contre un autobus sortant de la Base Hospital de Buttala, à quelque 235 km de Colombo. (Photos : AFP)
L'autocar, circulant à 230 kilomètres au sud de la capitale Colombo, transportait des civils, dont des écoliers, quand a explosé une puissante mine bourrée d'explosifs et de billes en métal, a annoncé le ministère de la Défense.

"Des terroristes ont ensuite ouvert le feu sur des survivants", a affirmé le ministère, sur la foi de sources policières. "Vingt-quatre personnes ont été tuées" et 66 blessées, parmi lesquelles huit sont dans un état critique.

La plupart des morts étaient des femmes et huit enfants sont soignés dans un dispensaire, a précisé son responsable, Sumith Rajasuriya.

Il s'agit d'un "acte de sauvagerie" perpétré par les "terroristes" des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), a dénoncé dans la soirée le président Mahinda Rajapakse. Juste avant, une deuxième attaque à la bombe, dans la même région, a visé un véhicule militaire et un villageois a été abattu.

Surtout, l'attentat sanglant contre le bus coïncide avec la fin officielle à minuit de la trêve conclue le 23 février 2002 entre Colombo et les LTTE, sous l'égide de la Norvège.

Le gouvernement avait notifié début janvier à Oslo sa décision de rompre l'accord de cessez-le-feu scellé il y a six ans. Le contrôle de la trêve assuré par la Norvège et l'Islande se terminait aussi mercredi soir.

Composée de 31 observateurs scandinaves, la Mission de contrôle du cessez-le-feu (SLMM) a d'ailleurs fermé ses bureaux à Colombo, non sans avoir lancé un dernier appel aux belligérants. "Ce conflit complexe ne peut pas se régler par des moyens militaires", a plaidé le chef de la SLMM, un général norvégien en retraite, Lars Jon Solvberg.

De toute façon, le cessez-le-feu a volé en éclats depuis l'élection fin 2005 du Président Rajapakse, un nationaliste partisan de la manière forte contre ceux qu'il qualifie de "terroristes", tout comme l'Union européenne et les Etats-Unis. Leur ambassade a, pour la énième fois, réclamé une solution politique au conflit ethnique.

Les Tigres tamouls, hindouistes, se battent pour l'indépendance du nord et du nord-est du Sri Lanka, un pays peuplé à 75% de Cinghalais bouddhistes.

Cette île de 20 millions d'habitants s'enlise dans le plus vieux conflit en cours en Asie, une guerre oubliée où alternent phases de combats, attentats et périodes d'accalmie. Depuis 1972, 60.000 à 70.000 personnes ont été tuées et des milliers sont mortes depuis la fin 2005.

Et la communauté internationale est désarmée. Un émissaire du Japon, principal bailleur de fonds au Sri Lanka, a échoué mardi, à l'issue d'une visite dans l'île, à sauver une paix moribonde et ce qui restait du cessez-le-feu.

Les menaces des bailleurs de fonds (Etats-Unis, UE, Japon et Norvège) à l'égard de Colombo sont régulières mais les donateurs finissent toujours par s'abstenir de conditionner leur aide à la paix, dont les derniers pourparlers avaient lamentablement échoué en octobre 2006 à Genève.

Sur le terrain, dans le nord, les combats entre l'armée et les Tamouls font rage quotidiennement. Plus de 400 rebelles et 20 militaires auraient été tués depuis le 1er janvier, selon des chiffres gouvernementaux invérifiables et en général en contradiction avec ceux fournis par la guérilla.

Fin 2007, le chef suprême des Tigres, Velupillai Prabhakaran, avait jugé impossible de faire la paix avec un Etat "génocidaire". Ce dernier a rétorqué qu'il serait éliminé, lui et sa guérilla, d'ici juin.
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