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Le Matin : C’est votre première visite au Maroc. Quelles sont vos impressions ?
Heo Tae-jeong : Je suis extrêmement heureux de réaliser l’un de mes plus beaux rêves qui est celui de visiter le Maroc. Nous les Coréens avons une grande admiration pour ce beau pays que nous considérons comme le centre culturel et économique du continent africain. J’ai eu le plaisir de visiter la capitale Rabat, Marrakech et Casablanca et j’ai pu constater de visu cette harmonie entre l’authenticité et la modernité dans les divers domaines. J’ai été impressionné par cette atmosphère que dégage la place Jemaa El Fna, classée patrimoine culturel de l’humanité par l’Unesco. J’ai aussi beaucoup admiré les ruelles de la ville ocre pleines d’énergie et d’activités, notamment artisanales. Je me suis également rendu aux Jardins Majorelles, un espace d’émerveillement. À Casablanca, j’ai eu l’occasion de visiter la Corniche qui offre une vue imprenable sur l’océan Atlantique.
Quel a été l’objectif principal de votre visite au Maroc en votre qualité de maire de Daejeon et quels sont les sujets d’intérêt commun que vous avez abordés avec vos interlocuteurs de la mairie de Casablanca ?
Je voudrais tout d’abord adresser mes vifs remerciements à Mohamed Boudra, président de Cités et gouvernements locaux unis (CGLU), et Nabila Rmili, maire de Casablanca, pour l’accueil chaleureux qu’ils nous ont réservé. Je voudrais souligner, à cet effet, que nous avons porté notre choix sur le Maroc comme premier pays que nous avons décidé de visiter. Le premier objectif de ma visite au Royaume est d’assurer le succès du grand événement CGLU 2022 qui aura lieu dans notre ville Daejeon. Pour cette raison, nous avons eu une rencontre avec le président du CGLU et nous avons opéré une visite aux locaux du CGLU-Afrique. Les responsables marocains que nous avons eus le plaisir de rencontrer nous ont assurés de leur soutien pour contribuer à la réussite de cet événement mondial. Nous espérons lors de la tenue du CGLU discuter avec les responsables et acteurs marocains concernés de différents sujets d’intérêt commun, notamment de la question de la reprise économique post-Covid. Nous espérons aussi aborder la problématique du changement climatique et les propositions de solutions à y apporter. Ces sujets et d’autres seront à l’ordre du jour de ce rassemblement international. Nous avons d’ailleurs constaté chez nos interlocuteurs marocains, responsables administratifs, élus et représentants d’ONG de Casablanca une forte volonté de développer les relations bilatérales entre nos deux pays et nos deux villes, plus particulièrement dans les domaines de la science et de la technologie. Nous avons pu exprimer, lors de ces différentes rencontres, notre volonté de partager notre expérience pour contribuer au processus de développement du Maroc dans divers secteurs, telle que celui de l’industrie automobile. Concernant ces échanges et cette coopération économique et culturelle entre nos deux pays, nous nous engageons en tant que mairie de Daejeon d’y apporter notre soutien et notre contribution.
Quels rôles peuvent jouer les mairies de Daejeon et Casablanca en vue de renforcer davantage les relations bilatérales entre les deux pays ?
Nos ambassades respectives s’activent à développer davantage nos relations multisectorielles. Concernant, les rapports entre collectivités territoriales, comme c’est le cas entre Daejeon et Casablanca nous allons déployer tous nos efforts pour les raffermir, c’est d’ailleurs ce que j’ai ressenti et constaté aussi chez nos partenaires marocains.
Nous constatons ces dernières années un engouement mondial grandissant pour la culture coréenne, notamment le K-Pop. Les Marocains s’intéressent de plus en plus à cette riche culture, plus particulièrement les jeunes. Nous voudrions que vous parliez un peu de cet héritage ancestral ?
La force de notre culture se manifeste tout d’abord au niveau de notre écriture et notre propre langue, par lesquelles nous avons pu renforcer notre culture. Le deuxième facteur est celui de l’éducation à laquelle notre pays accorde une place centrale. En plus, nous sommes un pays très ouvert sur le monde. Pour ces différentes raisons et d’autres, notre culture a eu un écho favorable sur le plan international. D’un autre côté, la Corée du Sud a beaucoup investi dans le domaine culturel ce qui a largement contribué à son rayonnement international. Je citerai à cet égard, la musique du K-Pop qui a eu un franc succès auprès de la jeunesse mondiale, je citerai, à titre d’exemple, le célèbre groupe musical BTS.
Le Maroc est considéré comme l’un des pays les plus développés aux niveaux régional et international dans des domaines tels que les énergies renouvelables, l’industrie automobile et aérienne et les nouvelles technologies. La ville de Daejeon a amorcé la quatrième révolution industrielle. Est-ce qu’il y a des possibilités de coopération entre votre ville dynamique et d’autres villes marocaines ?
Notre ville dispose d’un nombre important d’instituts de recherche scientifique et technologique. Grâce à cette infrastructure, la ville de Daejeon a pu aborder sa quatrième révolution industrielle, ce qui s’est positivement répercuté sur notre développement, notamment dans les secteurs de biotechnologie, de la santé, des nouvelles technologies, de la robotique, de l’électronique, etc. Pour toute coopération dans ces domaines que j’ai évoqués, notre ambassade à Rabat dispose d’informations détaillées que nous mettons à la disposition de nos partenaires marocains.
En tant que maire de Daejeon, pouvez-vous nous parler de l’expérience coréenne en matière de démocratie locale, ainsi que des efforts déployés par votre mairie pour l’ancrage de la démocratie de proximité ?
Avant d’aborder ce sujet, je voudrais parler un peu de notre Histoire. Comme vous pouvez le savoir, notre pays a beaucoup souffert des affres de la Seconde Guerre mondiale et de ce qu’appellent les historiens la guerre de Corée entre le Nord et le Sud qui s’est déclenchée le 25 juin 1950. Après cette douloureuse séquence historique, l’ensemble des Coréens ont décidé de resserrer les rangs et de conjuguer leurs efforts en s’érigeant comme une seule entité pour travailler et relever les défis du développement. Même le processus démocratique a été effectué de manière graduelle. À partir des années 1990, notre pays a opté pour la régionalisation, la décentralisation et le renforcement des prérogatives des collectivités territoriales. À travers ces réformes nos régions et nos assemblées locales élues jouissent d’une grande autonomie. Un choix démocratique qui a permis aux citoyens coréens d’être très impliqués dans la gestion de la chose publique locale et grâce auquel notre système de gestion se caractérise par une grande transparence. Avant de conclure, je voudrais souligner que ma visite au Maroc comme je l’ai évoqué auparavant est un rêve qui se réalise. J’ai découvert un beau pays qui se développe à une grande cadence et les villes où je me suis rendu sont plus grandes et très bien organisées que ce que j’imaginais. Ce qui est pour moi une source d’admiration. L’assemblée générale de la CGLU, qui se tiendra l’année prochaine à Daejeon, sera pour nous une autre occasion pour renforcer les liens entre l’Afrique et la Corée, et le Maroc aura un rôle important à jouer à cet effet. Nous ne ménageons aucun effort pour contribuer au renforcement des liens d’amitié entre nos deux pays. Je saisis cette occasion pour exprimer mon souhait d’une forte participation des représentants et des acteurs concernés de Casablanca et du Maroc à ce grand rendez-vous mondial.
