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Quand le sport défie le blocus israélien

«Jibril Rajoub appelle à davantage de mobilisation pour soutenir le sport palestinien».

Quand le sport défie le blocus israélien
«Le sport doit être conçu selon des critères qui servent les intérêts du peuple palestinien tout entier, loin de tous conflits personnels, politiques ou géographiques», insiste le président du Pnoc, Jibril Rajoub. (Photo : MAP)
A l'instar de tous les secteurs, le sport palestinien souffre de toutes formes de blocus et d'intimidation de la part des autorités de l'occupant israélien qui n'hésitent pas à user de tous les moyens à même de l'étouffer, l'isoler de son environnement et de faire progressivement disparaître l'image qu'il s'est forgée depuis des années sur les scènes arabe et internationale.

Parmi ces souffrances, il y a lieu de citer l'interdiction aux sportifs palestiniens de se déplacer à Gaza et en Cisjordanie et vice versa, les restrictions imposées sur la construction des infrastructures sportives notamment de trois stades (Beit Amr, Beit Fourik et Bourine) ou l'équipement du stade Majid Assaad d'Al Bira.

Les instances des Fédérations sportives ne peuvent, non plus, se réunir périodiquement tout comme le blocage des équipements sportifs fournis par les fédérations internationales ou continentales dont une cargaison procurée par le président de l'Uefa, Michel Platini, et qui est restée longtemps bloquée dans un port israélien jusqu'au paiement d'une «rançon» de 5.000 dollars pour «être libérée».

«Le sport doit être conçu selon des critères qui servent les intérêts du peuple palestinien tout entier, loin de tous conflits personnels, politiques ou géographiques», insiste le président du Comité national olympique palestinien (Pnoc), Jibril Rajoub, également président de la Fédération de football.

Il a également souligné la nécessité de trouver une issue à la question de la fragmentation des composantes du sport palestinien à travers la mise en place de canaux de communication avec la diaspora palestinienne, en particulier en Syrie et au Liban, ainsi qu'à celle relative aux sportifs établis à Al-Qods mais auxquels les autorités d'occupation imposent une identité israélienne.

Afin de sortir de cette impasse, plusieurs dossiers ont été soumis ces derniers mois aux Cio, Fifa, Uefa et à l'Onu, portant notamment sur l'infrastructure sportive, la circulation des sportifs, les aides continentales et internationales n'arrivant pas à bon port et sur les entraves imposées aux instances sportives nationales.

Plus de 30 journalistes sportifs arabes, représentant dix pays, en visite la semaine dernière à Ramallah dans le premier rassemblement médiatique d'envergure en Palestine depuis 1967 et coïncidant avec la tenue de la première rencontre des journalistes sportifs palestiniens, se sont arrêtés in situ sur les multiples entraves érigées par l'occupant israélien pour bâillonner toute activité sportive palestinienne, notamment le football qui a signé une présence remarquable sur les scènes local, arabe et continentale et forcé le respect de tous.

D'Amman, ces journalistes ont dû prendre leur mal en patience pour franchir les nombreux obstacles sur leur chemin vers Ramallah, sachant que la délégation n'était nullement la bienvenue de la part des forces d'occupation qui, usant de multiples subterfuges, dressent des blocages à tout contact avec leurs confrères de la Cisjordanie et de Gaza et qui se sont, finalement, rencontrés à Ramallah.

Ils ne sont pas les seuls. Tout visiteur de Palestine, soit pour des raisons familiales, commerciales, professionnelles ou académiques se doit de se soumettre à ces contraintes.

Dès le passage du pont du Roi Hussein, les obstacles et provocations des contrôles israéliens surgissent au pont Allenby où le visiteur, détenteur d'une autorisation d'entrée, doit s'armer de patience et faire montre de sang froid sans aucun signe de dépit, ressentiment ni de colère sinon il sera renvoyé d'où il est venu ou risquant même d'être séquestré.

L'occupant impose ces restrictions afin de pousser les visiteurs à ne plus revenir. Il bloque les passages et refuse l'accueil de voyageurs avant même l'horaire prévu de fermeture, ce qui obligent des centaines de personnes à rester à la belle étoile des deux côtés des frontières palestino-jordaniennes, en plus qu'il dicte des taxes de près de 333 dirhams pour tout visiteur voulant quitter la Palestine.

En dépit du fait que la question des passages est régie par des accords tripartites (Palestine, Jordanie et Israël), les palestiniens et jordaniens sont assujettis aux décisions d'isba et toute convention de ce genre ou autres ne sont pas contraignantes pour l'occupant.

Mêmes exigences pour le culte. Les forces d'occupation astreignent toute personne voulant prier à un contrôle rigoureux et le passage à travers des portiques électroniques de détection de métaux avant l'accès au Tombeau des Patriarches, ce qui a grandement réduit le nombre de gens venus prier alors que son esplanade était, autrefois, pleine de fidèles.

