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La crise remet en question une reprise fragile

En dépit de quelques signes d'embellies annoncés par des responsables et experts américains, le taux de chômage, qui a pulvérisé le seuil symbolique de 10%, rappelle vivement la grisaille économique planant sur les Etats-Unis et compromet les chances d'une reprise déjà laborieuse.

La crise remet en question une reprise fragile
Les Etats Unis connaissent la crise de l'emploi la plus grave depuis 26 ans ! (Photo : www.tsr.ch)
La timide relance du marché immobilier, le taux de croissance porté à 3,5% au troisième trimestre ou la hausse consécutive de l'industrie manufacturière ne semblent point atténuer l'acuité de la question de l'emploi, qui continue toujours à occuper le haut du pavé.

Le taux de chômage s'établit actuellement à 10,2%, un record depuis 26 ans, alors qu'en décembre 2007, peu avant le début de la débâcle financière, il était de l'ordre de 4,9%.

Dans la foulée, certains experts prédisent que ce chiffre pourrait atteindre les 13%, un record jamais enregistré depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

Ce sont ainsi quelque 15,7 millions d'Américains actuellement à la recherche d'un emploi, selon les derniers chiffres du Département du Travail.

Ce nouveau taux de chômage constitue «un dur rappel à la réalité», avait commenté le Président américain, Barack Obama, dont l'ambitieux plan de relance de 787 milliards promulgué en février aurait permis de créer ou de maintenir 1 million d'emplois. D'aucuns estiment que l'économie américaine «se remet certes de la crise, mais il s'agit d'une lente guérison».

Depuis le début de l'année 2008, les Etats-Unis comptent désormais 8,2 millions de demandeurs d'emploi supplémentaires.

Pour des responsables de la Réserve fédérale (FED), le taux de chômage aux Etats-Unis maintiendra sa tendance haussière durant les prochaines années.

La reprise économique sera «graduelle» et ne peut, de ce fait, contribuer à une amélioration rapide du marché du travail, soutiennent-ils mercredi dernier.

Ils prédisent encore que le taux de chômage devrait se situer entre 6,8 et 7,5% à fin 2012, un chiffre largement supérieur au niveau de 5% caractérisant généralement une économie saine.

Selon des commentateurs de la presse américaine, l'actualité aux Etats-Unis a été marquée ces dernières semaines par plusieurs événements, dont les élections locales, la fusillade de Fort Hood ou le vote de procédure du Sénat pour l'ouverture d'un débat sur la réforme du système de santé.

Mais, pour des millions d'Américains, soulignent-ils, le chômage demeure la question la plus saillante.

«Le taux de chômage à deux chiffres est le sujet d'actualité pour cette année. Quoi qu'il arrive, le débat national demeurera recentré sur l'emploi aussi longtemps que le taux de chômage demeure trop élevé», note l'éditorialiste d'un quotidien américain.

Pour Robert Reich, ancien secrétaire du Travail sous l'Administration Bill Clinton et fervent défenseur de la nationalisation du système de santé, «bien que l'accès à des soins de santé abordables est extrêmement important pour les Américains, gagner sa vie l'est encore plus».

Les résultats des dernières élections locales américaines étayent la place de choix de la question de l'emploi. L'économie a été ainsi le principal facteur qui a déterminé les résultats de ce scrutin, marqué notamment par un retour en force des candidats républicains. Selon des sondages réalisés à la sortie des urnes, l'emploi a été à la tête des préoccupations des électeurs.

Dans la foulée de ces chiffres alarmants sur le chômage, la Maison Blanche a annoncé un forum sur l'emploi qui réunira dans quelques jours les chefs d'entreprise, les responsables syndicaux, les patrons de PME et les experts économiques.

Les participants devront se pencher sur les moyens de relancer l'emploi aux Etats-Unis, sachant que le taux de chômage élevé est l'un des grands défis de l'actuelle administration.

L'annonce de ce sommet s'est faite un jour après la publication d'un sondage «Gallup» révélant que les Républicains gagnent du terrain dans la course vers les élections de mi-mandat de 2010.

Quelque 48 pc des électeurs inscrits affichent leur préférence pour le candidat du Grand Old Party (GOP) lors de l'élection de 2010, alors que 44 pc affirment qu'ils soutiendraient le candidat du Parti démocrate.

En novembre de l'année prochaine, 435 sièges à la Chambre des représentants et plus d'un tiers des sièges du Sénat seront renouvelés dans le cadre de ce scrutin. Les Américains devront également élire plus de deux-tiers des gouverneurs.

«Dans une année, les candidats démocrates et républicains pourraient faire face à un électorat très différent de celui qui avait choisi Barack Obama président des Etats-Unis», a commenté le directeur des sondages de CNN, Keating Holland.

En novembre 2008, les malheurs des bourses avaient fait le bonheur des Démocrates en portant leur candidat à la présidence. Les malheurs du marché de l'emploi feront-ils cette fois-ci le bonheur des Républicains en 2010?
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