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Dubaï veut faire le ménage pour tenter d'améliorer son image

Frappé par la crise, l'émirat de Dubaï s'est engagé dans une campagne contre la corruption résultant des années de boom économique, dans l'espoir d'améliorer son image de centre régional des affaires.

Dubaï veut faire le ménage pour tenter d'améliorer son image
Dubaï Holding regroupe les meilleures expériences et expertises du secteur immobilier et de les appliquer aux diverses opportunités d'investissement dans le monde. (Photo : mootrades.com)
Mais cette campagne suscite des controverses, certains des hommes d'affaires soupçonnés d'avoir détourné des sommes totalisant des centaines de millions de dollars étant détenus depuis des mois sans avoir été inculpés.

"C'était un marché en plein boom. Tout le monde devient gourmand et c'est comme ça que vient la corruption", explique à l'AFP l'économiste Eckart Woertz, du Centre de Recherche sur le Golfe, basé à Dubaï. "Vous avez l'occasion de toucher un pot-de-vin et vous cédez à la tentation".

L'économie de Dubaï, une ville qui fait partie des Emirats Arabes Unis, a connu une croissance vertigineuse avant la crise économique mondiale.

Le moteur de la croissance était l'immobilier qui a bénéficié de la décision des autorités en 2002 d'autoriser les étrangers à devenir propriétaires, alors même que l'explosion des cours du pétrole provoquait une abondance de liquidités en mal d'investissement.

Rien d'étonnant donc si la plupart des affaires de corruption à Dubaï sont liées à l'immobilier.

En tarissant le crédit, la crise a entraîné une chute des prix de l'immobilier de 25% en moyenne en six mois.

Début mars, sept hommes ont comparu devant un tribunal dans deux affaires de pots-de-vin, les premiers procès pour corruption depuis les premières arrestations il y a un an.

La première affaire concerne quatre dirigeants de Sama Dubai, une firme appartenant à Dubai Holding, propriété du gouvernement de Dubaï, et un ancien cadre de la firme privée Damac Properties. Les pots-de-vin atteindraient 2,28 millions de dollars US.

Dans l'autre affaire, les deux accusés sont d'anciens responsables commerciaux de Nakheel, société contrôlée par le gouvernement local. Les dessous-de-table seraient là de 1,4 million de dollars.

Contactée par l'AFP, Nakheel, qui a créé les célèbres îles artificielles en forme de palmier au large de Dubaï, a refusé de commenter l'affaire.

En février, la police a arrêté trois autres cadres de Nakheel.

Le plus ancien détenu dans les affaires de corruption est l'ancien P.-D.G. de Deyaar Development, Zack Shahin, un Américain d'origine libanaise arrêté en mars 2008. Le parquet de Dubaï l'accuse, ainsi que d'autres suspects, d'avoir détourné plus de 27 millions de dollars.

Un site Internet appelé "Save Zack Shahin" (Sauvez Zack Shahin) a affirmé qu'il avait été torturé pendant sa détention et a mis en ligne des photos de lui dans un hôpital.

Mais la plus grosse affaire de corruption concerne la Banque islamique de Dubaï, qui aurait été délestée de 501 millions de dollars dans une opération de fraude menée par sept hommes, dont deux sont en fuite.

Les suspects, deux cadres de la banque et cinq hommes d'affaires, sont accusés d'avoir escroqué la banque en falsifiant des documents et en montant de faux projets immobiliers.

"Il faut porter au crédit des autorités leur volonté d'attaquer de front ce problème, en dépit de la publicité négative" que cela peut générer, souligne Ali Shihabi, P.-D.G. de la banque d'investissement Rasmala.

"L'approche arabe traditionnelle consiste à cacher ce genre de problème ou à l'ignorer totalement", dit-il.

Certains journaux locaux ont rendu compte de ces affaires de manière suivie.

Mais cela pourrait changer en raison d'un projet gouvernemental de loi sur les médias en vertu de laquelle la publication "d'informations erronées pouvant nuire à l'économie nationale" deviendra un délit. Or, la définition de ce qui constituera une "information erronée" sera laissée aux autorités.
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