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Inquiétude sur le secteur automobile

La crise du marché automobile en Europe a plané sur la première journée du Mondial de Paris, grande messe du secteur qui se tient tous les deux ans, en dépit des nouveautés rutilantes présentées par les constructeurs.

Inquiétude sur le secteur automobile
Le salon Mondial automobile de Paris s'est ouvert sous le signe des restructurations, avec des constructeurs prédisant un avenir encore morose en 2013 pour un secteur qui nécessite davantage de flexibilité. (Photo : AFP)

Tous ont mis les petits plats dans les grands pour mettre en avant des concept-car bourrés de technologie ou de grands classiques restylées afin de séduire un public qui viendra les découvrir à partir de samedi.

Des incontournables véhicules hybrides ou électriques aux lucratifs SUV en passant par les sportives décomplexées, tous s'attachent à être présents sur le segment le plus large afin de résister, voire gagner des parts dans un marché âprement compétitif. Car la situation ne devrait guère s'améliorer l'an prochain, alors que les ventes de voiture se sont effondrées de 7,1% à fin août en Europe.

Le numéro 1 du Continent, l'allemand Volkswagen, a ainsi prévenu par la voix de Christian Klingler, membre de son directoire, qu'il n'attendait «aucune amélioration fondamentale rapide du marché en Europe».

Même chose du français PSA Peugeot Citroën, deuxième constructeur en Europe en pleine passe difficile. Le président de son directoire, Philippe Varin, table sur un marché européen «autour de zéro ou légèrement négatif» en 2013, après une baisse de 8% cette année.

La situation ne s'annonce guère meilleure à moyen terme, avec «un plateau en terme de marché sur les trois années et une année 2015 pas très différente de 2012», selon lui.

Pour le patron de Renault, Carlos Ghosn, le «marché (sera) au mieux stable ou, plus probablement, légèrement en baisse». Le groupe a, d'ailleurs, revu en baisse ses prévisions de marché pour l'Europe à -8% en 2012, avec une situation encore plus sombre en France.

Quant au patron de l'italien Fiat, Sergio Marchionne, il n'attend pas d'amélioration en 2013. «Nous ne commencerons pas à voir de rétablissement avant 2014», a-t-il estimé. «Il est peu vraisemblable que nous retrouvions les volumes de 2007 avant un bon moment», a-t-il ajouté, pessimiste. «Nous devons trouver les moyens de traverser quelques années à venir très difficiles», a-t-il plaidé.

D'autant que la coordination européenne pour répondre à la crise qu'il appelle de ses voeux n'est pas prête de voir le jour. «Tout le monde aimerait un soutien (de l'Union européenne) mais j'ai peu d'espoir que cela se produise», a ainsi estimé Ghosn.

Appel à la flexibilité

 Cette situation pèse au premier chef sur les constructeurs les plus dépendants de l'Europe comme PSA, Renault et Fiat. En difficultés financières, PSA a déjà pris une série de mesures pour réduire ses coûts face à la baisse des ventes de voitures en France, en Espagne et en Italie, dont il dépend beaucoup. Il veut supprimer 8.000 postes en France et fermer l'usine d'Aulnay-sous-Bois, en région parisienne, et économiser plusieurs milliards d'euros, en espérant se redresser à partir de 2014.

Renault, qui parvient pourtant à limiter les dégâts grâce à son alliance avec le japonais Nissan et à sa marque low cost Dacia, a prévenu qu'il n'était plus tout à fait sûr de pouvoir dépasser son record de ventes cette année, comme il l'espérait encore il y a quelques mois.

Face à cette crise, les constructeurs n'ont d'autre choix que de s'adapter. Pour Varin, les capacités de production doivent être réduites sur le Vieux continent et son groupe ne peut pas être le seul à agir en ce sens.

La presse a évoqué récemment des fermetures possibles de sites chez Fiat, mais aussi chez l'américain Ford, qui prévoit de perdre un milliard de dollars cette année en Europe, ainsi que chez Opel, la filiale allemande de General Motors.

Opel a déjà mis plus de 11.000 salariés au chômage partiel en Allemagne depuis le mois dernier, soit la moitié de ses effectifs dans le pays. «C'est une période difficile. Il est important d'avoir un plan pour sortir de la crise. Nous avons ce plan et je suis sûr que nous allons trouver une solution pour en sortir», a déclaré à l'AFP son directeur des ventes Alfred Rieck.

A l'inverse, BMW ne va pas avoir recours au chômage partiel, a affirmé son chef des ventes et du marketing Ian Robertson, grâce à «une demande supérieure à nos capacités pour certains produits».

Varin a aussi plaidé pour une baisse du coût du travail, un de ses chevaux de bataille, soutenu par Ghosn selon qui «nous avons un problème de coût du travail et (...) besoin de flexibiliser le travail».

Le numéro un de PSA a aussi vanté le chômage partiel à l'allemande, le «Kurzarbeit», pour mieux passer le creux de la vague. «Quand un secteur est déclaré en crise en Allemagne, le ‘Kurzarbeit’ permet de tenir plus longtemps», a-t-il jugé. Il aura peut-être l'occasion d'aborder la question jeudi soir avec le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, attendu sur le salon à 21h00.

Quelques constructeurs vont à contre-courant de la morosité ambiante, comme le japonais Toyota, leader des voitures hybrides, qui compte être rentable cette année en Europe et y augmenter ses ventes.  

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