D'ailleurs, les journalistes arabes avaient été témoin, vendredi dernier, de cette souffrance des fidèles avant de franchir les portiques à tourniquet et électroniques derrière lesquels se barricadent des soldats et soldates de l'occupation, qui soumettent les fidèles à la fouille systématique et au contrôle via des dizaines de caméras.

Face à ce blocus, les dirigeants palestiniens, à leur tête le Président Mahmoud Abbas, ont chaleureusement accueilli l'organisation du 1er forum des journalistes sportifs arabes sur terre palestinienne.

«Permettez-moi de vous confier qu'il n'est pas exagéré de confirmer que la presse sportive s'est montrée plus audacieuse et avant-gardiste que celle politique dans la perspective de mettre fin au blocus imposé au peuple palestinien», a-t-il dit, ajoutant que «nous avons toujours souhaité que nos frères de la presse arabe nous rendent visite, abstraction faite de l'excuse de normalisation souvent évoquée par nos frères arabes».

Assurant que «la Palestine a énormément besoin de l'aide humanitaire et la voix arabe», Abbas, a qualifié cette visite de «révolte contre l'occupation», lançant un appel aux «voix humaine, arabe et internationale pour constater ce qui se passe chez nous (...). La réalité de cette souffrance ne peut être décelée uniquement à travers les médias, mais en étant un témoin oculaire de l'occupation».

Sur ce même registre, Rajoub a pressé les pays arabes à mettre fin au blocus israélien imposé au sport, soulignant le rôle que peut jouer les visites des sportifs et équipes arabes dans le «soutien des équipes, sélections et sportifs, ainsi que de la famille sportive en Palestine, cible en permanence de l'occupation».
«Rendre visite au prisonnier ne signifie absolument pas visiter le geôlier», a-t-il martelé, rejetant ainsi «les affirmations assimilant toute visite en Palestine à une sorte de normalisation avec l'occupation».

En dépit de ces entraves, le sport palestinien a connu l'année dernière une «révolution» par l'organisation du premier tournoi professionnel avec la participation de 12 équipes et la visite du président du CIO, le Belge Jacques Rogge, accompagné d'une délégation comprenant les deux champions olympiques marocains Hicham El Guerrouj et Nawal El Moutawakel, au village de Er-Ram où il a posé la première pierre pour la construction du siège du comité olympique palestinien.

Cette visite «historique» constitue une lueur d'espoir et une première étape vers la levée et l'allégement des difficultés auxquels font face enfants et jeunes palestiniens pour la pratique du sport, qui est un droit fondamental de l'Homme.

Cette année a également connu une amélioration remarquable du niveau des sélections palestiniennes, notamment féminine, classée 4è lors du championnat arabe de Bahreïn et du championnat de l'Asie de l'ouest.

Le dernier fait marquant des annales du sport palestinien remonte au 10 février courant avec la tenue du 1er championnat féminin de football «Sahar Al-Jarmi», du nom de la première martyre palestinienne de l'Intifada de décembre 1987.

Le match d'ouverture ayant opposé Siriat Ramallah à Diar Bethlehem au Stade Faiçal Al Husseini à Ramallah et retransmis en direct par la télévision palestinienne, a été remporté par la formation locale (2-0) devant 15.000 spectateurs, en majorité des femmes et filles.

A ce propos, l'ancien secrétaire général adjoint de la Fédération internationale de football (Fifa), Jérôme Champagne, actuellement conseiller des affaires sportives auprès de l'Autorité palestinienne, a souligné que «l'infrastructure sportive en Palestine a connu un saut considérable ces dernières années, avec 8 stades répondant aux normes internationales», relevant que «les joueurs perçoivent désormais des salaires mensuels décents pouvant atteindre 5.000 dollars».

Le 9 mars prochain, le Onze palestinien jouera son premier match officiel devant son public au Stade Faiçal Al Husseini, contre homologue thaïlandais en match retour des éliminatoires des JO-2012, sachant que le premier match amical disputé en Palestine remonte au 26 octobre 2008.

Disputé face à la Jordanie à l'occasion de l'inauguration dudit stade, ce match a été marqué par la présence de plusieurs personnalités, dont le président de la Fifa, Sepp Blatter.

En dignes représentants de leur peuple, dont les malheurs ne font que renforcer sa volonté et qui fait du sport un des moyens de lutte, les sportifs palestiniens ne ménagent aucun sacrifice pour défendre les couleurs de leur pays et honorer, par leurs performances, chaque Palestinien et arabe de l'Océan au Golfe.

Reste à espérer que le peuple palestinien ne sera pas livré à son sort et coupé de sa profondeur stratégique, pour que le sport palestinien renaisse de ses cendres et représente sa patrie dans les échéances arabes et régionales, à l'instar des autres nations, surtout que la décision de créer un conseil supérieur du sport, composé à moitié de femmes, est de nature à assurer la représentativité d'Al-Qods, de la Cisjordanie, de Gaza et de la diaspora.
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