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Mehdi Karkouri : «Nous prolongeons la campagne de dépistage du VIH jusqu’à fin décembre pour rattraper le retard dû à la pandémie »

Depuis sa création, l’Association de lutte contre le sida (ALCS) a joué un rôle essentiel dans la lutte contre cette épidémie au Maroc. Il s’agit, en effet, de la première et la plus importante association de lutte contre le VIH dans le pays et dans la région MENA. Elle œuvre depuis des années pour améliorer l’accès au traitement mais aussi au diagnostic de cette maladie. À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida (1er décembre), Mehdi Karkouri, président de l’ALCS, nous parle des différentes réalisations de l’association et comment cette dernière a pu adapter ses actions au contexte sanitaire suite à la pandémie Covid-19.

Mehdi Karkouri : «Nous prolongeons la campagne de dépistage du VIH jusqu’à fin décembre pour rattraper le retard dû à la pandémie »
Mehdi Karkouri.

Le Matin : L’ONUSIDA a déclaré que la pandémie Covid-19 a fragilisé la riposte au sida. Comment les personnes vivant avec le VIH au Maroc ont-elles vécu cette période ?
Mehdi Karkouri :
La crise sanitaire liée à la Covid-19 a fortement perturbé les services de prévention, de dépistage mais aussi de prise en charge. Pendant le confinement, un grand nombre de personnes vivant avec le VIH n’étaient pas en mesure de se déplacer vers les centres de prise en charge afin de recevoir leur traitement antirétroviral (ARV). Or, pour rester efficace, tout traitement antirétroviral doit être pris sans interruption. C’est la raison pour laquelle l’ALCS, en collaboration avec le ministère de la Santé et de la protection sociale, a organisé la dispensation des ARV pendant toute la durée du confinement. Au total, 2.793 personnes vivant avec le VIH, dont 21 détenus et 35 ressortissants étrangers, ont bénéficié de ce service. Nous sommes particulièrement fiers d’avoir réussi à rapprocher encore plus nos services de nos bénéficiaires pendant cette période éprouvante.

Comment pouvez-vous décrire la situation des personnes séropositives au Maroc ?

Selon les chiffres du ministère de la Santé, 22.000 personnes vivent avec le VIH au Maroc, dont 17.000 prennent un traitement antirétroviral à fin 2020. Ces personnes sont le plus souvent issues des franges les plus vulnérables de la société. Leur vulnérabilité sociale et économique est accentuée notamment par la stigmatisation et la discrimination dont elles sont victimes ainsi que par l’exclusion d’une grande partie d’entre elles du système de couverture sociale. Aujourd’hui, la persistance de la pandémie de Covid-19 aggrave les inégalités qui caractérisent depuis longtemps l’épidémie de VIH.

Comment l’ALCS contribue-t-elle au Plan stratégique national de lutte contre le sida ?

Le Plan stratégique national de lutte contre le sida est en cohérence avec la stratégie du triple objectif 95-95-95 de l’ONUSIDA et la stratégie mondiale du secteur de la santé 2016-2021, deux stratégies qui convergent vers l’atteinte de la fin de l’épidémie du sida à l’horizon 2030.
L’ALCS a largement contribué à la mise en œuvre de tous les plans stratégiques nationaux de lutte contre le sida, notamment en matière de prévention, de dépistage et d’appui à la prise en charge des personnes vivant avec ce virus. Véritable locomotive dans le domaine de la lutte contre le sida au Maroc, elle réalise, à elle seule, près de 60% des objectifs nationaux en matière de couverture des besoins de prévention des populations les plus exposées aux risques d’infection par le VIH.

Quelles sont les autres actions de l’ALCS pour lutter contre le sida au Maroc ?

Des avancées notables ont été réalisées en matière de lutte contre le VIH. Cela dit, les populations vulnérables sont toujours plus susceptibles d’être exposées au VIH et confrontées à la violence, à la stigmatisation, à la discrimination, ainsi qu’à des facteurs qui entravent leur accès aux services de prévention, de dépistage et de prise en charge. Elles le sont encore plus pendant la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19. L’ALCS se félicite d’avoir élaboré le plan stratégique 2019-2023, véritable outil opérationnel de mise en œuvre permettant de participer au mouvement mondial pour l’élimination du VIH et de contribuer et d’agir pour l’atteinte des 95/95/95 à l’horizon 2030. Novateur et pragmatique, ce plan stratégique est adapté au contexte et à la dynamique de l’épidémie de VIH au Maroc. En mettant en œuvre de nouvelles approches, de nouvelles stratégies et de nouvelles collaborations, l’ALCS traduit concrètement les options du plan stratégique en progrès pour la santé des personnes vivant avec le VIH et des autres populations vulnérables.
En premier, tout en renforçant ses approches communautaire et partenariale innovantes dans la mise en œuvre de son plan stratégique, l’ALCS s’attelle à prendre part de manière efficiente à la prévention et à la dynamique nationale pour la réduction des nouvelles infections liées au VIH. En deuxième lieu, l’association met tout en œuvre afin d’optimiser sa contribution en matière d’accès et de rétention dans les soins des personnes vivant avec le VIH. Enfin, l’association contribue activement à lever les obstacles liés à l’accès à la prévention et aux soins des PVVIH et populations clés selon une approche santé respectueuse des droits humains dans leur universalité constitue une autre priorité de l’association.

Quelles sont les actions prévues par l’ALCS pour la célébration de la Journée mondiale contre le sida ?

Notre activité phare est la poursuite de la campagne de dépistage lancée le 22 novembre que nous prolongeons jusqu’à fin décembre afin de rattraper la baisse du dépistage due à la pandémie de la Covid-19. Nous avons déployé 70 conseillers communautaires et une centaine de bénévoles dans 50 sites dans toutes les villes du Royaume.
En parallèle, nous persévérons dans notre plaidoyer pour l’inclusion des personnes les plus vulnérables aux épidémies dans le projet de protection sociale en cours de mise en œuvre. En plus de toutes nos activités de promotion des dernières innovations biomédicales, comme la PreP par exemple.
Enfin, dans une vingtaine de villes, et en partenariat avec la Direction de la population du ministère de la Santé et de la protection sociale, nous menons une vaste campagne de sensibilisation dans les universités dans le cadre du programme de prévention en santé scolaire et universitaire (lire ci-contre).

Propos recueillis par Hajjar El Haiti 

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