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Baraka mit les petits plats dans les grands

C'est un ministre des Finances qui se voulait rassurant et surtout convainquant que l'Agence Maghreb Arabe Presse a accueilli, mardi, dans le cadre de son rendez-vous mensuel le Forum de la MAP .

Baraka mit les petits plats dans les grands
Nizar Baraka, lors du Forum de la MAP, organisé au siège de l’agence à Rabat autour du Projet de la loi de Finances 2013. (Photo : MAP)

● PLF 2013 : Toutes les composantes de la société appelées à se constituer en bloc pour faire face à toute éventuelle crise économique 

Une panoplie d'avantages pour favoriser l'accès de la classe moyenne au logement 

● Le financement du projet de la Ligne de train à grande vitesse bouclé et les travaux débuteront en 2013

 ● Impôts sur les fortunes, une étude de la faisabilité et de la rentabilité s'impose

● La réunion avec le Conseil d'administration de la CGEM sur le PLF 2013 était constructive et instructive à bien des égards

● Plusieurs mesures visant l'intégration de l'informel à l'économie légale 

● Une volonté politique affichée pour une réforme globale des comptes spéciaux de trésorerie

● La contribution de solidarité n'augmente pas la pression fiscale sur l'entreprise marocaine 

Nizar Baraka a mis pour l'occasion les petits plats dans les grands. Exposé en data show, chiffres et analyses à l'appui, l'argentier du Royaume a tout dévoilé ou presque au sujet du projet de loi de finances 2013, qui suscite un tollé depuis sa présentation au Parlement. 

Rassurant, le ministre l'a été vis-à-vis à la fois de la classe moyenne et des entreprises. 

Le budget 2013 institue des avantages en faveur des citoyens dont le revenu mensuel net d'impô t ne dépasse pas 15.000 DH , a dit le ministre à l'adresse de ceux qui ont le sentiment d'appartenir à la classe moyenne et veulent investir dans la pierre. Ces avantages fiscaux, a-t-il expliqué, vont aider à favoriser l'accès au logement et à résorber le déficit en la matière à l'horizon 2016 avec un rythme de production de 170.000 unités d'habitat par an. 

L'une de ces mesures incitatives, la prorogation, jusqu'au 31 décembre 2020, des exonérations fiscales accordées aux programmes de construction de logements à faible valeur immobilière destinés aux couches défavorisées et constituant une alternative à l'habitat insalubre . 

A ceux qui affichent la crainte d'une pression fiscale sur l'entreprise , Nizar Baraka a été on ne peut plus clair : la contribution de solidarité n'augmente pas la pression fiscale sur l'entreprise marocaine, vu qu'elle touche uniquement 500 grandes entreprises, dont une bonne partie des entreprises publiques, sur un nombre total de 150.000». 

«Nous avons baissé la pression fiscale de 30% à 10% pour les Petites et moyennes entreprises (PME), qui constituent 77% des entreprises marocaines, et non pas augmenté la pression fiscale», a-t-il martelé. 

Et pour convaincre les plus irréductibles parmi ceux qui rechignent à décaisser quelques dirhams de leur salaire pour contribuer à l'effort national de solidarité en ces temps de disette, Nizar Baraka a trouvé les mots : la cotisation sociale prélevée sur les salaires dépassant 25.000 DH net ne touche pas la compétitivité de l'entreprise et ne pénalise guère la classe moyenne puisqu'elle concerne moins de 1 pc des salariés contribuables . 

Pour le ministre, il s'agit d'un «petit sacrifice» qui devrait permettre aux citoyens marocains de concrétiser les valeurs d'une société «équilibrée et solidaire», et de «faire intégrer des millions de pauvres qui sont au ban de la croissance économique et du développement». 

L'invité du Forum de la MAP ne s'est pas privé de narguer ceux qui se plaisent à dire que le Maroc ne pourra pas, en ces temps de crise à l'international, mener à terme certains projets comme celui de la LGV, la ligne à grande vitesse devant relier Tanger et Casablanca et qui ambitionne de révolutionner le secteur du transport ferroviaire. 

Pour lui, le financement de ce projet est bouclé et le lancement des travaux est prévu pour 2013. D'autres projets programmés pour cette année seront bel et bien exécutés . 

Epinglé sur le sujet polémique des fameuses caisses noires , le ministre a utilisé là encore un euphémisme : Il s'agit de comptes de trésorerie qui existent au Maroc depuis 70 ans. Le ministre a quand même reconnu que cette manne échappe à tout contrôle institutionnel, tout en signalant que le gouvernement affiche aujourd'hui une volonté politique pour une réforme globale de ces comptes conformément à l'esprit de la nouvelle Constitution. 

Au sujet de l'impôt sur la fortune, le ministre semble avoir laissé l'assistance sur sa faim. Ses arguments relevaient plutôt d'une analyse socio-culturelle : «Est-ce que vous croyez qu'aujourd'hui un Marocain puisse accepter qu'un inspecteur des finances fouine dans ses affaires personnelles, fasse un inventaire des bijoux de sa femme et évalue ses tableaux» pour déterminer l'étendue de sa fortune et l'impôt qui en découle ? 

Avant d'envisager une quelconque mesure à ce sujet, le gouvernement doit étudier la faisabilité et la rentabilité de cet impôt, a dit le ministre. Il a, d'ailleurs, annoncé la tenue prochaine d'un colloque sur la fiscalité , une sorte de grand-messe des décideurs politiques et des experts financiers du Royaume où il n'y aurait pas de tabou fiscal.

«ISF : Etude de la faisabilité s'impose»

Le ministre de l'Economie et des Finances, Nizar Baraka, a indiqué, mardi à Rabat, que le gouvernement doit, avant d'envisager l'application de l'impôt sur les fortunes, d'étudier sa faisabilité et sa rentabilité, et voir si elle n'engendre pas d'effets contraires sur le capital (fuite de capitaux), et partant sur l'investissement.

«Il ne s'agit pas d'une question d'audace, mais de voir si cette mesure est adaptée à notre société», a tenu à préciser Baraka lors du Forum de la MAP, organisé autour du Projet de la loi de Finances 2013.

Il a noté, à ce propos, qu'avant de prévoir toute application dudit impôt sur les fortunes, «il faut d'abord étudier les expériences étrangères, qui ont démontré que plusieurs pays ont décidé de l'abolir, vu qu'il peut porter préjudice à l'investissement productif du capital».

Dans ce cadre, le ministre a relevé que l'objectif du gouvernement est d'encourager le capital et d'augmenter la productivité de l'investissement, en le réorientant vers les secteurs productifs, dont l'industrie.

Baraka a, en outre, cité l'exemple du contribuable propriétaire d'un bien immobilier de grande valeur mais qui ne détient pas de revenu. Le contribuable «sera contraint de payer annuellement des impôts sur ce bien sans pour autant avoir les moyens d'y faire face», ce qui pourrait être une entrave devant l'instauration d'une telle imposition, a-t-il expliqué.

La question de l'impôt sur les fortunes suscite un grand intérêt de la population marocaine, et alimente plusieurs débats politiques et académiques quant à sa faisabilité et sa portée socioéconomique  

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