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Les délestages fréquents à supporter en temps de grosses chaleurs

La capitale sénégalaise s'enfonce de plus en plus dans la pénombre avec des délestages plus fréquents qui commencent à prendre l'allure d'un rationnement de l'électricité à cause de graves dysfonctionnements dans l'approvisionnement en fuel pour les centrales électriques.

Les délestages fréquents à supporter en temps de grosses chaleurs
Face aux délestages recurrents, Dakar renoue avec les émeutes de l'électricité. (Photo : www.blogs-afrique.info)
Les coupures de courant intempestives, de jour comme de nuit, sont particulièrement dures à vivre avec les grosses chaleurs de la période d'hivernage. Le calvaire des Dakarois est encore plus pénible la nuit puisqu'il est difficile de fermer l'œil sans la brise d'un ventilateur ou le confort de la climatisation pour les plus aisés.

Après une vive offensive de la presse contre les coupures de courant plus fréquentes et longues que d'habitude depuis le début du mois d'août, la Senelec (société nationale sénégalaise en charge de la distribution d'eau et d'électricité) est sortie de son mutisme, pour reconnaître des difficultés d'approvisionnement en fuel, promettant un retour à la normale à partir du 21 août.

Or, depuis ce jour là, les coupures n'ont fait qu'augmenter en fréquence et les délestages s'apparentent désormais à un rationnement de courant pour seulement quelques heures par jour. Certains quartiers semblent plus touchés que d'autres, mais les longues journées et nuits sans courant est un calvaire au quotidien pour tous les habitants de la capitale sénégalaise.

Durant le week-end dernier, même le grand hôtel de Rome, situé au centre ville, baignait dans la pénombre. A force d'être sollicité, le puissant groupe électrogène approvisionnant cet établissement de grand luxe a fini par lâcher, réduisant la très chic clientèle à apprécier le romantisme de l'éclairage à la bougie.

Les coupures vont crescendo
Certains habitants de la capitale, notamment les étrangers peu habitués aux torrides chaleurs du climat tropical, peignent à s'accommoder de cette situation. Pour échapper à l'étouffante chaleur humide de la nuit, Hatim, un ressortissant libanais, prend ses enfants en voiture au beau milieu de la nuit pour se balader dans les rues sombres de la ville. Un bref moment de détente où l'on peut enfin respirer à plein poumon sous la clim du véhicule, confie-t-il.

Les délestages à Dakar n'est pas chose nouvelle pour les Dakarois, mais à partir du mois d'août dernier elles ont pris une ampleur sans précédent. «Depuis le début du mois dernier les coupures intempestives vont crescendo jusqu'à des rationnements de deux heures de courant par jour. C'est du jamais vu», s'indigne un habitant d'un quartier résidentiel au centre ville.

Hormis les désagréments de se priver des commodités des appareils électriques domestiques pour l'ensemble des habitants, les activités industrielles et les ateliers supportent encore plus mal les arrêts de travail fréquents et prolongés causés par les coupures de courant. Les journaux sénégalais se font régulièrement l'écho des plaintes des professionnels de différents secteurs dont les pertes occasionnées par ces arrêts quotidiens fragilisent davantage leurs situations.

Colère dans la banlieue
Dans la banlieue de la capitale qui baigne depuis plusieurs jours dans les eaux à la suite des fortes inondations et à Saint Louis, à 260 km au nord de Dakar, les coupures de courant rendent la situation intenable, suscitant ainsi la colère de la population.

Face à cette situation, le gouvernement a tenu, mardi, une réunion d'urgence pour examiner la question énergétique et les solutions qui s'imposent pour atténuer la cadence des délestages.

A sa sortie de cette séance de travail, le Premier ministre sénégalais, Souleymane Ndéné Ndiaye, a déclaré à la presse que «le gouvernement comprend la colère des populations qui manifestent dans des quartiers de Dakar pour protester contre les délestages».

«Vous savez, des citoyens qui jeûnent toute la journée et qui n'ont pas le courant s'énervent. Ces désagréments nous les partageons avec eux. Nous les comprenons très bien, c'est pourquoi, le gouvernement va travailler à diminuer la souffrance des populations sur cette question», a-t-il affirmé. Prié de décliner la stratégie du gouvernement pour faire face aux délestages, le Premier ministre a juste indiqué que «les solutions sont administratives».

La Senelec en difficulté
Cité par des quotidiens sénégalais, Djibril Thiongane, un expert-consultant en économie pétrolière explique que «le problème de la Senelec est surtout un problème de trésorerie lié à la nature de son approvisionnement en combustible. La société qui brasse un chiffre d'affaires important paie toutefois son combustible au comptant au lieu des appels d'offres internationaux qui permettent des approvisionnements en grande quantité, sur une longue durée et au meilleur prix du marché».

Si la Senelec ne procède pas rapidement à un changement de sa politique d'approvisionnement, l'on s'achemine vers des délestages d'une semaine et plus très prochainement, a-t-il averti.

Interrogé par la presse au sujet de cette crise énergétique, le ministre de l'Energie, M. Samuel Sarr a souligné que «la fin des coupures d'électricité n'est prévue qu'à l'horizon 2012 quand le pays pourrait arriver à une production électrique suffisante estimée à 1.000 mégawatts, contre moins de 550 MW actuellement».

Pour atténuer l'ampleur des délestages actuels, le ministre a souligné que «des efforts sont consentis afin de trouver une solution aux dépenses nécessaires à l'achat du carburant par la Senelec. Et de préciser que les efforts à moyen et long termes se focaliseront sur la réalisation de nouvelles centrales électriques fonctionnant au charbon et aux biocarburants.

En attendant, les Sénégalais ne sont guère fixés sur la fin du calvaire des délestages et la saison des fortes chaleurs (hivernage) qui s'étend jusqu'en novembre promet d'être particulièrement dure cette année.
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