La décision d’intégrer les étudiants marocains venus d’Ukraine dans le système public d’enseignement supérieur continue de faire débat. Alors que le gouvernement a annoncé qu’il était en train d’étudier les profils inscrits sur la plateforme de recensement de ces étudiants, l’Organisation démocratique du travail (ODT) vient de lancer un appel pour accélérer leur intégration dans les universités qui correspondent à leur formation. L’ODT incite le gouvernement, et particulièrement le ministère de l’Enseignement supérieur, à prendre en charge des étudiants sans condition.
«Le droit à l’apprentissage est garanti par la Constitution et ne peut être pris en otage pour une quelconque considération. Ces étudiants ont été forcés de suspendre leurs études, il faut donc des mesures exceptionnelles pour gérer cette situation inédite», indique le syndicat dans son communiqué. Concernant le refus exprimé officiellement par les étudiants des Facultés marocaines de médecine d’accueillir leurs homologues venus d’Ukraine, le SG du syndicat dit respecter leur position. «Nous respectons la position des étudiants en médecine qui est justifiée de leur point de vue, mais nous exprimons également notre point de vue en tant qu’acteurs dans la société», note-t-il. Il précise toutefois qu’il est important de ne pas occulter le critère des notes pour garantir l’accès aux Facultés de médecine, mais nous sommes face à une situation exceptionnelle. «Beaucoup d’autres pays ont reçu leurs étudiants forcés de rentrer et les ont intégrés sans condition. Le Maroc doit aller dans le même sens», poursuit le responsable.
De son côté, Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, invite à trouver rapidement une solution pour intégrer ces étudiants victimes de la situation en Ukraine. Il dit comprendre l’argument avancé par les étudiants relatif au manque d’infrastructures et d’établissements d’accueil pour la formation et les stages. Il appelle dans ce sens le gouvernement à trouver des solutions urgentes pour pouvoir répondre à la demande des étudiants rentrés d’Ukraine.
Dr Hamdi rappelle par ailleurs que le Maroc enregistre un manque en termes de ressources humaines dans le domaine de la santé, notamment les médecins. «Le Maroc a besoin de 32.000 médecins supplémentaires. L’intégration des étudiants marocains à l’étranger aurait dû être une option bien avant la guerre. Le Maroc aurait pu combler le manque de personnel médical en attirant les étudiants marocains qui partent à l’étranger», ajoute-t-il. Et de conclure que beaucoup de professeurs en médecine dans le secteur privé sont prêts à accueillir ces étudiants rentrés d’Ukraine au sein des cliniques pour effectuer des stages ou des formations et ne pas perdre les connaissances acquises. Une solution que Dr Hamdi préconise en attendant que le gouvernement trouve des solutions sur le long terme.
Etudiants marocains d'Ukraine : les cabinets du privé prêts à offrir des stages de formation (Dr. Hamdi)
Tout en saisissant les arguments avancés par les opposants à l’intégration des étudiants marocains venus d’Ukraine dans les universités publiques, Dr Tayeb Hamdi rappelle l’urgence de trouver des solutions à cette situation inédite. Il révèle que des médecins du secteur privé sont prêts à accueillir ces étudiants pour des stages de formation dans leurs cliniques ou cabinets.
LE MATIN
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25 Mars 2022
À 18:54