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Pas de souveraineté numérique sans un citoyen du numérique

Pas de souveraineté numérique sans un citoyen du numérique
Ph : Sradni

Aujourd’hui plus que jamais, la question de la souveraineté numérique fait couler beaucoup d’encre de par ses enjeux politiques, économiques et sociétaux. Il s’agit d’un défi majeur pour le Maroc qui nécessite un traitement global et stratégique et qui ne doit surtout pas être appréhendé avec des notions du passé ni être associé à l’enfermement. Mais avant tout, il faut garantir une société de citoyens du numérique pour pouvoir assurer une souveraineté numérique.  

«La problématique qui se pose aujourd’hui est celle de l’individu : comment faire que l’individu soit un citoyen du numérique et non un simple consommateur du numérique», relève Omar Seghrouchni, président de la Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel (CNDP). Intervenant lors de la troisième Matinale du Cycle de conférences du Groupe Le Matin, placée sous le thème : «Souveraineté numérique & cybersécurité : enjeux de la transformation digitale», le responsable a beaucoup insisté sur cette dimension humaine qui, pour lui, constitue l’enjeu principal. «Dès lors qu’on sera à même de garantir une société de citoyens du numérique, il serait plus simple pour les Etats de faire évoluer leurs prérogatives afin d’assurer la dimension de souveraineté», a-t-il affirmé.

Mais attention ! Viser une souveraineté absolue serait une erreur. «Le but est de pouvoir assurer une souveraineté relative car la souveraineté à cent pour cent n’existe pas», signale Omar Seghrouchni. «Il ne faudra pas l’appréhender de façon statique car on ne peut pas maîtrise toute la chaîne. Peut-être qu’on pourra maîtriser le mouvement, la capacité de changer de fournisseur, le fait d’être pris en otage d’un paradigme technologique… mais il n’est pas sérieux ni raisonnable de se dire qu’on pourra maîtriser toute la chaîne», a-t-il insisté.

La souveraineté numérique est aussi une question d’infrastructures, mais pas uniquement. «Il ne suffit pas d’avoir quelques datacenters sur le territoire marocain et une offre de Cloud locale pour s’autoproclamer souverain sur le plan numérique. Il faut traiter l’ensemble des éléments essentiels de la chaîne de valeurs du numérique», a indiqué de son côté Ali El Azzouzi, directeur général de Dataprotect. Parmi ces éléments, il y a les ressources humaines qui jouent le rôle de pivot. «On ne peut pas non plus parler de Souveraineté numérique si nous ne produisons pas suffisamment de ressources humaines», a-t-il déploré.

«Je crois qu’il faut travailler cette ‘’indépendance’’ petit à petit, avoir un impact sur le monde digital, pouvoir être influent», a indiqué Abdellah Marrakchi, Head Of Sales Sage Afrique du Nord. Pour ce faire, a-t-il ajouté, trois prérequis doivent être pris en compte : être conscients de l’état des lieux, changer de Mind Set et favoriser l’inclusion. «Être souverain numériquement, c’est être libre de ses choix. Aujourd’hui, le constat est qu’on est loin de cette ambition. Donc, il faut être conscient du trajet à faire et il faut beaucoup de moyens pour y arriver», a-t-il développé. Pour ce qui est du deuxième prérequis, M. Marrakchi a souligné que la crise a permis d’instituer un nouvel état d’esprit en matière de numérique et qu’il faudra pousser encore plus la dynamique enclenchée. Au sujet de l’inclusion, le responsable a expliqué que la souveraineté numérique est un projet de Nation qui en appelle à l’implication de toutes les parties. «Il faut qu’on passe de consommateurs à consommacteurs», a-t-il affirmé.

Souveraineté numérique & Alliances : De l’indépendance dans l’interdépendance

Quand on parle de souveraineté numérique, on ne peut occulter la question des alliances qui se pose avec acuité. A ce sujet, Omar Seghouchni a déclaré à juste titre qu’on ne peut pas tout faire tout seul et que tisser des alliances est nécessaire pour pouvoir aller de l’avant. Il faut s’inscrire dans une logique d’indépendance dans l’interdépendance, a-t-il dit.

Ahmed Saihi, IBM Security Channel Sales Leader Nord et Ouest Afrique, pense pour sa part qu’il faut rester ouvert à toutes les alliances alors que Ali El Azzouzi recommande de miser plutôt sur les pays avec lesquels le Maroc possède des affinités notamment en matière de législation, tels que les pays européens. Abdellah Marrakchi, lui, est convaincu qu’en matière d’alliances, il est surtout impératif de sortir d’une logique binaire.

«Mais avant d’aller dans des alliances, il faut qu’on soit prêt, qu’on soit éligibles à ces alliances», a fait remarquer Mohamed Saâd, président de l'Association des utilisateurs des systèmes d'information au Maroc (AUSIM). «Nous sommes en train de construire cette éligibilité pour pouvoir prétendre à une alliance soit avec une Europe élargie, soit dans une Afrique du Nord subsaharienne pour qu’on puisse atteindre une taille critique africaine et faire face aux Gafa», a-t-il indiqué.

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