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Habboub Cherkaoui, le directeur du BCIJ, à cœur ouvert avec le Groupe le Matin

Dans un entretien exclusif accordé aux journaux «Le Matin» et «Al Maghribia», Habboub Cherkaoui, le directeur du BCIJ, est remonté aux origines de la stratégie nationale en matière de lutte contre le terrorisme mise sur pied au lendemain des attentats du 16 mai 2003 à Casablanca. Outre le bilan de la lutte antiterroriste, le haut responsable est revenu également sur les enjeux sécuritaire au Sahel, la coopération régionale, la criminalité transfrontalière…

Habboub Cherkaoui, le directeur du BCIJ, à cœur ouvert avec le Groupe le Matin
Habboub Cherkaoui. Ph. Saouri

Habboub Cherkaoui, directeur du Bureau central d'investigations judiciaires (BCIJ), fait le point sur les réalisations de cette structure qui occupe une place prépondérante dans l’architecture sécuritaire du Royaume. Relevant de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), le BCIJ s’est imposé comme le rempart contre les menaces terroristes et toutes les formes de criminalité, aussi bien pour le Maroc que pour son environnement régional. Dans cet entretien exclusif accordé aux journaux «Le Matin» et «Al Maghribia», le haut responsable sécuritaire est remonté aux origines de la stratégie nationale en matière de lutte contre le terrorisme mise sur pied au lendemain des attentats du 16 mai 2003 à Casablanca. M. Cherkaoui revient ainsi en détail sur les multiples dimensions de cette stratégie, dont le volet sécuritaire est un des piliers majeurs. Reposant principalement sur une approche proactive et ayant comme objectif cardinal la prévention, cette stratégie se déploie dans le plein respect de l'État de droit et des principes des droits de l'Homme, souligne le directeur du BCIJ.

Selon lui, le volet sécuritaire de cette stratégie prend appui sur le développement d’un système sécuritaire à même de répondre aux exigences de lutte contre le terrorisme. Il a ainsi déclaré que le BCIJ, mis sur pied le 20 mars 2015, est un maillon essentiel dans la lutte contre le crime terroriste et la criminalité sous toutes ses formes, ajoutant que toutes ses opérations sont menées en coordination avec les services centraux de la Direction générale de la surveillance du territoire. Chiffres à l’appui, M. Cherkaoui revient ainsi sur le bilan des actions menées depuis 2015. Les Bureau central d'investigations judiciaires est parvenu, selon lui, à démanteler 86 cellules terroristes (depuis mars 2015), dont 80 en lien avec l’organisation de Daech et 6 autres acquises à l’idéologie de la nébuleuse Al-Istihlal wal Faye. Ainsi pas moins de 1.401 individus, dont 35 mineurs et 14 femmes, ont été arrêtés et traduits en justice.

En ce qui concerne les opérations de démantèlement effectuées au cours de l’année 2021, elles ont permis de tuer dans l’œuf 4 cellules, suite à quoi quelque 65 personnes ont été déférées devant la justice, dont quatre mineurs. Autant de performances qui ont permis au pays d’éviter de macabres scénarios et dont la réalisation a été rendue possible grâce aux renseignements maîtrisés. D’ailleurs, ces renseignements sont de grande importance, souligne le responsable sécuritaire qui a insisté sur les enjeux décisifs de l’échange des renseignements sur les plans régional et international, pour la lutte contre le terrorisme ainsi que contre le crime organisé (un volet qui représente un autre volet des attributions du BCIJ). À ce niveau, Habboub Cherkaoui, le directeur du Bureau central d'investigations judiciaires, déplore le manque de coopération de l’Algérie dans la lutte contre le terrorisme, notant que cela contribue à créer un climat propice au développement des organisations extrémistes, à cause de la faiblesse de la surveillance et de la coordination sécuritaire dans le Sahel.

Cette Zone qui est devenue un refuge sûr pour ces organisations, bénéficiant également de l'implication du front séparatiste du Polisario dans l’amplification de ce fléau et de ses dangers dans la région, ajoute le même responsable. Et d’ajouter que «l’Algérie n'a jamais coopéré dans la lutte contre cette menace terroriste. Je souligne en tant que sécuritaire que cela représente un grand danger qui pourrait nuire à l'Algérie elle-même. Car cela contribue à la fragilisation de ce mécanisme de coopération, notamment en ce qui concerne la lutte contre le fléau au Sahel, devenu un foyer de tension par excellence». À cet égard, il a assuré que «le Royaume a toujours cherché à renforcer le niveau de coopération, dans la lutte contre le terrorisme, mais le voisin algérien refuse de jouer le jeu». M . Cherkaoui a ainsi noté que le Maroc est conscient de cette lacune et prend toutes les mesures nécessaires pour y remédier. «Que l'Algérie coopère ou non, nous redoublons d'efforts, en recherchant et en trouvant des solutions alternatives via la coopération avec l’ensemble des partenaires. Si l’Algérie accepte de coopérer, ce sera une bonne chose. Mais si elle ne le fait pas, cela ne va pas nous empêcher de poursuivre notre stratégie nationale et ne va pas non plus nous amener à reculer face à ce phénomène», précise-t-il.

Décrivant plus amplement les dangers de cette menace, Habboub Cherkaoui a expliqué que la proximité géographique de la zone du Sahel, dans les circonstances de tension que vit la région, représente un grand défi pour le Maroc, et ce en raison de sa situation stratégique et de sa profondeur en Afrique. Ainsi, selon lui, le danger s’amplifie à cause des «Moukhayamat» (camps de Tindouf), d'autant plus qu’une grande partie des jeunes du Front Polisario ont pu rejoindre les rangs des organisations terroristes où ils sont devenus très actifs, avertit-il. Un danger inquiétant sachant que les données montrent qu’il y a au moins quelque 100 jeunes issus des Mokhayamat qui ont été recensés au sein des organisations terroristes, affirme-t-il. Dans ce cadre, il a noté la collusion du Front séparatiste avec les groupes terroristes, précisant qu’il existe des connexions et des intérêts communs entre les chefs des organisations terroristes et ceux des mafias du crime organisé. Par ailleurs, le directeur du BCIJ est revenu sur d’autres sujets, notamment les efforts déployés pour faire face au crime organisé. Il a également mis le doigt sur la problématique des combattants revenant des zones de combat et surtout les femmes et les enfants dont le statut civil est difficile à régler. Vous pouvez retrouver bien d’autres détails des activités du BCIJ dans l’entretien intégral qui sera publié dans nos prochaines éditions.
 

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