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Ce qu'a dit Christiane Taubira sur le rôle du droit pour faire évoluer le monde

«La question du droit est essentielle pour comprendre comment nous pouvons modeler le monde, le faire comme nous le voulons, en tant que cadre général qui définit la notion de vivre ensemble». Ce sont les mots de l’ancienne garde des Sceaux, ministre de la Justice française, Christiane Taubira, qui s’exprimait sur le rôle du droit et des politiques pour faire évoluer le monde qui, selon elle, offre aujourd’hui d’énormes opportunités, mais présente également des défis colossaux aux jeunes générations.

Ce qu'a dit Christiane Taubira sur le rôle du droit pour faire évoluer le monde

Invitée d’une rencontre organisée par l’Université Hassan II de Casablanca en partenariat avec l’Institut français de Casablanca, sous le thème «Droit et politique au service d’un autre monde ?» Mme Taubira a fait remarquer en introduction que «la question de savoir ce que le droit et la politique pourraient faire pour transformer le monde sous-entend que nous ne trouvons pas de satisfaction à vivre dans un monde qui est devenu pourtant à notre portée, accessible, visible et audible en permanence avec une grande facilité». «Je crois que pour accéder à l’autre, il faut de l’attention, un peu d’effort, pour vraiment aller à sa rencontre et pas seulement s’habituer à sa présence», a-t-elle enchaîné, ajoutant que l’état actuel du monde n’est peut-être pas satisfaisant, «même s’il offre aux jeunes générations d’immenses opportunités que les anciennes n’ont pas eues», et que «ces nouvelles générations sont en revanche  confrontées à des défis colossaux que leurs aînés n’ont pas eu à affronter».

Sur la question du droit et de la politique, Mme Taubira a souligné que «s’interroger sur le droit et la politique revient simplement à s’interroger sur la manière de faire société, qu’elle soit nationale, infranationale, régionale et même mondiale» et pour y parvenir il n’y a pas trois voies : «il y a soit le droit, soit la force», a-t-elle affirmé. Le droit, précise-t-elle, «est un ensemble de règles élaborées dont nous avons connaissance, et que, si nous trouvons qu’elles ne sont pas satisfaisantes, nous pouvons nous organiser et nous mobiliser ensemble pour les changer. Mais les transgresser individuellement n’a pas beaucoup de sens ni d’efficacité, alors que s’allier, se solidariser pour les changer est une façon tout à fait démocratique de participer à la vie de sa Nation». Le droit existe donc dans toutes les sociétés.

«Nous sommes plutôt habitués au droit positif où l’on distingue deux grandes branches : le droit continental (fait de codes bien élaborés) et la Common Law (reposant sur la jurisprudence)», a dit Mme Taubira, faisant observer qu’«on oublie un autre droit qui existe, qui est important, et qui a précédé ces deux droits, à savoir le droit coutumier et qui est même au fondement du droit international». Mais en tout état de cause, poursuit-elle,  et quelle que soit l’époque où on observe les sociétés, «celles-ci tiennent et ont une cohésion à partir de règles qui sont énoncées».

Commentant les déceptions engendrées par des lois qui étaient supposées changer une société, l’ancienne garde des Sceaux, ministre de la Justice française a expliqué que «ces déceptions ont lieu dans les démocraties, car les lois sont faites de compromis». Entre ceux qui veulent aller le plus loin possible, ceux qui ne veulent pas bouger d’un iota et ceux qui disent qu’on peut aller à mi-chemin, «ce qui se passe souvent, c’est qu’on fait les trois quarts du chemin dans les meilleurs cas. Donc, forcément, l’élaboration de règles ou de lois génère des mécontentements et des frustrations», a-t-elle souligné.    

Relations Maroc-France : il y a des efforts à faire de part et d’autre

Interpellée sur les tensions qui marquent les relations entre le Maroc et la France, lesquelles se sont manifestées par la crise des visas où Paris persiste à refuser de délivrer des visas à des Marocains, y compris à de jeunes étudiants, Mme Taubira a indiqué que «quelle que soit la situation, il y a des efforts à faire de part et d’autre». «J’espère que les gouvernements respectifs seront assez raisonnables pour reprendre langue, pour se parler, pour mettre les désaccords sur la table afin de comprendre d’où ils viennent et quelles sont les sources de l’incompréhension et du désaccord réel», a-t-elle dit, ajoutant qu’«on ne vas pas y arriver si chacun se retranche dans son coin et considère que c’est l’autre qui a tort et que c’est à lui de faire l’effort qu’il faut». 

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