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Les réfugiés syriens pessimistes

Les réfugiés syriens en Jordanie se disent pessimistes quant à l'avenir de leur pays, s'attendant à de nouvelles effusions de sang, malgré les milliers de victimes déjà recensées depuis le début de la révolte il y a un an.

Les réfugiés syriens pessimistes
«Nous nous attendons à ce que le régime de Bachar Al-Assad montre son vrai visage et fasse couler encore plus de sang»,. (Photo : www.lejdd.fr)

«Nous nous attendons à ce que le régime de Bachar Al-Assad montre son vrai visage et fasse couler encore plus de sang», affirme à l'AFP Aymane Juhmani, ancien fonctionnaire de 44 ans, originaire de Deraa (sud). «Il va tomber tôt ou tard parce que les Syriens, qui ont fait de grands sacrifices, n'accepteront jamais qu'un tel régime criminel puisse continuer à gouverner. Mais je crains qu'il faudra encore plus» de martyrs, ajoute-t-il dans un petit appartement situé dans la ville frontalière de Ramtha.

Un keffieh rouge et blanc sur la tête, Aymane Juhmani explique que lui et son frère, avocat, sont arrivés en Jordanie avec leurs familles en août 2011. «L'an dernier, les autorités nous ont emprisonnés, mon frère et moi, pendant près de 50 jours parce que nous avions pris part à des manifestations et parlé à des journalistes étrangers». «Nous avons fui en Jordanie après avoir reçu de nombreuses menaces de mort», confie-t-il.

Selon le porte-parole du gouvernement jordanien Raakn Majali, environ 80.000 Syriens ont trouvé refuge dans le royaume depuis mars 2011 et un camp de 30.000 m2 pour les accueillir est actuellement en construction. «La majorité des réfugiés sont hébergés par des parents jordaniens à Ramtha et dans la ville de Mafraq (nord)», précise-t-il à l'AFP.

Le Haut commissariat de l'Onu pour les réfugiés (HCR) évalue entre 5.000 et 8.000 le nombre de réfugiés syriens en Jordanie enregistrés, tandis que Amman a accepté près de 5.000 étudiants syriens dans ses établissements scolaires publics.

La plupart des réfugiés sont originaires de la province méridionale de Deraa, un des berceaux de la révolte.

 «Les forces d'Assad tuent sans cesse des gens. Le monde nous regarde alors que les Syriens sont massacrés comme des moutons», s'insurge Mahmoud Masri, un forgeron de 62 ans. «Je ne pense pas que ces assassinats de masse vont bientôt prendre fin. Pourquoi le régime mettrait-il fin au massacre» alors que «le monde ne fait que condamner» sans intervenir?

Osama Tawil, un vétérinaire de 44 ans, approuve : «Nous combattons seuls contre ce régime brutal. C'est une ‘révolution orpheline’». «Le monde a aidé la Libye à se débarrasser de Mouammar Kadhafi. Il ne nous soutient pas de la même manière. Mais nous ne perdrons pas espoir. Les meurtres se poursuivront, mais il (Assad) ne peut pas nous tuer tous».

Il explique être venu en Jordanie avec son frère en décembre parce qu'ils n'avaient «pas d'armes pour lutter contre le régime». «Nous n'avions pas envie de mourir là-bas pour rien. Donnez-nous des armes et nous retournerons combattre. Nous ne sommes pas des lâches», dit-il, en précisant que les autorités syriennes l'avaient torturé pendant plusieurs jours parce qu'il avait parlé à des médias internationaux.

Le Conseil national syrien (CNS), qui regroupe une grande partie de l'opposition au régime de Bachar Al-Assad, et les pays arabes, notamment l'Arabie Saoudite, ont exhorté la Communauté internationale à armer les combattants de l'opposition, mais celle-ci est très divisée sur cette question. Même s'ils ont laissé derrière eux leurs proches, les réfugiés se considèrent comme chanceux d'avoir échappé à «l'enfer» en Syrie.

 «Les voyous du régime ont réduit en cendres ma maison et mon atelier parce que j'ai manifesté contre Al-Assad. J'ai dû quitter Deraa et je n'en suis pas heureux, mais Dieu merci, je suis ici aujourd'hui avec mes enfants, sains et saufs», confie Mahmoud Masri.

Osama Tawil ressent la même chose : «Ma mère et mon père sont toujours en Syrie, hébergés par des proches, les criminels ayant détruit notre maison de famille. Nous sommes inquiets à leur sujet et tristes».

Mais les Jordaniens «font de leur mieux pour aider les réfugiés, malgré quelques lacunes». Et «nous sommes chanceux d'être encore en vie».

 

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