Menu
Search
Vendredi 19 Avril 2024
S'abonner
close
Vendredi 19 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Fête du Trône 2004

L'Argentine à la veille d'un nouveau défaut de paiement

Le temps presse pour l'Argentine, qui doit conclure d'ici à mercredi un accord avec ses créanciers, faute de quoi elle sera en défaut de paiement.

L'Argentine à la veille d'un nouveau défaut de paiement
Le ministre argentin de l'Economie, Axel Kicillof, à son arrivée, à New York, pour les dernières heures des négociations visant à éviter le défaut de paiement. Ph : AFP

Le ministre argentin de l'Economie, Axel Kicillof est arrivé mardi soir à New York pour se joindre aux discussions avec le médiateur désigné par la justice, Daniel Pollack, sur le litige entre Buenos Aires et les fonds «vautours»

Treize ans après sa retentissante faillite dans la foulée de la grande crise économique de 2001, l'Argentine se trouve au bord d'un nouveau défaut de paiement qui risque d'entraîner le pays dans une tourmente économique aux lourdes conséquences.

Condamnée en 2012 par un tribunal de New York à verser à deux fonds spéculatifs américains, dits fonds «vautours», la totalité de leur dû, soit 1,33 milliard de dollars plus les intérêts, l'Argentine doit parvenir à une solution avec ces créanciers privés avant le 30 juillet pour éviter de tomber dans un nouveau défaut de paiement.

Refusant tout allégement de la dette argentine, contrairement à la plupart des créanciers de Buenos Aires, NML Capital et Aurelius Management réclament le remboursement intégral de leurs créances, quitte à faire précipiter la troisième puissance économique d'Amérique Latine dans une nouvelle crise économique et financière.

Une délégation argentine doit rencontrer mardi à New York le médiateur américain, Daniel Pollack, chargé de faciliter les négociations entre l'Argentine et les fonds «vautours», à 24 heures de la fin du délai de grâce, accordé par le juge américain Thomas Griesa à Buenos Aires pour parvenir à un arrangement avec les deux créanciers.

Les observateurs écartent la possibilité de voir les deux parties parvenir à une solution à ce litige car aucune d'elles ne semble être prête à faire des concessions.

Alors que l'Argentine exige la suspension provisoire du verdict la contraignant à verser 1,33 milliard de dollars, le juge américain Thomas Griesa campe toujours sur sa position refusant d'accorder la moindre facilité de paiement à Buenos Aires.

Le chef du gouvernement argentin, Jorge Capitanich a accusé la semaine dernière les fonds «vautours» de vouloir «extorquer» son pays en lui réclamant la restitution de la totalité de leurs créances.

L'Argentine fait face à des «tentatives d'extorsion de la part de certains groupes minoritaires de créanciers», a-t-il déclaré en allusion aux deux fonds «vautours». 

Le responsable argentin a, toutefois, tenté de rassurer les bailleurs de fonds en réaffirmant que son pays n'était pas confronté au risque d'un nouveau défaut de paiement. «L'Argentine paie ses dettes et respecte ses engagements vis-à-vis de ses créanciers. C'est lorsqu'un pays s'avère incapable d'honorer ses dettes qu'on peut parler de défaut de paiement», a-t-il précisé.

La presse de l'opposition ne partage pas cet avis. «Clarin» a rapporté ce mardi que le pays se dirige vers un nouveau défaut de paiement, un scénario auquel le gouvernement semble résigné. Comme pour préparer l'opinion publique à une telle éventualité, plusieurs experts et économistes proches de l'exécutif ont multiplié les sorties médiatiques ces derniers jours pour minimiser l'impact d'un éventuel défaut de paiement sur l'économie du pays.

Parallèlement à la rencontre de New York, la présidente argentine Cristina Kirchner qui se trouve à Caracas pour assister à un sommet du Mercosur, compte solliciter le soutien de ses homologues latino-américains à l'Argentine dans son bras de fer avec les fonds «vautours».

Selon les observateurs, l'exécution de la décision de la justice américaine pourrait encourager les autres créanciers ayant accepté une décote de 70% de la dette argentine, à réclamer le remboursement intégral des prêts accordés à ce pays.

La troisième économie de l'Amérique latine, en proie à une baisse sans précédent de ses réserves en devises, pourrait ainsi se voir contrainte à rembourser plus de 100 milliards de dollars supplémentaires aux bailleurs de fonds privés, en vertu de la clause dite RUFO (Rights Upon Future Offers) par laquelle l'Argentine s'est engagée à accorder un traitement égalitaire à tous ses créanciers privés.

Dans le cas contraire, si l'Argentine ne rembourse pas les fonds «vautours», elle sera de nouveau en défaut de paiement avec de lourdes conséquences économiques, estiment plusieurs analystes argentins.

La principale conséquence devrait être une aggravation de la récession. Le cabinet de conseil économique argentin Abeceb prévoit une baisse de 3,5% du PIB et anticipe une fuite des capitaux étrangers et une hausse de l'inflation qui pourrait atteindre 41% à la fin de 2014.

D'autres cabinets d'études économiques indépendants s'attendent à une nouvelle dégradation de la note souveraine de l'Argentine par les principales agences de notation financière internationales. 

Lisez nos e-Papers