Menu
Search
Jeudi 25 Avril 2024
S'abonner
close
Jeudi 25 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Fête du Trône 2004

L'aquaculture menace la sécurité alimentaire

Saumon, cabillaud, daurade... : de nombreux poissons d'élevage sont nourris avec de la farine d'autres poissons moins prisés des consommateurs, comme les sardines et les anchois, au risque de mettre en péril la sécurité alimentaire de populations dans les pays en voie de développement, accuse mardi l'ONG Bloom.

L'aquaculture menace la sécurité alimentaire
Entre 1950 et 2013, 25% des captures de poissons dans le monde ont été réduites en farine et en huile, selon l'ONG Bloom. Ph : DR

«Entre 1950 et 2013, 25% des captures de poissons dans le monde (...) ont été réduites en farine et en huile», indique l'association française dans un rapport intitulé «Le côté obscur de l'aquaculture», réalisé avec deux universitaires canadiens, Megan Bailey (Dalhousie University) et Tim Cashion (University of British Columbia).

«Actuellement, c'est 20%», précise à la presse Frédéric Le Manach, directeur scientifique de Bloom, notamment parce qu'une part croissante de la farine ou de l'huile provient désormais de déchets de poisson.

En Europe, «il y a eu de grands changements», selon un professionnel français de l'aquaculture qui a requis l'anonymat : «Il y a 15 ans, on mettait 50 à 60% de produits de poisson dans les aliments, à ce jour, on est à moins de 20%».

Bloom craint cependant une reprise à la hausse de l'utilisation de farine dans les années à venir, «notamment à cause de l'essor de l'aquaculture en Asie où les éleveurs se sont rendus compte qu'en mettant du poisson dans la nourriture des poissons d'élevage herbivores, ils avaient meilleur goût et grossissaient plus vite», indique Frédéric Le Manach.

«L'aspect le plus scandaleux et problématique» de la pêche minotière, c'est que «90% des espèces ciblées pour être réduites en farine sont comestibles», souligne Claire Nouvian, présidente de Bloom.

Les navires, souvent des bateaux-usines, entrent «en concurrence directe avec les pêcheries vivrières locales», notamment en Afrique de l'Ouest, posant «une grave menace» sur la sécurité alimentaire des populations locales, souligne l'ONG.

D'autant qu'«il faut quatre kilos de poisson sauvage pour faire un kilo de poisson d'élevage», souligne Claire Nouvian.

Les volumes pêchés sont donc «absolument phénoménaux» pour alimenter une aquaculture qui fournit désormais près de 50% du poisson consommé dans le monde, ajoute-t-elle.

Selon Bloom, l'aquaculture est la principale utilisatrice des farines de poisson (environ 57% de la production mondiale), devant l'élevage de porcs (22%), le secteur avicole (14%), le reste étant utilisé pour l'alimentation d'animaux domestiques ou de visons.

La pêche minotière a aussi «des conséquences dramatiques» sur les écosystèmes, déplore l'ONG.

Les petits poissons capturés sont en effet des «poissons fourrage» dont se nourrissent de nombreux prédateurs (autres poissons, oiseaux de mer, mammifères marins).

Lisez nos e-Papers