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Nouvelle culture pour les friches en Grèce

Fils et petit-fils de fermiers, Spyros Papathanassiou consacre l'essentiel de sa journée à veiller sur le pressoir à huile et les vignes familiales à Asopia, un village au nord-est d'Athènes, en sus d'un emploi de fonctionnaire.

Nouvelle culture pour les friches en Grèce
La Grèce a représenté un défi à l'expansion de Martifer. La différence culturelle qu'a rencontrée Martifer Solar sur le marché grec a exigé une grande souplesse et capacité d'adaptation de notre part. (Photo : www.environnement-afrique.info)
Mais son avenir réside dans une ferme solaire de 5.800 m2, qui occupe un vignoble à l'abandon sur les collines entourant le village, et dans laquelle il a englouti près de 500.000 euros en trois ans.

«Les revenus agricoles ont sérieusement fondu ces dernières années», lance-t-il en criant pour couvrir le bruit de la presse. «A dire vrai, ce travail n'a jamais beaucoup rapporté», ajoute-t-il.

Sa production électrique, vendue à l'opérateur national DEI, est donc bienvenue pour compléter le revenu familial, même si en terme de puissance elle suffirait à peine à faire marcher la pompe à eau de l'exploitation. A 58 ans, Papathanassiou espère avoir remboursé les prêts contractés pour installer ses panneaux solaires d'ici 4 à 5 ans.

En Grèce, des milliers de paysans veulent désormais suivre son exemple: offrant permis d'installation et de vente à la DEI, sans aides financières, un programme gouvernemental lancé cet été a déjà attiré quelque 6.000 candidats.

Devenus dépendants des subventions européennes, les paysans grecs se sont enfoncés dans une impasse en privilégiant des produits que leurs partenaires peuvent acheter moins cher ailleurs, comme le coton et le tabac.

D'où le fréquent spectacle de producteurs en colère déversant leurs récoltes invendues devant des ministères et bloquant les autoroutes, d'autant plus malvenu pour les autorités que la crise financière traversée par le pays resserre les cordons de la bourse.

La DEI de son côté dépend depuis trop longtemps -pour près de la moitié de sa production électrique- des gisements de lignite du pays, ce qui en fait le plus gros émetteur grec de gaz à effet de serre.

L'énergie photovoltaïque lui offre l'occasion de réduire sa dépendance vis-à-vis des centrales polluantes, permettant au pays d'espérer remplir le quota européen de 20% d'énergies renouvelables dans sa consommation énergétique globale en 2020.

Pour le syndicaliste agricole Vassilis Kollias, les panneaux solaires «sont la dernière chance pour un investissement sérieux dans les campagnes» alors que «les revenus agricoles ont baissé de 40 à 50% ces derniers 15 ans».

«La plupart des agriculteurs ont plus de 50 ans, et beaucoup n'ont personne à qui passer la main, ils n'ont rien d'autre à espérer», affirme-t-il.

Selon les plans du ministère de l'Environnement, les agriculteurs peuvent prétendre produire quelque 750 megawatts, sur une production électrique solaire qui doit atteindre 2.200 megawatts (MW) en 2020.

«L'idée est bonne, mais elle a été lancée à la va-vite», estime, toutefois, Kollias, jugeant trop limitée la part adjugée au secteur.

Il relève aussi que le kilowatt/heure, qui coûte 40 cents en Grèce, ne vaut que 25 centimes en Espagne, où un programme de fermes solaires a déjà été lancé. De quoi refroidir l'enthousiasme, quand la mise en place d'une telle unité requiert un capital de départ de 25.000 à 80.000 euros, plus les prêts bancaires.

L'écoulement de la production n'est également pas encore garanti faute de couverture de toutes les zones rurales par un réseau d'alimentation, selon Kollias. A l'ouest du pays, les producteurs de tabac de la région d'Agrinion ne se laissent pourtant pas décourager.

«Beaucoup ont perdu leur revenu, ils sont doublement intéressés», relève Pénélope Sidira, qui supervise les projets solaires de la coopérative agricole d'Agrinio, et a déjà reçu 500 candidatures. «De toute manière, il ne leur reste pas grand chose d'autre à faire ici», note-t-elle.
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