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Ouahbi : Le gouvernement travaille au détriment de l'aspect politique et médiatique

Nos ministres traitent les dossiers en adoptant une approche technique et en omettant l'aspect politique et médiatique», a concédé Abdellatif Ouahbi, SG du PAM. Invité de l'émission «Noqta ila satr» de la chaîne Al Oula, le ministre de la Justice a reconnu un déficit de communication chez le gouvernement. M. Ouahbi a réfuté les accusations d’hégémonisme portées contre la majorité. «La majorité gouvernementale n’est pas hégémonique, mais homogène», a-t-il fait savoir.

Ouahbi : Le gouvernement travaille au détriment de l'aspect politique et médiatique
Abdellatif Ouahbi.

Invité de l'émission «Noqta ila satr» de la chaîne Al Oula, le ministre de la Justice et secrétaire général du Parti authenticité et modernité (PAM), Abdellatif Ouahbi, bien fidèle à sa tournure d'esprit, est revenu sur plusieurs points ayant fait l'actualité depuis la prise de fonction du nouveau gouvernement. À son avis, la conjoncture internationale a desservi l’Exécutif qui se voit engagé dans une course contre la montre pour relever de nombreux défis d’ordre économique et social.

«Le gouvernement travaille, mais ne communique pas assez»

«Le gouvernement a eu à gérer des problèmes d'ordre technique dès le départ. De même, la couverture médiatique de plusieurs décisions prises par ce gouvernement laisse à désirer. Je pense qu'il y a effectivement un manquement à ce niveau, qui doit être surmonté. Mais, d'un autre côté, nous nous efforçons d'apporter des réponses aux attentes des citoyens, ce qui mérite une bonne réflexion et préparation. Ce gouvernement, selon M. Ouahbi, fait un travail substantiel, mais, en revanche, ne communique pas suffisamment avec les médias.»

«Action gouvernementale : l’approche technique prime l'aspect politique»

D'autre part, et tout en reconnaissant qu'il y a un déficit de communication avec les citoyens, M. Ouahbi n'a pas manqué de tacler au passage l'opposition sur ce point, en l'appelant à «investir le terrain». «Ainsi, ils vont nous provoquer pour avoir des réactions», a-t-il commenté. Et d'ajouter : «nos ministres traitent les dossiers en adoptant une approche technique au détriment de l'aspect politique et médiatique. Mais je pense que nous sommes dans les six premiers mois et nous essayons de structurer notre façon de travailler. En arrivant dans nos départements respectifs, nous avons trouvé des dossiers en attente auxquels se sont ajoutés de nouveaux dossiers». En réponse à la question de savoir pourquoi la troïka gouvernementale ne communique pas aussi intensément qu'elle l'avait fait pendant la campagne électorale, M. Ouahbi a rétorqué que la campagne électorale a sa spécificité et la grande communication qui se fait durant cette période ne pourra pas être maintenue à la même cadence.

«La majorité gouvernementale n’est pas hégémonique, mais homogène»

Aux accusations de l'opposition sur la tendance hégémonique de ce gouvernement et sa carence en termes de substance politique, M. Ouahbi a répliqué que cela «demeurait son appréciation des choses». «Je ne trouve pas que la majorité gouvernementale se montre hégémonique. Ce qui est nouveau dans la scène politique marocaine est que ce gouvernement est composé de trois partis présentant une grande homogénéité (contrairement aux anciennes coalitions constituées de 6 ou 7 partis)», a fait savoir l’homme politique. Et de poursuivre que «la présence de trois partis seulement au gouvernement leur fait peur. La présence de trois partis dans le gouvernement marocain d'aujourd'hui reflète l'évolution de la façon de penser la politique et du processus démocratique au gouvernement».

