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«Les droits des minorités et leurs devoirs en Islam»

S.M. le Roi Mohammed VI, que Dieu L'assiste, accompagné de SAR le Prince Moulay Rachid, a présidé, samedi au Palais Royal de Rabat, une nouvelle causerie religieuse du mois sacré de Ramadan.

Cette causerie a été animée par le professeur Mohamed Guennoun Al Hassani, président du Conseil local des ouléma de Tanger sur le thème «Les droits des minorités et leurs devoirs en Islam», en partant du Hadith du Prophète Sidna Mohammed, sur lui paix et bénédiction : «Celui qui commet une injustice contre un contractant, le dénigre, le surcharge ou lui prend une chose sans son consentement, me verra être à sa charge le jour de la résurrection». 

Le conférencier a souligné la pertinence du thème objet de cette causerie affirmant que cette question est au cœur de la citoyenneté et que la religion islamique a jeté les bases des droits à la citoyenneté en faveur des minorités. Il a relevé la corrélation étroite entre droits et devoirs dans toutes les législations positives ou celles puisées dans les religions célestes. Pour Guennon, il importe donc pour la Oumma islamique de contribuer à la réalisation à l'échelle internationale d'une charte de référence relative aux droits des minorités, charte qui soit fondatrice de ces droits et au service des musulmans et de ceux qui appartiennent aux minorités ainsi qu'aux institutions.

Après avoir défini les types de minorités (raciale, ethnique, culturelle et religieuse), le conférencier a axé son exposé sur les minorités religieuses, faisant observer que le vocable «minorités» n'existe pas dans la législation islamique et n'a jamais été utilisé dans l'histoire islamique, tant ce concept n'a fait son apparition qu'après l'avènement de l'Etat dans son acception moderne. Il a évoqué à cet égard la pratique de «la dhimma» introduite par l'Islam pour organiser les liens de l'Etat islamique avec les minorités en tant que relation de protection et de sécurité fondée sur la responsabilité. En témoigne le document signé par le Prophète Sidna Mohammed avec les chrétiens de Najrane, dans lequel les termes «Dhimma» et «voisinage» renvoient à la protection conditionnée par la liberté telle que stipulée par le texte.

Guennon a souligné que le hadith objet de la causerie tient lieu de principes fondamentaux consacrant la tolérance, la justice et le droit et bien d'autres fondements constitutifs de l'Etat islamique, dont la protection des minorités au sein de l'Etat islamique, y compris mêmes celles qui y étaient hostiles. Il a cité dans ce contexte trois principes généraux autour desquels s'articule la protection des minorités en islam, à savoir d'abord le bannissement des considérations sous-tendant les formes de discrimination en termes de race, de sexe, de couleur et de culture, ensuite la garantie des droits fondamentaux pour les musulmans et non-musulmans, telle que la protection de la vie, de la religion, de la raison, des biens, de l'honneur. Il s'agit en troisième lieu de bannir la contrainte, ce qui équivaut à l'établissement de la liberté de culte.

Les déviations par rapport à ces principes que pourrait constater le chercheur en histoire islamique procèdent d'une mauvaise compréhension des textes et d'erreurs dans leur mise en application, a précisé le conférencier.

Dès son arrivée à Médine, alors peuplée de diverses communautés (croyants, non-croyants), le Prophète Sidna Mohammed a mis au point un document régissant la relation entre ces différents groupes et factions (Ansar, Mouhajirine, chrétiens et juifs) les unifiant sur la base de la justice, de l'égalité, de la solidarité et de l'entraide, a-t-il rappelé. Il a signalé que les chartes et les lois mises en place par la civilisation humaine contemporaine confirment clairement les principes consacrés par la charia islamique, appelant à l'élaboration d'un projet de charte qui ferait la synthèse entre les droits reconnus aux minorités par le droit positif et les versets coraniques et les hadiths pour garantir un traitement humain élevé à ces minorités à travers le monde.

L'orateur a, ensuite, énuméré les six droits reconnus aux minorités par le droit international relevant que ceux-ci étaient déjà consacrés par la charia islamique. Il s'agit, a-t-il expliqué, du droit des minorités à la protection contre le fanatisme, la discrimination et la violence raciale, droit de jouir d'une même protection abstraction faite de l'origine ethnique et raciale, le droit des minorités de jouir de leurs cultures et à la pratique religieuse et linguistique, le droit de bénéficier des mesures positives de l'Etat pour encourager l'entente entre les races et promouvoir les droits de l'Homme, le droit de demande d'asile par crainte de persécution fondée sur des considérations ethniques, religieuses ou d'appartenance sociale et enfin le droit de recours à la justice.

L'Islam a, donc, jeté les bases de la coexistence pacifique entre musulmans et non musulmans et autres minorités en terre d'islam et prô né les voies de dialogue entre musulmans et adeptes d'autres confessions pour l'édification d'une société homogène, vivant dans la paix, la sécurité et l'égalité, a-t-il dit.

Guennoun s'est ensuite attardé sur le modèle marocain garantissant aux minorités le plein exercice de leurs droits, que ce soit de nos jours ou par le passé, mettant en relief la cohabitation et la coopération exemplaires qui ont de tout temps existé entre musulmans et juifs sous l'égide de l'institution d'Imarate Al-Mouminine. Il a affirmé que le Maroc s'est singularisé en octroyant aux non-musulmans le droit de participer au pouvoir, précisant que les Souverains marocains ont confié à des citoyens de confession juive les fonctions d'ambassadeurs, de secrétaires, de conseillers et de ministres.

Au terme de cette causerie, S.M. le Roi a été salué par Cheikh Abdul Aziz Sy Al-Ibn, président de l'Union des associations islamiques et porte-parole de la famille tijania malikite (Sénégal), Abderrahmane Saoud Abdah, secrétaire général adjoint aux affaires de la Daâwa et de l'orientation, secrétaire général adjoint aux affaires de prédication et d'orientation médiatique au ministère jordanien des waqfs, Mohamed Manssour Sy, alem et poète de la famille Sy Tijania, et Mortada Boussiri, alem du Nigeria.

Le Souverain a été, également, salué par Cheikh Ahmed Tijani Ibrahim Nyas, calife de la famille Al-Nyass (Sénégal), Yahya Ould Al-Baraa, érudit et professeur universitaire (Mauritanie), Abdallah Al Machri, alem mauritanien, et Ryad Aït Hammou, récitateur (Algérie).

De même, S.M. le Roi a été salué par le ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq qui a présenté au Souverain un ouvrage intitulé «les Mosquées du Maroc», premier livre scientifique qui offre une vue compréhensive sur les mosquées du Maroc à travers les âges. Ce beau livre est fait d'un texte d'histoire archéologique des mosquées, élaboré par une équipe d'universitaires, dirigée par le professeur Abdelaaziz Touri.

S.M. le Roi a été, ensuite, salué par l'ambassadeur de Tunisie, Rafii Ben Achour, venu prendre congé du Souverain au terme de sa mission diplomatique au Maroc. A cette occasion, le Souverain a décoré le diplomate tunisien du Ouissam Alaouite de l'ordre de Grand officier.  

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