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La flambée du pétrole affole la planète

La flambée du pétrole ne cesse d'affoler la planète, mais elle laisse de marbre les automobilistes au Venezuela, le seul pays où une bouteille d'eau minérale vaut plus cher qu'un plein à la pompe.

La flambée du pétrole affole la planète
Le Venezuela, le seul pays où une bouteille d'eau minérale vaut plus cher qu'un plein à la pompe. (Photo : www.aufaitmaroc.com)
"Nous avons pris l'habitude du pétrole facile. Au Venezuela, c'est le prix du lait et de la farine qui grimpe, pas celui de l'essence", lance Leandro Otero, un chauffeur de taxi de Caracas, après avoir déboursé 3 bolivares, à peine plus d'un dollar, pour remplir son réservoir.

A raison de quatre centimes de dollar le litre, l'essence est quasi gratuite au Venezuela, le plus grand producteur latino-américain de brut, dont les habitants, véritables drogués de l'automobile, n'hésiteraient pas à déclencher des émeutes en cas de hausse.

Depuis son arrivée au pouvoir il y a plus de neuf ans, le président socialiste Hugo Chavez n'a jamais osé augmenter l'essence, qui est encore moins chère qu'en Arabie saoudite, le premier producteur mondial.

"Le prix devrait augmenter de 50%. Au Venezuela, on met l'argent dans un sac percé. Tout s'évapore", déplore Wilson Briceño, gérant d'une station-service.

Pour maintenir son prix à la pompe, la compagnie pétrolière d'Etat PDVSA doit subventionner l'essence, à hauteur de 19.000 dollars par an, selon l'économiste José Guerra.

"Il existe une croyance populaire selon laquelle le pétrole appartient à tout le monde et que que pour cette raison, on ne peut pas le facturer au prix que coûte son exploitation. La conséquence, ce sont ces subventions brutales", explique cet expert à l'AFP.

Le pays est loin d'avoir oublié le "Caracazo", nom donné à une grande révolte populaire suscitée qui a embrasé la capitale en 1989, faisant des centaines de morts, après la décision du président Carlos Andres Perez d'augmenter de 50% le prix de l'essence.

"Il sera difficile de stopper la consommation irrationnelle d'essence, quand un dollar suffit à faire le plein. Mais pour PDVSA, les revenus pétroliers ne suffisent plus et la compagnie commence à accuser un trou financier important", prévient M. Guerra.

Le prix du combustible présente des effets insolites à Caracas. La vitesse moyenne des voitures ne dépasse pas les 8 km/h dans cette ville qui compte 1,8 millions d'automobiles pour 4 millions d'habitants. L'insuffisance des transports publics ne fait qu'aggraver la situation.

"A Caracas, 80% des voies publiques sont occupées par des véhicules de particuliers qui transportent seulement 20% de la population", remarque Leopoldo Lopez, maire du quartier de Chacao, interrogé par l'AFP.

L'an dernier, ce dirigeant de l'opposition fut l'artisan d'un plan de limitation du trafic, qui n'a duré que quelques mois, avant d'être suspendu par la justice.

Pour ses détracteurs, à commencer par les Etats-Unis, Hugo Chavez, le chef de file de la gauche radicale, gaspille en dépenses sociales improductives la manne pétrolière que lui rapporte l'exportation de quelque 2,8 millions de barils quotidiens.

Les réserves prouvées s'élèvent à 130 milliards de barils et pourraient selon les autorités atteindre 235 milliards en 2009 au Venezuela, où le prix du baril de brut, un pétrole extra-lourd nécessitant un raffinage important, avoisine actuellement les 116 dollars, pour un coût d'extraction de neuf dollars.

"Nous n'allons pas laisser passer l'occasion de transformer la richesse pétrolière en développement social", a clamé récemment le bouillant président, dont le gouvernement a impulsé un plan de nationalisation des hydrocarbures.

"Si le pétrole dure encore 100 ans, cela fait 100 ans de bonheur. Ce n'est pas la fin pour demain", résume Carlos Rosas, un conducteur de moto.
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