«La classe moyenne doit s'engager dans l'action politique»

Commentant la qualité des débats au Parlement, M. Ouahbi a souligné que le plus important est qu'il y ait un processus de vote et un débat. Mais pour élever la qualité de ce débat, il est nécessaire que la classe moyenne, instruite et cultivée, s'engage dans l'action politique. Il faut que cette classe perce les partis politiques, a-t-il dit, ajoutant que le désamour de cette classe pour la chose politique s'explique par la faiblesse des partis politiques. Et d'affirmer : «mon rôle, en tant que parti politique, ne consiste pas à affaiblir l'opposition, mais au contraire à faire en sorte de la renforcer». «Mon rôle est de faire évoluer les partis politiques. J'en ai discuté avec M. Aziz Akhannouch à plusieurs reprises. Je veux que l'USFP trouve sa place. C'est l'école où j'ai appris la politique avant de rejoindre le PAM. Le PPS est un parti qui a une histoire de 70 ou 80 ans. Le PJD représente une catégorie sociale et politique et doit continuer à le faire. Le MP est un parti ayant des ancrages amazighs et ruraux. Toutes ces représentativités doivent figurer dans le paysage politique», a souligné M. Ouahbi.

«Il ne peut y avoir d'État démocratique sans partis politiques»

À la question de savoir comment renforcer ces partis politiques, M. Ouahbi a indiqué qu'il est nécessaire de les doter de ressources financières afin qu'ils puissent s'acquitter de leurs missions. «J'ai cette conviction que ce sont les partis qui renforcent l'État quand il y a du trouble, et quand ceux-ci s'affaiblissent, l'État intervient pour les soutenir. Il ne peut y avoir d'État démocratique sans partis politiques», a-t-il soutenu. «J'appelle à une réflexion pour donner un plus grand rôle aux partis politiques. Moi, au Parlement, je réponds présent chaque fois qu'un parti m'invite à une de ses conférences ou commissions. Et quand on me pose une question d'actualité, j'y réponds de suite, car je suis conscient que mon rôle est de faire avancer celui des partis au Parlement», a encore assuré M. Ouahbi.

«Les turbulences que traversent les sociétés sont positives»

Parlant toujours du désintérêt de la classe moyenne pour la politique, M. Ouahbi a expliqué que la vie des sociétés est émaillée de soubresauts sur lesquels il faut porter un regard positif et non négatif. «Dans les années soixante-dix du siècle dernier et jusqu'à l'avènement du gouvernement d'Abderrahmane Youssoufi, c'est l'USFP qui était la force politique prédominante. Par la suite, il y a eu l'expérience des islamistes de 2011 à 2021. Qui sont ces derniers ? Ce sont les fils de ceux qui soutenaient l'USFP précédemment. Ces changements que connaissent les sociétés sont plutôt positifs, dans la mesure où ils conduisent à des évolutions. Aujourd'hui, le temps est à la pensée libérale et moderniste, et à l'État social. C'est donc une autre étape politique que nous vivons», a dit M. Ouahbi, ajoutant que «personne ne sait de quoi demain sera fait : allons-nous redevenir conservateurs ou socialistes ? Pourtant, je reste optimiste face à tous les scénarios, comme il existe des constantes et un État au sein duquel nous agissons».

«La lutte contre la corruption est du ressort des institutions et non de la société civile»

En réponse à une question sur l'interdiction aux associations de protection des deniers publics de déposer des plaintes contre les élus, M. Ouahbi a fait savoir que la lutte contre la corruption est du ressort des institutions. Le ministre de la Justice a dit également vouloir mettre un terme aux plaintes déposées de mauvaise foi ou pour faire chanter des individus, arguant qu'il entend éviter de traîner des innocents pendant des années devant les tribunaux.

Vers la pénalisation des injures proférées sur les réseaux sociaux

Sur un autre registre, M. Ouahbi a fait part de son intention d'introduire dans le nouveau Code pénal des dispositions criminalisant les injures et les outrages faits sur les réseaux sociaux. Bien qu'il affirme qu'il est tout à fait normal de critiquer quelqu'un, M. Ouahbi a assuré qu'il veillerait à durcir les sanctions infligées pour les insultes formulées sur les réseaux sociaux.

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